Au procès des violences contre les Femen, jusqu'à un an avec sursis requis

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Par Juliette MONTESSE - Paris (AFP)
Publié le 18 janvier 2018 - 22:27
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Des Femen dans un fourgon de police lors de la manifestation du 18 novembre 2012 à Paris lors d'une manifestation contre le "mariage pour tous"
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© KENZO TRIBOUILLARD / AFP/Archives
Des Femen dans un fourgon de police lors de la manifestation du 18 novembre 2012 à Paris lors d'une manifestation contre le "mariage pour tous"
© KENZO TRIBOUILLARD / AFP/Archives

Les faits remontent à 2012, lors d'une manifestation de catholiques opposés au mariage homosexuel: des peines allant jusqu'à un an avec sursis ont été requises jeudi soir au procès de huit hommes accusés de "violences en réunion" à l'encontre de militantes des Femen.

Ce procès n'est pas "une instance morale, voire politique", mais celui de "violences en réunion", a déclaré la procureure.

Le tribunal correctionnel de Paris se projette depuis mercredi cinq ans en arrière, dans une manifestation contre le "mariage pour tous" organisée le 18 novembre 2012 à Paris par l'institut Civitas, proche des catholiques intégristes.

Les huit prévenus âgés de 27 à 58 ans, parmi lesquels des militants d'extrême droite, sont jugés pour avoir violenté neuf Femen, ainsi qu'une photographe et l'essayiste Caroline Fourest, en début de manifestation.

Selon la représentante de l'accusation, vidéos et témoignages permettent d'établir que six d'entre eux ont participé à ces violences brèves et intenses: elle a demandé contre eux des peines allant de 1.500 euros d'amende avec sursis, pour un colonel à la retraite, à un an de prison avec sursis pour un militant des Jeunesses nationalistes et pour le plus connu des prévenus, Logan Djian, militant d'extrême droite.

Elle a requis la relaxe des deux derniers "au bénéfice du doute".

Les militantes féministes avaient fait irruption dans le cortège seins nus et arborant des slogans tels que "In Gay we Trust" ("Nous croyons en l'homosexualité") ou "Fuck Church" (Aux chiottes l'Eglise), actionnant de petits extincteurs remplis de poudre blanche et estampillés "Holy Sperm" ("saint sperme").

Alors que plusieurs prévenus avaient expliqué s'être sentis agressés, physiquement ou moralement, par cette intrusion, et avaient dénoncé une "provocation", "un acharnement" contre "les symboles du catholicisme, la Vierge Marie, la religieuse, la pudeur", la magistrate a rappelé qu'en l'état actuel du dossier, "ces femmes sont victimes".

- 'Un voile et une culotte' -

"On a l'impression que vous étiez parties au combat", a interrogé un peu plus tôt la présidente du tribunal, s'adressant à trois victimes venues témoigner, toutes ex-militantes des Femen.

- "Est-ce que je partais en guerre, nue, avec un voile et une culotte ?", a répondu, incrédule, l'une des victimes, Sarah Heulin. "C'est des slogans, pas de la violence".

- "Est-ce que vous aviez conscience que ça pouvait être ressenti comme une agression?", a insisté la présidente.

"A aucun moment les Femen n'ont fait preuve de violence", a assuré une autre ex-militante, Valérie Roussel. "Je m'attendais à une forme d'hostilité, mais pas du tout à ça", a abondé Eloïse Bouton.

"Elles voulaient provoquer, mais provoquer un débat sur une question importante", pour Me Michaël Ghnassia, conseil de l'une des Femen.

"Peu importe" que les Femen aient choqué les manifestants, "car dans notre droit il n'existe pas d'excuse de provocation", a renchéri son confrère Tewfik Bouzenoune. "Ce sont des hommes qui courent après des filles nues, c'est-à-dire vulnérables", lesquelles "vont se faire lyncher", a-t-il dénoncé.

Seul l'un d'entre eux a reconnu, et regretté, avoir frappé Caroline Fourest. Tous les autres nient avoir porté des coups ou figurer parmi les agresseurs visibles dans les vidéos de la scène, confuses.

Logan Djian, absent pour raisons de santé, purge actuellement une peine pour des violences aggravées commises lors d'une autre manifestation anti-mariage homosexuel.

La magistrate a espéré qu'à l'avenir, "les combats des uns et des autres pourront être menés dans le respect et sans commettre de violences".

Dans l'après-midi, au cœur de débats tendus, un avocat a demandé à un prévenu d'arrêter "de fixer les parties civiles en faisant le signe de croix".

Le jugement sera rendu vendredi soir ou mis en délibéré.

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