Au procès Troadec, un enregistrement fait ressurgir la haine familiale

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Par Antoine AGASSE - Nantes (AFP)
Publié le 01 juillet 2021 - 19:55
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"Pour des sommes comme ça, on éradique des familles": un enregistrement glaçant de 2014 est venu éclairer, devant la cour d'assises de Loire-Atlantique, la haine familiale ayant conduit trois ans plus
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© Sebastien SALOM-GOMIS / AFP/Archives
"Pour des sommes comme ça, on éradique des familles": un enregistrement glaçant de 2014 est venu éclairer, devant la cour d'assises de Loire-Atlantique, la haine familiale ayant co
© Sebastien SALOM-GOMIS / AFP/Archives

"Pour des sommes comme ça, on éradique des familles": un enregistrement glaçant de 2014 est venu éclairer jeudi, devant la cour d'assises de Loire-Atlantique, la haine familiale ayant conduit trois ans plus tard au quadruple meurtre de la famille Troadec.

Il était attendu depuis plusieurs jours. Cet enregistrement du 5 juillet 2014, réalisé en cachette par Lydie Troadec qui avait dissimulé un dictaphone dans son soutien-gorge, illustre la tension extrême qui régnait alors au sein de la famille Troadec.

Il met en scène les principaux protagonistes de l'affaire: Hubert Caouissin, jugé pour le quadruple meurtre de sa belle-famille, sa coaccusée et ancienne compagne Lydie Troadec, mais aussi le frère de cette dernière Pascal Troadec, sa compagne Brigitte, et enfin Renée Troadec, mère de Pascal et Lydie.

Brigitte et Pascal (49 ans) et leurs enfants Charlotte (18 ans) et Sébastien (21 ans) ont été tués à coups de pied de biche par Hubert Caouissin, à leur domicile d'Orvault, près de Nantes, dans la nuit du 16 au 17 février 2017.

Lors de cette réunion familiale, organisée chez Renée à Guipavas (Finistère), il s'agit d'évoquer le "magot" d'or prétendument volé par Pascal à sa mère Renée, mais dont personne n'a jamais vu la trace. Dès les premières minutes, le ton monte sur les places auxquelles doivent s'asseoir les uns et les autres.

"J'estime que j'ai le droit à la moitié de ce que vous avez pris", annonce Renée à Pascal et Brigitte, dans une ambiance tendue. "Maman, qu'est-ce qu'on t'a piqué?", répond son fils, visiblement interloqué. "Bah, les pièces d'or", répond-elle.

"Soit vous n'y êtes pour rien et vous n'avez rien à craindre. Soit vous avez quelque chose à vous reprocher et alors tant pis pour vous", lâche Hubert Caouissin, qui évoque "quelque chose de fabuleux", qui aurait été caché dans l'immeuble de ses beaux-parents à Brest.

"De quoi changer la vie de tout le monde. Plus personne n'aura besoin de travailler", décrit-il.

- "On nous traite de voleurs!" -

"On nous traite de voleurs!", s'énerve Brigitte. Le ton monte alors très vite, Pascal s'en prenant de manière virulente à Hubert et Lydie. "Pourquoi tu t'énerves si tu n'as rien à te reprocher?", lui demande Lydie. S'ensuit une série de hurlements, de bruits de chaises et de bousculades.

"Tu sais, Pascal, que pour des sommes comme ça, on éradique des familles sans problème, tous, tous, tous...", lance Hubert quelques minutes après, alors que le ton est retombé.

"De quelle source, tu sais qu'il y a de l'or?", lui demande Pascal. "Je le sais", répond Hubert sur un ton très affirmatif. Au bout de trois ans d'enquête, aucun élément n'a permis d'attester l'existence de ce trésor.

"Objectivement, Pascal et Brigitte semblent absolument ne rien comprendre à ce que vous leur racontez", fait remarquer la présidente de la cour d'assises à l'accusé.

"Pour moi, ils font semblant de ne rien comprendre", répond ce dernier à la barre.

Interrogé sur ses paroles menaçantes, l'ancien ouvrier de l'arsenal de Brest affirme qu'il était inquiet que "le fisc" ou "une bande organisée nous tombe dessus". "Je suis inquiet pour nous mais pour eux aussi", assure-t-il.

Et ce fameux trésor, "ça vient de vous M. Caouissin? C'est vous qui posez les questions...", interroge la présidente.

"Non, je ne suis pas d'accord, c'est Renée qui nous a informés", rétorque-t-il.

Ce que cette dernière a confirmé lors d'un témoignage déroutant, par visioconférence depuis Brest. "C'est mon mari, soi-disant, il avait cassé un mur et il l'avait trouvé soi-disant dedans", a raconté la petite femme de 79 ans aux cheveux courts auburn, en ne laissant paraître aucune émotion.

Selon elle, Brigitte et Pascal ont "peut-être" volé ce trésor, qu'elle n'a jamais vu, dans son grenier alors qu'elle était à l'hôpital. Mais il est aussi "possible" que l'or n'ait jamais existé, a-t-elle dit.

"Votre fils Pascal, il vous aimait?", lui demande la présidente. "Je ne pense pas", lâche-t-elle.

Le procès est prévu jusqu'au 9 juillet.

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