Cinquième samedi de mobilisation contre un pass sanitaire "liberticide"

Auteur:
 
Par Romain FONSEGRIVES - Paris (AFP)
Publié le 14 août 2021 - 03:01
Image
Les ministres de la Santé Olivier Véran et de l'Outremer Sébastien Lecornu visient un centre de vaccination Covid à Lamentin, en Martinique, le 12 août 2021
Crédits
© Lionel CHAMOISEAU / AFP
Les ministres de la Santé Olivier Véran et de l'Outremer Sébastien Lecornu visient un centre de vaccination Covid à Lamentin, en Martinique, le 12 août 2021
© Lionel CHAMOISEAU / AFP

De Paris à Marseille et de Lille à Bordeaux, des dizaines de milliers d'opposants au pass sanitaire ont défilé pour le cinquième samedi consécutif contre le dispositif généralisé dans la plupart des lieux publics, une mobilisation légèrement moins suivie que la semaine passée selon les autorités.

Un total de 214.845 personnes ont manifesté partout en France, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, contre 237.000 personnes le week-end dernier, le plus haut du mouvement lancé au coeur de l'été.

Dans la capitale, où les autorités ont décompté 13.900 manifestants, les deux principaux cortèges ont battu le pavé derrière un large éventail de mots d'ordre tels que "libérons la France", "stop coronafolie" ou "reprends ton pass Macron et dégage".

"Il y a une division entre ceux qui ont le pass, et donc des privilèges, et les autres", a dénoncé Béatrice Cazal, 47 ans, qui défilait à l'appel de l'ex-figure du Rassemblement national Florian Philippot et son mouvement des Patriotes.

"Vous êtes encore plus que la semaine dernière. Jamais la France ne s'était levée un 15 août pour sa liberté", s'est enthousiasmé M. Philippot à la fin de la manifestation.

Dans le défilé parisien concurrent organisé par des "gilets jaunes", Yann Fontaine, un clerc de notaire de 30 ans venu de l'Indre, a vu dans le pass sanitaire "une mesure liberticide, ségrégationniste".

Deux cortèges distincts se sont aussi formés à Lyon. "Je ne comprends pas ces demi-mesures sur le pass: obligatoire pour les restaurants, mais pas les relais-routiers, les infirmières mais pas les policiers", y a rouspété Josiane Chaine, une retraitée de 69 ans vaccinée qui "ne supporte plus le mépris du gouvernement".

- "On veut la liberté" -

Au moins 47.700 manifestants, selon la police, ont défilé sans incident samedi dans le Sud-Est, un foyer majeur de contestation. Ils étaient 22.000 à Toulon (19.000 la semaine dernière) et 6.000 à Nice (10.000 le 7 août).

Quelque 7.500 personnes ont défilé à Montpellier, 6.000 à Marseille, 3.000 à Lyon et 2.650 à Lille, une affluence comparable à celle du week-end précédent, et encore 4.200 à Bordeaux, contre 3.300 la semaine passée, selon les préfectures.

Les manifestants accusent le gouvernement de sous-estimer la protestation anti-pass sanitaire. Le collectif militant Le Nombre Jaune a recensé samedi dernier plus de 415.000 participants "minimum".

Son estimation pour ce samedi n'était pas immédiatement disponible.

Sans incident majeur jusque-là, la contestation attire aussi bien familles et primo-manifestants apolitiques que soignants ou pompiers en tenue et dépasse la seule mouvance anti-vaccin ou complotiste.

"On veut savoir ce qu'on nous injecte dans le corps. Cela ne fait pas de nous des écervelés (...) Tout ce qu'on veut, c'est la liberté", a martelé Françoise, conseillère financière de 55 ans, venue manifester à Bordeaux en famille depuis le Périgord.

Depuis lundi, bars, restaurants, cinémas, transports longue distance, musées ou hôpitaux exigent ce pass sanitaire qui témoigne d'une vaccination complète contre le Covid-19, d'un test négatif ou d'un rétablissement face à la maladie.

La quatrième vague de l'épidémie continue de progresser, avec un nombre de patients hospitalisés en hausse samedi à 9.648, dont 1.831 dans un service de soins critiques, selon les derniers chiffres publiés par Santé publique France.

- "De la propagande" -

Une frange de ce mouvement très divers, sans véritable tête, assume son antisémitisme. D'autres manifestants n'hésitent pas à qualifier de "collabos" centres de vaccination ou pharmacies, parfois victimes d'actes de malveillance. Dans les cortèges, le nom du chef de l'Etat est parfois violemment brocardé.

Le préfet de police Didier Lallemant a signalé samedi à la justice des pancartes portant l'inscription "qui ?", un slogan à connotation antisémite repris dans plusieurs défilés ces dernières semaines.

Depuis la Martinique reconfinée, le ministre de la Santé Olivier Véran a fustigé jeudi un mouvement "dont on parle beaucoup trop", et qui arbore "des pancartes extrêmement bariolées et des motifs parfois extrêmement douteux, voire complètement crades."

L'exécutif espère toujours convaincre les indécis pour atteindre l'objectif de 50 millions de Français ayant reçu une première injection à la fin du mois d'août, en brandissant la situation catastrophique aux Antilles comme un repoussoir.

"C'est faux, c'est de la propagande", a rétorqué samedi une manifestante bordelaise, Françoise, 55 ans.

La délivrance de QR codes valant pass sanitaire à la suite d'un test antigénique de dépistage du Covid-19 a par ailleurs encore connu des dysfonctionnements samedi dans les pharmacies, après une panne géante la veille.

Le dialogue de sourds entre manifestants et gouvernement pourrait se poursuivre au-delà des vacances.

A plus de deux semaines de la rentrée scolaire, de nombreux protestataires se sont encore inquiétés samedi d'une hypothétique obligation vaccinale des enfants pour aller à l'école.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.