Expo Miro : l'artiste catalan s'expose au Grand Palais (diaporama)

Auteur(s)
Elsa Taillandier
Publié le 02 octobre 2018 - 18:54
Mis à jour le 03 octobre 2018 - 15:34
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Affiche Miro
Crédits
© Successió Miró / Adagp, Paris 2018 Photo Calder Foundation, New York / Art Resource, NY Design c-album / adaptation Alain Bourdon
Le Grand Palais organise une rétrospective de l'oeuvre de Juan Miro à partir de mercredi 3 octobre.
© Successió Miró / Adagp, Paris 2018 Photo Calder Foundation, New York / Art Resource, NY Design c-album / adaptation Alain Bourdon
Le Grand Palais propose en cette fin d'année une rétrospective de Juan Miro. De ses débuts cubistes à son engagement politique en passant par ses sculptures, l'exposition retrace l'œuvre prolifique de l'artiste catalan.

Une rétrospective de l'œuvre de Juan Miro (1893-1983) est organisée à partir du mercredi 3 octobre et jusqu'au 4 février au Grand Palais à Paris. L'exposition retrace les différentes étapes de la vie artistique du peintre catalan, de ses débuts dans la région de Barcelone à son grand atelier de Palma de Majorque en passant par la grande partie de sa vie à Paris.

Si son immense œuvre surréaliste est aujourd'hui reconnue par tous, l'exposition propose aussi aux visiteurs de découvrir les débuts de l'artiste né à Barcelone en 1893.

Il s'est au début attelé à peindre avec réalisme, tout en empruntant le style cubiste et s'inspirant de Van Gogh dont il lisait les Lettres à Théo entre le printemps 1917 et 1918. En seront issus une série de portraits, comme L'Homme à la Pipe, et même un rare autoportrait exposé dans l'une des premières salles

Cette oeuvre d'une "objectivité absolue" appartenait d'ailleurs à son grand ami Pablo Picasso qui la conservera jusqu'à sa mort.

Liant Cézanne, l'art catalan, le fauvisme ou encore le futurisme italien, Juan Miro n'a jamais perdu de vue son idée première: "assassiner la peinture". L'artiste produira de nombreuses peintures détaillistes, œuvres étonnantes au regard du reste de la production du Catalan.

La Fermière, peinte en 1922 à partir d'un santon car l'agricultrice qui a inspiré le peintre était bien trop occupée pour poser, sera la dernière toile de la période réaliste de Juan Miro. Dès cette année-là, le peintre s'installera à Paris, ville qui l'inspirera tout au long de sa carrière.

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Miro n'a cependant pas été tout de suite reconnu comme étant l'un des plus grands artistes de son époque, en témoigne Le Carnaval d'Arlequin, l'une des toiles majeures de sa période surréaliste. Là, dans son atelier de la rue Blomet, le peintre tentait de capturer les hallucinations dues à la faim dont il était victime.

Il s'est cependant lié d'amitié avec un bon nombre de peintres, comme Pablo Picasso ou André Breton mais aussi avec des poètes comme Tristan Tzara, Antonin Artaud ou Raymond Queneau. Si la poésie surréaliste aura un réel impact sur l'œuvre de Juan Miro, le peintre ne s'est jamais résolu à se revendiquer de ce courant.

Miro travaillera par ailleurs avec de nombreux poètes pour des œuvres communes. Des travaux communs avec Paul Eluard, Tristan Tzara et Lise Hirtz sont d'ailleurs exposés au Grand Palais.

Tenant à tout prix à son indépendance, celui qui détestait "les esprits endormis" veillera à être libre durant toute sa vie. Ainsi Juan Miro disait concevoir ses toiles "comme par un coup de foudre, absolument dégagé du monde extérieur". Travailleur acharné, il passait des heures à peindre ses toiles afin qu'elles soient de moins en moins détaillées, de plus en plus abstraites et à la hauteur de ses attentes.

L'exposition revient aussi sur l'engagement politique de l'artiste. Comme ses contemporains, Juan Miro a été particulièrement touché par la guerre civile espagnole à cause de laquelle il a dû s'exiler en France, puis par la Seconde Guerre mondiale. La montée du fascisme a fait revenir, pour un temps, quelques touches de réalisme dans ses œuvres.

Des visages grimaçants et apeurés sont ainsi apparus sur ses toiles datées du milieu des années 30. "J'essayais de représenter cette atmosphère tragique qui me travaillais et que je sentais en moi", s'est-il justifié par la suite.

Mais Miro ne reviendra jamais aux détails, en témoigne sa série de Constellations qui lui vaudra un franc succès outre-Atlantique. La guerre et le chaos lui permettront aussi de s'essayer à de nouveaux matériaux. Pour obtenir un effet carbonisé sur ses peintures sur masonite, il n'hésitera pas à utiliser du gravier et même du goudron.

Juan Miro a, comme son grand ami Pablo Picasso, participé à l'exposition universelle de Paris en 1936, l'occasion pour les deux artistes et bien d'autres de militer à leur manière pour une Espagne républicaine. Alors que Picasso a dévoilé le célèbre Guernica, Miro, lui, a produit un timbre Aidez l'Espagne ainsi qu'un tableau de sept mètres de hauteur, Le Faucheur, comme œuvre de résistance au fascisme.

Mais Miro s'est aussi essayé à la céramique. Fait rare d'ailleurs: chacune de ses œuvres se révèle être unique, contrairement à nombre de ses confrères qui les produisaient en série.

Travailleur acharné et extrêmement exigeant, Juan Miro atteindra cependant le but ultime qu'il s'était fixé au début de sa carrière: "assassiner la peinture". Son"aboutissement" sera pour lui la série Bleu, ses trois premières œuvres monumentales en 1961. Il continuera pourtant à expérimenter et même à se lancer dans la sculpture, des œuvres faites à partir de divers objets récupérés.

Poète, militant, peintre, sculpteur toujours à la recherche de nouvelles techniques… la rétrospective du Grand Palais s'intéresse à chaque aspect de l'œuvre de Juan Miro, qui est encore aujourd'hui l'un des artistes les plus reconnus de notre temps.

> Miro (du 3 octobre au 4 février)

> Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris (métro Champs-Elysées Clémenceau)

> Tarif: 15 euros (tarif réduit: 10 euros)

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(Voir ci-dessous un diaporama de l'exposition):

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