Le plumassier français Maxime Leroy, un artisan de "haute-voltige"

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France-Soir, avec AFP
Publié le 22 mai 2023 - 10:15
Cet article provient directement de l'AFP (Agence France Presse)
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Plumes de paon
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DÉPÊCHE — Le mimosa n'est pas en fleurs. Il est en... plumes. L'œuvre en trompe-l'œil est la préférée de l'artisan français Maxime Leroy, qui renouvelle l'art de la plumasserie pour la haute couture ou les stars. De près comme de loin, l'illusion est parfaite. Pourtant, les petits pompons jaune canari du faux mimosa viennent de l'autruche et les tiges vert foncé de l'émeu.

"Il a fallu identifier les plumes correspondant le mieux au visuel souhaité, puis teindre, découper, nouer, monter, assembler et composer le branchage", détaille l'artisan, auquel une première exposition, baptisée "Haute-voltige", est consacrée du 24 mai au 12 novembre au Musée des arts précieux à Toulouse.

"C'est ma spécialité, c'est tout ce que j'aime : surprendre, dialoguer, et que mes clients puissent porter ou vivre avec la plume autour d'eux, sans que cela soit immédiatement perceptible", explique à l'AFP Maxime Leroy.

À bientôt 34 ans, le créateur vole depuis longtemps de ses propres ailes. Il a créé son atelier, M. Marceau, où il développe son approche personnelle de la plumasserie, tout en prenant en 2019 les rênes de la Maison Février, qui façonne et entretient les parures en plumes du célèbre cabaret parisien Moulin rouge depuis 1929.

Ses plumes ennoblissent les modèles haute couture d'Hermès, Jean-Paul Gautier ou Valentino, et habillent les stars comme Beyoncé qui, lors des Brit awards 2023, portait une création Balmain aux larges manches brodées de plumes.

Magie du... "bioplastique"

Mais son éventail créatif touche également d'autres univers comme la joaillerie, le design ou l'art contemporain, comme en témoigne une étonnante moto, entièrement parée de plumes noires, créée en 2016 pour le Palais de Tokyo.

Maxime Leroy est fasciné par sa matière : "C'est du bioplastique, de la kératine comme les ongles, les cheveux, déjà rien que ça, c'est magique", dit-il.

"Sur un faisan classique, comme ceux que l'on peut croiser dans nos campagnes, il y a 145 variétés de plumes. Cela veut dire que sur un seul oiseau, vous avez déjà 145 possibilités créatives", s'enthousiasme-t-il.

Le plumage d'un volatile de basse-cour peut s'avérer aussi expressif que celui d'un oiseau rare. Dans l'exposition, le manteau de "fourrure" en plumes de poule et d'oie, créé pour le styliste Jean-Paul Gautier, n'a rien à envier à des escarpins en lophophore resplendissant, faisan de l'Himalaya dont le mâle arbore des plumes à reflets métalliques vert, bleu ou pourpre.

"Notre métier, c'est 80 % de préparation et 20 % de plaisir", dit l'artisan. "Il faut mettre en forme notre matière brute : laver, trier, calibrer, teindre, brûler s'il faut brûler avec des produits chimiques, glycériner s'il le faut."

La plume, ce n'était à l'origine que le "plan B" de Maxime Leroy, qui se destinait plutôt à la danse avant qu'un problème de santé ne vienne contrarier cette ambition.

"Haute technicité"

Il découvre le matériau en préparant un baccalauréat littéraire option cinéma et arts plastiques, puis apprend l'existence d'un diplôme professionnel de plumassier au lycée public Octave-Feuillet, à Paris.

"J'ai décidé de frapper à la porte de ce lycée en disant : c'est ce que je veux apprendre, c'est ce que je veux faire, c'est ma vie, c'est ça !", se souvient Maxime Leroy.

La plumasserie n'est pourtant plus depuis longtemps un métier d'avenir.

Elle a accompagné l'histoire des hommes, des coiffes des Indiens d'Amazonie aux parures en plumes d'autruche des rois de France, en passant par les tiares en martin-pêcheur de la Chine impériale ou les toilettes baroques des élégantes du XIXe siècle.

Mais au XXIe, il ne reste plus dans le monde que quelques dizaines de spécialistes, la plupart en France.

Parmi eux, Maxime Leroy et son équipe d'une petite dizaine de personnes affichent l'ambition de "montrer de la plumasserie de haute façon et de haute technicité" pour que "ce métier ancestral" fasse toujours partie du "monde d'aujourd'hui".

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