Paris : le musée du quai Branly, voulu par Jacques Chirac, rebaptisé pour ses 10 ans

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 19 juin 2016 - 14:48
Image
Jacques Chirac au musée du Quai Branly.
Crédits
©François Mori/AFP
Le Quai Branly enregistre une moyenne de 1.350.000 visiteurs par an.
©François Mori/AFP
Né il y a 10 ans, le musée du quai Branly s'appellera désormais "Quai Branly - Jacques Chirac" en raison de la grande implication de l'ancien président de la République dans la création de ce musée des arts d'Afrique, d'Océanie et des Amériques. Chaque année, il enregistre une moyenne de 1.350.000 visiteurs.

Il est né il y a dix ans dans la polémique, mais le musée du Quai Branly a su trouver sa place dans le paysage parisien, fort d'un indéniable succès public et servi par un généreux engagement financier de l'Etat. L'établissement vient d'être rebaptisé "Quai Branly - Jacques Chirac", une appellation justifiée tant a été grande l'implication de l'ex-président de la République dans la création de ce musée des arts d'Afrique, d'Océanie et des Amériques.

Conçue par l'ex-ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, une exposition intitulée Jacques Chirac ou le dialogue des cultures (21 juin - 9 octobre) rend hommage à la passion de l'ancien chef de l'Etat pour les civilisations premières. Une passion liée en partie à une rencontre: celle du collectionneur Jacques Kerchache, qui militait pour l'intégration de l'art non occidental dans les grandes collections, comme celle du Louvre. Son approche est controversée, mais il trouve une oreille attentive auprès de l'ancien chef de l'Etat, qui, dès son élection en mai 1995, lance le projet d'un grand musée des cultures non européennes.

Un terrain est retenu sur les bords de la Seine, à deux pas de la Tour Eiffel, et Jean Nouvel choisi par un jury pour concevoir le bâtiment: il en fera quatre, réservant plus de la moitié de la superficie à un jardin, protégé de la circulation par un mur de verre. Le bâtiment principal, abritant les collections, est une longue courbe sur pilotis d'où surgissent des boites de couleur. Parallèlement, Jacques Chirac donne son feu vert à la création au Louvre, dans l'ancien Pavillon des Sessions, d'un espace dévolu à l'art non européen. 110 chefs d'oeuvre de quatre continents y sont exposés à partir d'avril 2000, dans une scénographie luxueuse. Une réalisation présentée alors comme un geste politique et qui ne fait pas l'unanimité chez les conservateurs du musée.

Malgré des problèmes de finition et des dépassements de devis, l'oeuvre de Jean Nouvel est bien reçue, y compris par le grand public. La galerie permanente d'un seul tenant - pas de salles blanches successives - est certes diversement appréciée, mais la polémique viendra d'ailleurs. Pour constituer ses collections, la direction du Quai Branly a en effet prélevé massivement des oeuvres dans d'autres institutions publiques. En 1998, le Musée de l'Homme est dépouillé de quelque 300.000 pièces, et celui des Arts d'Afrique et d'Océanie de 25.000 objets.

Des déménagements qui passent mal chez les chercheurs, choqués par la "brutalité de l'opération". Entre grèves et pétitions, un livre de l'ethnologue Bernard Dupaigne, intitulé Le scandale des arts premiers, dénonce ces déménagements mais aussi le choix de l'esthétique au détriment de la signification anthropologique des oeuvres. Interrogé par l'AFP, il se montre aujourd'hui un peu moins sévère. Tout en estimant insuffisant le travail scientifique sur les collections du musée, il juge "assez correcte" la mise en contexte des oeuvres dans les expositions temporaires.

Pour le président du Quai Branly, Stéphane Martin, avec la mondialisation et les nouvelles pratiques du grand public, notamment sur internet, "il était urgent de penser un nouveau modèle", qui "fasse dialoguer ethnologie et histoire de l'art". Selon lui, cette approche a fait du musée "une référence au niveau international" tout en lui assurant un succès public.

Le Quai Branly enregistre une moyenne de 1.350.000 visiteurs par an "là où les prévisions de fréquentation les plus optimistes s'établissaient à 800.000 visiteurs annuels", selon son président. Un succès dû aussi à "une nouvelle lecture des cultures, des mouvements sociétaux et/ou historiques" avec des expositions comme Planète métisse, Cheveux chéris ou Tatoueurs, Tatoués (2014-2015). Celle-ci a attiré 702.138 visiteurs, en 18 mois (1.531 visiteurs par jour), un record depuis l'ouverture. Mais Teotihuacan, Cité des Dieux en 2009 en avait accueilli 2.381 par jour sur trois mois.

Si le Quai Branly est une réussite, il le doit aussi à l'Etat, particulièrement généreux. Les subventions publiques atteignent 77% du budget annuel (42 millions d'euros sur 54 millions), alors qu'elles représentent la moitié du budget du Louvre et un quart de celui du musée d'Orsay.

 

À LIRE AUSSI

Image
Jacques Chirac Quai Branly 21.11.2014
Le musée du Quai Branly sera très bientôt le musée Jacques Chirac
Dès le 20 juin, le musée du Quai Branly deviendra le musée Jacques Chirac, révèle "Le Figaro". Passionné d'arts primitifs, l'ancien chef de l'Etat est à l'origine de c...
14 avril 2016 - 13:35
Culture
Image
François Hollande et Jacques Chirac.
François Hollande et Alain Juppé rendent hommage à Jacques Chirac au Quai Branly
François Hollande, Alain Juppé et Jacques Chirac étaient réunis au Quai Branly à Paris ce vendredi pour la remise des prix de la Fondation Chirac. L'ancien président d...
21 novembre 2014 - 15:53
Politique
Image
L'affiche de l'exposition "Mayas, révélation d'un temps sans fin".
Expo : les Mayas, vestiges d'une civisation précolombienne au Quai Branly
Pour son exposition "Mayas, révélation d’un temps sans fin", le musée du Quai Branly à Paris a rassemblé près de 400 objets, venus en grande partie du Mexique. L’ensem...
08 novembre 2014 - 13:00
Culture

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.