"Anna" : la poupée russe de Luc Besson (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 08 juillet 2019 - 10:48
Mis à jour le 10 juillet 2019 - 14:02
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Sasha Luss dans le film Anna
Crédits
©Shanna Besson/EuropaCorp/Pathé
Anna, la poupée russe, est une fine gachette.
©Shanna Besson/EuropaCorp/Pathé

CRITIQUE – Pour "Anna", son 18e film comme réalisateur, Luc Besson a confié le rôle principal à une actrice inconnue, Sasha Luss, mannequin russe qui joue les tueuses du KGB… entre autres. Le film sort ce mercredi en France, trois semaines après les États-Unis.

SORTIE CINÉ – Luc Besson aime les jeunes actrices, souvent inconnues, auxquelles il donne des rôles forts, généralement de tueuses: après Anne Parillaud dans Nikita, Natalie Portman dans Léon, Milla Jovovich dans Le Cinquième élément ou Scarlett Johansson dans Lucy, voici Sasha Luss, mannequin russe de 27 ans, dans le rôle principal de son nouveau film Anna (ce mercredi 10 juillet sur les écrans français).

C'est un film d'action et d'espionnage qui débute dans les années 80. Anna, qui mène une vie misérable à Moscou auprès d'un petit ami drogué et délinquant, a été recrutée par le KGB et entraînée pour des missions très spéciales et très musclées. Pour cela, elle est devenue mannequin à Paris, après avoir été remarquée alors qu'elle vendait des poupées russes sur un marché de Moscou.

Sous la supervision de son mentor –et bientôt amant– Alex Tchenkov (Luke Evans) et d'une des responsables du KGB, la redoutable Olga (Helen Mirren), Anna est une espionne-tueuse particulièrement efficace. Et sa beauté la rend crédible dans son rôle de mannequin sur les podiums de mode et les plateaux de photographes du monde entier.

Tout va se compliquer après une mission à Paris, au cours de laquelle elle avait comme objectif d'éliminer un industriel russe. La police française la soupçonne et autorise un agent de la CIA, Lenny Miller (Cillian Murphy), à l'interroger sur l'assassinat. Anna parvient à se disculper. Mais pour combien de temps? Qui trompe qui, qui est-elle réellement, quel jeu joue-t-elle sous ses apparences de mannequin tout en tuant pour le compte du KGB?...

C'est le 18e film de Luc Besson comme réalisateur, avec l'espoir de retrouver le succès planétaire de Lucy en 2014 et de se relancer après une série de déboires récents: l'échec international de sa superproduction Valérian, les difficultés financières de sa compagnie EuropaCorp, et les accusations de viol portées contre lui par une jeune actrice américaine et finalement classées sans suite.

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"Évoquer les années 80 et parler d’espionnage entre les Russes et les Américains non seulement n’est pas vendeur, mais ce n’est pas le sujet. Mon sujet, c’est le mensonge, la duplicité, la manipulation, la bataille psychologique", explique-t-il à propos de ce nouveau film dont il a aussi écrit le scénario et les dialogues.

Il a habilement construit le film avec d'incessants retours en avant et en arrière qui apportent des révélations, des surprises et des rebondissements multiples, sur le principe des poupées russes –ces "matriochkas" qui s’emboîtent les unes dans les autres– que résume le slogan sur l'affiche du film: "Une femme peut en cacher une autre". Car cette Anna a plusieurs visages, à mi-film c'est carrément une nouvelle histoire qui commence, et il faudra bien sûr attendre la fin pour connaître le fin mot de l'histoire…

Luc Besson a ainsi fait évoluer le scénario sur une idée de base qu'il avait depuis longtemps: "le projet était jusque-là assez conventionnel et je l’ai transformé en partie d’échecs: il ne fallait pas connaître le coup suivant, et si on le devinait, ignorer celui d’après".

Corps de liane, blonde aux yeux bleus, petit air de Milla Jovovich, la jeune néo-actrice russe Sasha Luss (voir ici son compte Instagram) porte le film sur ses épaules, dans un rôle de femme forte et libre. Un rôle qui n'est pas entièrement de composition pour la partie mannequin du personnage puisqu'elle est dans les milieux de la mode (Dior, Calvin Klein, Givenchy, Chanel, Lanvin, Prada, Louis Vuitton, etc.) depuis son adolescence. C'est en 2017 que Luc Besson l'avait repérée et lui a donné un petit rôle dans Valérian.

Elle est entourée d'un trio d'acteurs qui savent accumuler les couches de mystère entourant leurs personnages: Helen Mirren grimée en responsable du KGB maléfique et froide derrière ses grosses lunettes à monture noire; Cillian Murphy, séduisant et raffiné, qui avait notamment un second rôle dans le film Dunkerque; et Luke Evans, séduisant et rude, vu dans les trois derniers Fast & Furious et récemment dans La Fille du train, La Belle et la Bête et Ma.

Lire les critiques:

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Cet Anna est du Luc Besson plutôt bien ficelé, avec quelques emprunts scénaristiques à Nikita (mais c'était déjà lui le scénariste) et, comme toujours, des scènes de bagarres et de fusillades aussi longues et convenues qu'invraisemblables mais bien tournées, bien jouées et d'un rythme fou. On n'a pas le temps de s'ennuyer, pendant deux heures.

Sera-ce suffisant pour renouer avec le succès de Lucy? Ce n'est pas gagné, si l'on en croit le mauvais démarrage du film aux États-Unis où il est sorti le 21 juin. Mais Luc Besson reste optimiste et n'exclut pas une suite à cette histoire à suspense et à péripéties inattendues: "Si le film est un succès, il y a de quoi faire! Comme à toute partie d’échecs, une revanche est à prendre..."

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