"Demain est à nous" : ces enfants qui vont sauver la planète (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 23 septembre 2019 - 09:10
Mis à jour le 24 septembre 2019 - 17:03
Image
Film Demain Est A Nous
Crédits
©Apollo Films
Le petit Péruvien José Adolfo, 13 ans, a créé à l'âge de 7 ans une banque pour les enfants de son pays.
©Apollo Films

CRITIQUE – De Cambrai à Conakry, de l'Inde au Pérou, des enfants agissent pour améliorer leur sort et celui de milliers d'autres. C'est ce que montre l'émouvant documentaire "Demain est à nous", dans les salles ce mercredi.

SORTIE CINÉ – Face aux maux de la planète –réchauffement climatique, pollution, pauvreté, manque d'éducation, filles et femmes opprimées, enfants esclaves, guerres, famines–, de plus en plus d'enfants se lèvent et prennent la parole, partout dans le monde. Ils alertent, dénoncent, protestent et, parfois, agissent. Ce sont ces enfants qui vont sauver le monde, affirme Gilles de Maistre dans son nouveau film Demain est à nous, qui sort ce mercredi 25 sur les écrans.

Depuis une trentaine d'années, le réalisateur alterne les documentaires –l'un des premiers, J'ai 12 ans et je fais la guerre, fut très remarqué en 1990– et les films de fiction basés sur du réel –le dernier, Mia et le lion blanc, sorti l'an dernier, dénonçait le sort des lions victimes de chasseurs sans scrupules en Afrique du Sud. Surtout, ce père de quatre enfants âgés de 3 à 9 ans s'intéresse depuis toujours au sort des enfants, partout dans le monde.

Lire la critique – Mia et le lion blanc: un amour impossible

Demain est à nous est donc un documentaire qui raconte, à travers le portrait de sept d'entre eux, comment certains enfants prennent leur sort en main et décident d'agir pour changer leur destin et, au-delà, celui de milliers d'autres enfants. Le fil conducteur est un Péruvien de 13 ans, José Adolfo Quisocala Condori, qui a créé à l'âge de 7 ans une banque pour les enfants: chacun doit fournir au moins un kilo de déchets recyclables par mois et, en échange, reçoit de l'argent versé sur son compte.

Il y a aussi le Français Arthur, 10 ans, de Cambrai, qui peint et vend ses toiles pour apporter nourriture, vêtements et soutien moral aux sans-abri de sa ville; la Guinéenne Aïssatou, 12 ans, qui se bat à Conakry pour l'égalité des sexes et la scolarisation des filles et contre les mariages précoces et forcés; l'Indienne Heena, 11 ans, qui a créé un journal pour raconter la vie des enfants des rues de New Delhi et lutter contre le travail des enfants; et les trois petits Colombiens Peter, Kevin et Jocelyn qui, à 10, 12 et 13 ans, ont fondé un syndicat d'enfants pour défendre leurs droits et ceux du million d'enfants de leur pays qui travaillent dans les mines, les usines ou les rues.

L'idée de ce film "a mûri en moi pendant de nombreuses années", explique Gilles de Maistre, 59 ans (voir ici son site internet). "Cela fait plus de 30 ans que je parcours le monde pour le raconter et rien ne m’a jamais autant bouleversé que les enfants. J’ai filmé des enfants soldats, des enfants esclaves, des enfants en prison, des enfants des rues, et le summum de l’horreur, des enfants mourant de faim. (…) Je les filmais parce que je voulais dénoncer ces abus, ces violences. J’y croyais. Je souhaitais que les gens prennent conscience et se révoltent contre cette folie... La tâche était tellement grande, la quête sans fin! Mes images choquaient, bouleversaient, provoquaient émotions et douleurs. Mais plus profondément, ça n’a jamais vraiment changé le monde. Chacun retournait à sa vie, ses problèmes, moi le premier".

Et puis, un jour, alors qu'il filmait un garçon de 10 ans enrôlé dans la guérilla colombienne, il lui a posé la question: "Crois-tu que cela soit la place d’un petit enfant comme toi d’être là? Et de faire la guerre?". Et, raconte Gilles de Maistre, "il m’a répondu avec un aplomb qui m’a laissé sans voix: «Et toi, qui es-tu pour me poser cette question? La réalité de la vie des enfants pauvres dans mon pays, c’est la mendicité, la prostitution ou le travail, alors laisse-moi me battre pour, au moins, tenter de changer mon avenir». Je n’ai jamais cessé de penser à cet enfant et la graine a germé dans mon esprit. Le sens profond de ses paroles a résonné en moi jusqu'à ce que je comprenne..."

"Filmer des enfants engagés, c’est donc aujourd’hui pour moi filmer des enfants qui ne courbent plus l’échine, qui se battent, qui réclament que le droit international des enfants soit enfin appliqué à travers le monde", poursuit-il. "Les enfants sont de plus en plus conscients des problèmes auxquels ils sont confrontés et, surtout, leur parole commence à être entendue. Alors aujourd’hui, je veux aller chercher et mettre en lumière tous ces petits faiseurs d’espoir aux quatre coins du monde et enfin rendre utile ma caméra. Je veux planter des graines positives dans les cerveaux des spectateurs et leur dire que oui, ces enfants-là changent et sauvent le monde..."

Le chemin est encore long, et le réalisateur le reconnaît lui-même en évoquant, en fin de film, les enfants qui ont essayé de faire bouger les choses ces dernières années, comme cette Canadienne de 12 ans, Severn Suzuki, qui avait pris la parole au Sommet de la Terre à Rio en 1992 (voir ici la vidéo) pour dénoncer les menaces contre l'environnement. Elle a aujourd'hui 39 ans, milite toujours pour la planète, mais les choses n'ont pas vraiment changé.

Le film montre également rapidement quelques images de la Pakistanaise Malala Yousafzai, Prix Nobel de la paix en 2014 à l'âge de 17 ans pour avoir lutté contre les Talibans interdisant l'éducation des filles, et de la médiatique Suédoise Greta Thunberg qui se bat actuellement contre le réchauffement climatique.

Lire aussi:

> Macron reçoit Greta Thunberg, à la demande de la jeune Suédoise

> Malala, inlassable militante des droits des femmes

> Nouvel appel à une "grève mondiale pour le climat" vendredi

Mais, explique Gilles de Maistre, "il y a de grandes différences entre les enfants que j’ai filmés, mais il y a une chose qui les unit: j’ai fait un choix dans le film de montrer des enfants qui agissent de façon tangible. Tous les enfants du film sont des enfants qui font quelque chose de concret. Ces enfants sont acteurs de leurs combats. (…) Leur point commun c’est qu’ils ne se contentent pas de «dire les choses». C’est un peu la différence avec Greta Thunberg qui dit: «Le monde est en danger, la planète est en danger, faites quelque chose». C’est une alerte. Elle alerte, elle mobilise, mais elle ne tente pas de résoudre elle-même le problème".

Le film est émouvant dans la manière dont il montre ces enfants agir vraiment, même si l'on se dit parfois que ce sont des exemples isolés et que, comme disait Simon Bolivar, on a l'impression qu'ils "labourent la mer". Ce n'est pas l'avis du réalisateur: "Il y en a des milliers qui font la même chose. Leur exemple fait naître d’autres vocations et peut-être que dans 20 ou 30 ans, il y en aura tellement que ça infléchira le cours des choses. Et ça sauvera le monde!"

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.