"Jusqu'ici tout va bien" : Gilles Lellouche s'installe à La Courneuve (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 25 février 2019 - 12:40
Mis à jour le 26 février 2019 - 15:57
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Gilles Lellouche Film Jusqu'ici Tout Va Bien
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©Quad Films/Mars Films
En s'installant à La Courneuve, Gilles Lellouche est confronté aux "parrains" de la cité, trafiquants de drogue.
©Quad Films/Mars Films

CRITIQUE – Dans le film "Jusqu'ici tout va bien" qui sort ce mercredi, Gilles Lellouche joue le patron d'une boîte de com' parisienne branchée qui est obligé de s'installer à La Courneuve et découvre, avec sa dizaine de salariés, que la banlieue n'est pas l'enfer qu'ils croyaient. C'est le troisième film de Mohamed Hamidi, le réalisateur de "La Vache", gros succès public en 2016.

SORTIE CINÉ – Combattre les préjugés sur la banlieue: c'est la vaste ambition qui anime le réalisateur français d'origine algérienne Mohamed Hamidi dans son film Jusqu'ici tout va bien, dans les salles ce mercredi 27 février et récemment couronné du Prix du public au Festival du film de comédie de l'Alpe d'Huez.

Fred Bartel (Gilles Lellouche) est le patron d’une agence de communication parisienne branchée, Happy Few, qui compte une dizaine de salariés. Pour bénéficier d'avantages fiscaux, il a officiellement domicilié sa société dans une "zone franche", à La Courneuve, dans la banlieue nord de Paris: personne n'y met jamais les pieds, c'est une simple boîte aux lettres dans un immeuble désaffecté.

Mais lors d'un contrôle, l'administration fiscale s'aperçoit de la supercherie et lui impose un choix: soit payer une amende de 1,7 million d'euros, soit installer vraiment ses locaux à La Courneuve. Pour sauver sa boîte, le petit patron choisit la seconde solution, et tout le monde déménage et s'installe dans de nouveaux bureaux en banlieue.

Le fisc lui impose également d'engager un tiers de son effectif en ayant recours à la main d'œuvre locale. Avec leurs nouveaux collègues Samy (Malik Bentalha), un banlieusard débrouillard, et trois autres jeunes recrutés sur place, les bobos parisiens vont découvrir une autre culture, d'autres règles, d'autres personnes. Et changer leur vision de la banlieue. Comme dit leur patron, "c'est La Courneuve, c'est pas la Colombie non plus…"

C'est le troisième film de Mohamed Hamidi, 46 ans (voir ici une courte vidéo sur lui), né à Bondy et qui a toujours vécu en banlieue, ancien prof d'économie, cofondateur du média en ligne Bondy Blog, directeur artistique du festival Marrakech du rire et auteur de sketches pour des humoristes dont Jamel Debbouze et Malik Bentalha. Tous deux avaient des petits rôles dans ses films précédents: Né quelque part (2013), histoire d'un jeune Français qui se rend en Algérie dans le village natal de ses parents, et La Vache (2016), gros succès critique et public (1,3 million de spectateurs), histoire d'un paysan algérien qui traverse la France de Marseille à Paris pour aller montrer sa vache au Salon de l'agriculture.

Combines diverses, enfants racketteurs, petits caïds violents, trafics de drogue, insécurité: dans Jusqu'ici tout va bien, le réalisateur n'a pas voulu éluder cette image négative de la banlieue. Mais il en fait des détails dans une histoire où il s'agit de montrer les aspects positifs: gens chaleureux, dîners familiaux d'immigrés de la première génération, solidarité, jeunesse qui étudie et obtient des diplômes, volonté de s'en sortir par le travail.

En patron dynamique et sympa –qui s'aperçoit que, dans son travail comme dans sa vie privée, il est passé à côté de choses importantes que son nouvel environnement va lui faire découvrir–, Gilles Lellouche, tout auréolé de son récent succès public et critique comme réalisateur avec Le Grand bain (plus de 4 millions de spectateurs), occupe ici tout l'espace comme acteur. Il accompagne gentiment une histoire qui vire vite mielleuse et bisounours (la banlieue c'est formidable, La Courneuve c'est le paradis, même les parrains de la cité trafiquants de drogue sont bienveillants), avec des personnages secondaires pas toujours réussis et un humour parfois lourd.

Lire la critique – Le Grand bain: le drôle et émouvant plongeon de Gilles Lellouche

Mais le scénario un peu paresseux, avec ses invraisemblances et ses facilités –malgré une belle idée de départ– n'empêche pas l'histoire d'évoluer, sur le ton d'une comédie plutôt agréable à voir, et au service de la bonne cause: donner une autre image de la banlieue. "En fait, toute ma démarche est là: déconstruire les préjugés sans tomber dans le jugement, car le film est avant tout une comédie", explique le réalisateur.

Il n'en est pas dupe pour autant, mais préfère voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide, et montrer de l'optimisme en faisant rire plutôt qu'en étant sérieux ou militant: "Je suis pleinement conscient des difficultés en banlieue, du fait que les choses n’ont pas du tout progressé depuis 2005. Mais on montre trop souvent ce qui ne va pas, l’aspect dramatique voire cataclysmique des banlieues. Moi, je continue à avoir de l’espoir et je veux que les habitants des quartiers et notamment les jeunes puissent continuer à y croire, à se battre, à se mobiliser".

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