"La fille inconnue" : la culpabilité et le remords selon les frères Dardenne (VIDEO)

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Jean-Michel Comte
Publié le 07 octobre 2016 - 19:04
Mis à jour le 12 octobre 2016 - 11:15
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Adèle Haenel Film La Fille Inconnue
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©Christine Plenus/Diaphana Distribution
Adèle Haenel interprète une jeune médecin consciencieuse.
©Christine Plenus/Diaphana Distribution
Dans leur dernier film "La fille inconnue", qui sort ce mercredi, les réalisateurs belges Luc et Jean-Pierre Dardenne racontent l'histoire d'une jeune femme médecin, interprétée par Adèle Haenel, culpabilisée d'avoir été indirectement à l'origine de la mort d'une jeune immigrée africaine.

"Les comédies, ce n’est pas notre truc", ont-ils récemment déclaré dans une interview. On s'en doutait. Les réalisateurs belges Luc et Jean-Pierre Dardenne le prouvent une nouvelle fois avec La fille inconnue, leur dernier film, sombre et grave, social et réaliste, sur les écrans français ce mercredi 12.

Jenny (Adèle Haenel), jeune médecin généraliste dans un quartier populaire près de Liège, fait un remplacement de trois mois avant d'ouvrir son propre cabinet. Elle aime son métier et ses patients, n'hésite pas à passer les voir à domicile en dehors des heures de travail, fait preuve d'écoute et de compassion, mais essaye de ne pas se laisser déborder par ses émotions et de s'en tenir à une attitude professionnelle.

Un soir, fatiguée, elle ne répond pas à un coup de sonnette une heure après la fin des horaires d'ouverture de son cabinet. Peu de temps après, elle apprend que la personne qui avait sonné, une jeune immigrée africaine, a été retrouvée morte.

La police visionne les images vidéo du hall d'entrée du cabinet et les lui montre. La jeune fille, quand elle a sonné, était apparemment poursuivie et cherchait de l'aide. Mais on ignore son identité et rien ne permet de l'identifier.

Rongée par la culpabilité et le remords, Jenny se fixe alors un but: trouver le nom de la jeune fille, pour qu’elle ne soit pas enterrée anonymement, pour qu’elle ne disparaisse pas comme si elle n’avait jamais existé. Avec la photo de la victime sur son téléphone portable, elle va mener, parallèlement à la police, sa propre enquête auprès de ses patients, de leur entourage et de leurs connaissances…

Bien dans la veine de leur cinéma naturaliste, La fille inconnue a été présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, mais on ne peut pas gagner à tous les coups: les frères Dardenne ont déjà reçu deux fois la Palme d'or, en 1999 pour Rosetta et en 2005 pour L'enfant.

La fille perdue prend parfois des allures de polar, ce qui est assez inédit chez eux, mais le ton reste social et humaniste, avec des scènes proches parfois d'un documentaire sur une jeune médecin généraliste qui débute et s'occupe au mieux de ses patients. De nombreuses scènes montrent les activités professionnelles de la jeune femme, sans rapport direct avec l'histoire de son enquête personnelle.

Les deux réalisateurs auscultent, comme ils savent le faire, la société et ses classes défavorisées, montrant des gens simples qui souffrent de maux simples. "Les personnages somatisent beaucoup: malaises, maux de ventre, crises d’épilepsie…", explique Luc Dardenne. "Le corps réagit toujours en premier: c’est lui qui parle et qui dit des choses lorsque la parole n’y arrive pas. Jenny est à l’écoute des douleurs de ses patients. Elle tente de les soulager tout en continuant de chercher le nom de la jeune fille". Et c'est parce qu'elle sait écouter qu'elle peut poser des questions et progresser dans son enquête personnelle.

Après Cécile de France dans Le gamin au vélo (2011) et Marion Cotillard dans Deux jours, une nuit (2014), les frères Dardenne, experts dans l'art de décrire la psychologie féminine, ont fait appel à une jeune actrice qui a le vent en poupe ces dernières années, Adèle Haenel, lauréate de deux César consécutifs: celui du meilleur second rôle féminin en 2014 pour Suzanne et celui de la meilleure actrice l'année suivante pour Les combattants. Ici elle est parfaite de sobriété, sérieuse et déterminée, humaine et sympathique mais sans un sourire –ce qui est logique car, comme disent les deux coréalisateurs, "les comédies, ce n’est pas notre truc".

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

 

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