"La prière" : la foi qui sauve (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 20 mars 2018 - 12:06
Mis à jour le 21 mars 2018 - 15:07
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Anthony Bajon Film La Priere
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©Le Pacte
Damien Chapelle (à gauche) accueille Anthony Bajon dans la communauté d'anciens toxicomanes qui tentent de s'en sortir par la prière.
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Dans son nouveau film "La prière", qui sort ce mercredi, le réalisateur Cédric Kahn raconte l'histoire d'un jeune drogué qui trouve le salut dans une communauté religieuse isolée. Le rôle a valu à son interprète principal, Anthony Bajon, le prix du meilleur acteur au Festival de Berlin en février dernier.

Un jeune toxicomane qui cherche le salut dans la prière, la foi, la religion… Un sujet pas facile dans un film pas banal: c'est La prière, le nouveau film de Cédric Kahn, sur les écrans ce mercredi 21.

Thomas a 22 ans. Un brave garçon, breton, l'air un peu buté, pas très joyeux, le cheveu ras, le verbe rare. Après une overdose d'héroïne, il décide de s'en sortir en rejoignant une communauté isolée, dans une ferme perdue dans la montagne. Là, d'anciens drogués se soignent par la prière et le travail.

Il n'y a que des garçons, de toutes origines, à peu près de son âge, encadrés par des religieux et des instructeurs. Travaux des champs, prières collectives à haute voix, chapelet, guitare, chants religieux et vie en commun. Pas de drogue bien sûr, pas d'alcool, pas de tabac, pas de filles, pas de portable, pas d'Internet, pas de télévision: le paradis, quoi.

Thomas doit suivre des règles, et notamment celle de ne jamais être isolé. Les débuts sont difficiles, le sevrage se fait dans les crises et les tremblements. Au bout de trois semaines, il vole une cigarette et la fume en cachette. Il craque, devient violent, veut repartir. Mais, au village, il rencontre une jeune femme de son âge, fille d'instructeurs du camp, qui l'incite à tenir bon. Comme tous ses camarades ex-toxicos, qui lui apprennent le sens de l'amitié et de la solidarité…

C'est le 12e film de Cédric Kahn depuis Bar des rails en 1992. Il a souvent raconté l'histoire de personnages en marge de la société, comme un tueur en série dans Roberto Succo (2001), un petit garçon orphelin qui imagine que son avion est vivant dans L'avion (2005), ou un père de famille qui s'est caché pendant 11 ans à la campagne avec ses deux fils dans son dernier film, Vie sauvage (2014).

Lire la critique – Vie sauvage: babas pas si cools

Ici le marginal est un drogué qui veut s'en sortir et va trouver de l'aide dans la religion. Cédric Kahn n'est ni croyant ni ex-toxicomane, et son film n'est ni critique à l'égard de la religion ni militant ou prosélytique. "Je me définirais comme agnostique", dit-il. "Je n’ai aucune certitude. Je respecte les gens qui sont croyants et, par certains aspects, je peux même les envier. La foi est une affaire intime qui, par beaucoup d’aspects, dépasse largement le cadre des religions. Si on y pense, tout est question de foi dans la vie, l’amour, la passion, l’engagement. Moi par exemple, je crois en la mystique du cinéma".

Comme récemment Xavier Giannoli dans L'apparition avec Vincent Lindon, Cédric Kahn s'interroge donc sur la religion et sur le parcours de ceux qui ont choisi, de nos jours, d'en faire une explication sur le sens de l'existence et une aide pour la vivre au quotidien. Pour cela il a opté pour une réalisation sobre et sans débordement d'émotion, ce qui rend le film âpre, réaliste, déroutant, loin des modes, pas folichon, parfois un peu longuet mais baigné de bienveillance et d'optimisme, et d'une justesse de ton rare.

Lire la critique – L'apparition: Vincent Lindon sur la piste de la Vierge Marie

Plus qu'une réflexion sur la religion ou la foi, la description de cette communauté de drogués de Dieu, ex-toxicos propres sur eux et plutôt gentils, ni violents ni rebelles, plus proches de Mère Teresa que de Sid Vicious, est l'occasion de montrer la force d'une solidarité de groupe. "C’est probablement le vrai sujet du film, en tout cas celui qui me touche le plus: la reconstruction du lien", explique le réalisateur. "Les individus arrivent dans une solitude absolue, une grande détresse affective. Ce qu’ils apprennent au-delà de la prière, ce sont les règles, le partage, la vie en communauté. Et c’est probablement ce qui les sauve".

C'est aussi un beau portrait de jeune homme en perdition qui, grâce au soutien du groupe mais aussi grâce à sa propre volonté, tente de remonter la pente. Le personnage est interprété par Anthony Bajon, étonnant de naturel, à qui ce rôle a valu le prix du meilleur acteur au récent Festival de Berlin, après plusieurs petits rôles depuis 2014 dans des téléfilms ou au cinéma, dans des films comme Les ogres de Léa Fehrer, Maryline de Guillaume Gallienne ou Rodin de Jacques Doillon.

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