"Le Miracle du saint inconnu" : caché dans le désert –depuis trop longtemps (vidéo)

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France-Soir
Publié le 29 décembre 2019 - 09:13
Mis à jour le 03 janvier 2020 - 16:15
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Film Miracle Saint Inconnu
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©Condor Films
Sorti de prison, Amine (Younes Bouab, à gauche) essaye de récupérer son butin, avec l'aide de son complice (Salah Bensalah).
©Condor Films

SORTIE CINÉ – Le butin d'un hold-up caché dans le désert par son propriétaire qui tente de le récupérer mais qui voit surgir un obstacle imprévu: c'est l'histoire, allégorique, du film marocain Le Miracle du saint inconnu, qui sort ce mercredi 1er janvier sur les écrans.

"On a besoin de croire en quelque chose, que ce soit spirituel, idéologique ou matériel", dit le réalisateur marocain Alaa Eddine Aljem, 31 ans, dont c'est le premier long-métrage. Son film évoque donc la manière dont la population d'un petit village dans le désert se met à vénérer un saint inconnu.

Monticule façon tombe

L'histoire commence par la fuite d'un malfaiteur, Amine (Younes Bouab), poursuivi en voiture par la police avec une grosse somme d'argent dans son coffre. Il tombe en panne mais, avant d'être arrêté, a le temps de cacher son butin, au sommet d'une colline, près d'un arbre: il l'enterre et fabrique un petit monticule, façon tombe.

Plusieurs mois après, à sa sortie de prison, il revient sur les lieux pour récupérer son magot. Quelle n'est pas sa (mauvaise) surprise quand il s'aperçoit que les villageois ont pris le monticule pour la tombe d'un saint inconnu et y ont construit un mausolée devenu lieu de dévotion, avec vasque et eau de prière, vendeur de souvenirs et de boissons, chiffons de vœux accrochés aux branches de l'arbre, visites de pèlerins et de malades, etc.

Obligé de s’installer au village, Amine se fait passer pour un scientifique venu étudier la géologie locale. Avec comme but ultime de récupérer son argent, il va devoir composer avec les habitants: un nouveau médecin qui débarque au dispensaire et qui va jouer aussi les vétérinaires, un paysan et son père qui se lamentent de la sécheresse et prient pour la pluie, un coiffeur-barbier également dentiste et au courant de toutes les rumeurs, un garde et son chien qui surveillent le mausolée la nuit…

Dialogues minimalistes, longs silences entre deux répliques, réalisation un peu figée, absence volontaire de rythme, scènes gags ou décalées, personnages loufoques: dans sa façon de filmer, Alaa Eddine Aljem rappelle un peu le réalisateur finlandais Aki Kaurismäki. Il ne réfute donc pas l'idée que son film est une sorte de fable burlesque: "Le mot burlesque me plait: ce qui définit mieux ce film, c’est son ton, un mélange de situations, certaines comiques, d’autres plus dramatiques. C’est une fable moderne teintée d’absurde, qui emprunte au conte. (…) L'avantage du burlesque est qu'on peut être sérieux tout en restant léger à la surface".

Entre premier et deuxième degré

L'histoire qu'il raconte est donc allégorique, évoquant des thèmes de la société marocaine –le changement qui bouscule (en bien ou en mal) les habitudes et la vie de tous les jours, les croyances collectives, les rumeurs, la force des traditions, les difficultés du monde rural– mais sur un ton léger. "Un des défis de ce film était d'arriver à un juste équilibre entre le premier et le deuxième degrés, entre le drame et la comédie", dit-il.

Certains lui ont déjà reproché la futilité de son scénario et son manque d'implication politique ou sociale. Mais ce n'est pas parce que le film vient du Maroc qu'il doit obligatoirement être sérieux ou grave, répond-il: "Les réalisateurs de ma génération en ont assez d’entendre qu’un film venant de cette région du monde doit nécessairement parler de la condition de la femme ou du terrorisme ou de la religion ou de l’immigration. Alors qu’il y a beaucoup d’autres choses à raconter sur nos sociétés. Mon rôle n’est pas de donner à voir ce que le public de l’autre côté de la Méditerranée s’attend à voir mais de lui faire découvrir d’autres choses sur la culture d’où je viens".

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