"L'Enfant rêvé" : la paternité en bois de Jalil Lespert (vidéo)

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FranceSoir
Publié le 05 octobre 2020 - 17:33
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Film L'Enfant Rêvé
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©Paname Distribution
Homme marié, François (Jalil Lespert) tombe immédiatement sous le charme de Patricia (Louise Bourgoin), femme mariée qui vient d'arriver dans la région.
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SORTIE CINÉ – Une passion dévorante et un désir de paternité plus fort que tout mènent Jalil Lespert à des réactions incontrôlées dans L'Enfant rêvé, film du réalisateur Raphaël Jacoulot qui sort ce mercredi 7 octobre. Il y partage l'affiche avec Louise Bourgoin et Mélanie Doutey.

Depuis l’enfance, François (Jalil Lespert) a consacré sa vie au bois, dans les forêts du Jura qu’il connaît mieux que personne. Il n'a jamais quitté la région et dirige la scierie familiale, avec sa femme Noémie (Mélanie Doutey), qui s'occupe de la gestion de l'entreprise et le soutient moralement car les difficultés financières s'accumulent.

Décision d'adoption

Tous deux se sont connus jeunes et forment un couple uni mais, dans la vie privée, ont aussi des tracas: ils rêvent d'avoir un enfant mais n'y parviennent pas. Piqûres d'hormones, insémination artificielle, rien n'y fait. À contre-cœur, ils décident d'adopter.

C’est alors que vient s'installer dans la région Patricia (Louise Bourgoin), mère de deux fillettes et dont le mari, qui travaille en Suisse, n'est pas toujours là. Elle ne semble pas nager dans le bonheur conjugal, et la tension qui monte dans le couple de Noémie et François a vite une conséquence logique: celui-ci tombe amoureux de Patricia.

Désir de paternité

Commence entre eux une liaison intense, passionnelle et sexuelle. François est spécialiste du bois mais pas du latex: très vite, Patricia tombe enceinte. François vacille, mais pas longtemps: alors que sa maîtresse lui pose la question de l'avortement, il lui demande de garder l'enfant, son désir de paternité prenant le dessus sur les problèmes que cela risque d'entraîner dans son couple. Car chacun promet à l'autre d'aller dire la vérité à son conjoint…

"J’avais envie d’écrire un film sur la quête de paternité", explique le réalisateur. "Je l’ai nourri d’éléments personnels: j’ai moi-même des enfants et j’ai grandi dans un milieu proche de celui représenté dans le film: je suis fils d’agriculteurs, un métier où les enjeux de succession, de transmission sont importants. J’étais le fils aîné mais ce sont mes frères qui ont repris l’exploitation. J’ai observé la reprise qui était compliquée, et je me suis inspiré de leur expérience".

Environnement familial toxique

Le personnage de François se trouve en effet enfermé dans la logique de la continuité familiale de la scierie créée par son grand-père et dans la volonté –voire la nécessité– de fonder lui-même une famille et de transmettre l'entreprise à sa progéniture. Cet environnement est toxique, on ne lui a jamais laissé le choix de sa vie, et lui-même ne s’est jamais véritablement interrogé. Et c'est pourquoi il va craquer.

"C’est un personnage complexe, il pourrait être un bon fils, un bon entrepreneur, peut-être un bon père, et en même temps il a un autre visage, plus tourmenté, plus animal, plus violent. Il est contenu dans un rôle dans lequel il ne parvient pas à rester, et cela va finir par exploser d’une manière violente et désordonnée", explique le réalisateur. Jalil Lespert interprète donc un personnage un peu monolithique, nerveux, lâche, faible, buté, mal dans sa peau, toujours en colère.

Personnages féminins plus subtils

Plus subtils et nuancés sont les deux personnages féminins, la femme et la maîtresse. Toutes les deux sont plus fortes, plus déterminées, plus raisonnables que le personnage masculin, autour duquel tourne toute l'intrigue du film. Mais il est original que l'histoire s'intéresse à ce désir de paternité, alors que l'on voit souvent des désirs de maternité dans d'autres films. Et cet Enfant rêvé est l'occasion de s'interroger sur la famille, la paternité et la maternité, l'adoption, la transmission entre générations.

C'est le quatrième film de Raphaël Jacoulot, 49 ans, après Barrage (2006), Avant l'aube (2011) et Coup de chaud (2015), autres films psychologiquement lourds. Ici l'histoire bascule du suspense sentimental au faits divers et au suspense policier dans la dernière demi-heure, ce qui gâche un peu la fin. Mais l'histoire est prenante jusqu'au bout et la réalisation est plus fluide, plus maîtrisée, le film est mieux construit et moins premier degré que dans Coup de chaud, qui était tiré d'une histoire vraie.

Lire la critique:

> Coup de chaud: Jean-Pierre Darroussin en plein été meurtrier

Le réalisateur a notamment soigné l'environnement et les décors extérieurs, avec une forêt jurassienne filmée en vue aérienne dès le début et le monde du bois, des arbres, de la scierie qui est toute la vie du personnage principal.

"J’ai tourné L’enfant rêvé dans ma région d’origine, la Franche- Comté, tout près du village où j’ai grandi. Ce tournage a été l’occasion de m’adresser à ma famille à travers ce récit de fiction, quelque chose s’est dénoué, me confronter à tout cela m’a fait beaucoup de bien", conclut Raphaël Jacoulot.

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