"Les 8 salopards" : le western à huis clos de Quentin Tarantino (VIDEO)

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Jean-Michel Comte
Publié le 05 janvier 2016 - 16:58
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Film 8 Salopards Kurt Russell Samuel L. Jackson
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©The Weinstein Company/SND
Kurt Russell et Samuel L. Jackson, les deux principaux interprètes du film.
©The Weinstein Company/SND
Dans son 8e film, "Les 8 salopards", qui sort ce mercredi sur les écrans, Quentin Tarantino recrée le plaisir du cinéma à l'ancienne: un long western avec entracte, tourné en 70mm, où le spectateur est tenu en haleine jusqu'au bout.

Depuis son premier film Reservoir Dogs en 1992, Quentin Tarantino, amoureux fou du septième art, rend hommage aux différents genres cinématographiques. Son nouveau film Les 8 salopards (ce mercredi 6 sur les écrans français) est à la fois un western, un huis-clos, et lorgne même vers le film d'horreur.

L'histoire se déroule quelques années après la fin de la guerre de Sécession (1861-1865). En plein hiver, une diligence fonce à travers la campagne enneigée du Wyoming. À son bord, le chasseur de primes John Ruth (Kurt Russell), surnommé "le Bourreau", se rend dans la petite ville de Red Rock afin que la femme qu'il a capturée, Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh), y soit jugée -donc pendue.

En chemin, la diligence prend deux étrangers: le commandant Marquis Warren (Samuel L. Jackson), ancien soldat nordiste reconverti en chasseur de primes, et Chris Mannix (Walton Goggins), renégat sudiste qui revendique le titre de shérif de la ville.

Pris dans une tempête de neige, les quatre trouvent refuge dans la mercerie-épicerie-bar-auberge de Minnie, où les diligences qui traversent la montagne ont l'habitude de faire halte. Mais en arrivant sur place, ils ne sont pas accueillis par la propriétaire des lieux, mais par quatre inconnus qui ont, eux aussi, voulu échapper au blizzard: Bob (Demian Bichir), un Mexicain qui tient la mercerie pendant que Minnie rend visite à sa mère; Oswaldo Mobray (Tim Roth), le bourreau de Red Rock; le cow-boy Joe Gage (Michael Madsen); et le vieux général confédéré Sanford Smithers (Bruce Dern).

Tandis que la tempête s'abat sur le refuge de montagne, les huit aventuriers comprennent peu à peu qu'ils ne réussiront sans doute pas à gagner Red Rock…

Huitième film de Tarantino (si l'on considère les deux Kill Bill comme un seul), ce western est très long et très bavard mais réjouira les fans du réalisateur, qui a mis en pratique son amour du cinéma à l'ancienne: le film a été tourné en "Ultra-Panavision-70", un procédé technique abandonné depuis 50 ans et qui élargit le champ de vision du spectateur -mais que la quasi-totalité des salles actuelles sont incapables de reproduire. En outre Tarantino, qui a découpé son histoire en chapitres, a prévu une entracte pour couper les 2 heures 48 que dure le film.

Et c'est après l'entracte que l'histoire s'accélère -et que le spectateur va se rendre compte qu'il n'est pas au bout de ses surprises. Les dialogues sont nombreux, parfois drôles, le suspense monte peu à peu, la violence éclate dans la dernière partie, c'est du Tarantino qui gicle partout.

Le réalisateur américain a rendu hommage (copié, disent ses détracteurs) aux films de gangsters avec Reservoir Dogs (1992) et Pulp Fiction (1994, Palme d'or à Cannes), à la "blaxpoitation" avec Jackie Brown (1997), aux films d'arts martiaux avec les deux Kill Bill (2003 et 2004), aux films de poursuite automobile des années 70 avec Boulevard de la mort (2007), aux films historiques avec Inglourious Basterds (2009) et aux westerns avec Django Unchained (2012) dont l'histoire se situait juste avant la guerre de Sécession.

Les 8 salopards, comme le précédent, "parle moins de la guerre de Sécession elle-même que des relations entre Blancs et Noirs à cette époque", souligne le réalisateur, qui estime que "cette thématique n'a jamais vraiment été abordée par les grands réalisateurs de westerns". "Utiliser le western spaghetti pour aborder le problème de l'esclavage a été mon intention dès le départ avec Django Unchained. Dès lors, votre cinéma devient instantanément politique", explique-t-il dans une interview au mensuel Première.

Racisme mais aussi mensonge, trahison, vengeance, amitié, liens familiaux: comme dans la mercerie de Minnie, on trouve de tout dans ce film sur-vitaminé, aux acteurs qui se régalent autant que les spectateurs, aux étonnants changements de rythme (western, huis-clos, horreur) et au suspense diabolique, tourné en partie en studio mais aussi dans une vraie tempête de neige à l'ancienne, à Telluride, dans le Colorado, dans les montagnes Rocheuses.

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

 

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