"Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait" : l'amour, c'est compliqué (vidéo)

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FranceSoir
Publié le 15 septembre 2020 - 12:42
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Film Les Choses Qu'on Dit
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©Pyramide Films
L'amour, c'est compliqué: on peut aimer deux personnes à la fois.
©Pyramide Films

SORTIE CINÉ – "Le véritable amour ne se soucie que du bonheur de l'autre" et est donc, dans l'idéal, désintéressé. C'est l'une des répliques du film Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait, le nouveau long-métrage d'Emmanuel Mouret qui poursuit ses réflexions sur le sentiment amoureux et sa complexité.

Le film, qui sort sur les écrans ce mercredi 16 septembre, a reçu le "Label Cannes 2020", c’est-à-dire qu'il aurait été présenté en sélection officielle sur la Croisette en mai dernier si le Festival de Cannes n'avait pas été annulé pour cause de Covid-19.

Une grande maison à la campagne

Le film commence à la campagne, près d'Avignon, dans une grande maison où Daphné (Camélia Jordana) est en vacances avec son compagnon, François (Vincent Macaigne). Mais celui-ci, chef de chantier, est retenu quelques jours à Paris et Daphné se retrouve seule pour accueillir Maxime (Niels Schneider), le cousin de François, qu'elle n'a jamais rencontré.

Daphné, monteuse de documentaires, est enceinte de trois mois. Maxime, traducteur qui a des velléités d'écriture et veut "raconter des histoires de sentiments", sort d'un chagrin d'amour.

Récits intimes et personnels

Tous les deux sont d'abord intimidés mais, très vite, font connaissance et se mettent l'un et l'autre à raconter leur vie, et notamment leurs histoires d'amour passées. "C'est quand les histoires sont indiscrètes qu'elles deviennent intéressantes", dit Daphné. Pendant quatre jours, tous deux vont se confier des récits de plus en plus intimes et personnels…

"Il ne faut pas mettre de la gravité là où il n'y en a pas", dit, à un moment, l'un des personnages. Réalisateur singulier, Emmanuel Mouret, 49 ans, parle d'amour avec légèreté film après film, avec des dialogues brillants et des scénarios pleins de rebondissements sentimentaux.

C'est son 10e film depuis 2000, la plupart sont situés à notre époque et il joue dedans (à sept reprises), comme l'avant-dernier, Caprice, en 2015, dans lequel il tombait sous le charme de Virginie Efira. Exception, il n'apparaissait pas dans sa dernière réalisation, Mademoiselle de Joncquières en 2018, un film en costumes situé au XVIIIe siècle dans lequel Cécile de France se venge d'Édouard Baer.

Lire les critiques:

> Caprice: Emmanuel Mouret tombe sous le charme de Virginie Efira

> Mademoiselle de Joncquières: la vengeance de Cécile de France

Ici, comme d'habitude, il parle des jeux de l'amour et du hasard et de la confusion des sentiments: comment montrer son désir sans chercher à l'assouvir, explique l'un des personnages. On se croise, on se parle, on s'aime, on se quitte, on se retrouve, on se trompe, on se pardonne, on se confie, on se ment, on rit et on pleure. C'est bavard mais brillant, ça rappelle la finesse des films d'Éric Rohmer, avec parfois des airs de Truffaut et de Woody Allen.

C'est, explique Emmanuel Mouret, "une ode à notre inconstance. À une époque où nous sommes constamment, sévèrement, appelés à être cohérents, à mettre en rapport nos paroles et nos actes, je prends le parti de la douceur et de l’indulgence plutôt que celui de l’accusation. Ce n’est pas une position idéologique, c’est mon tempérament".

Un des grands plaisirs du cinéma

Le titre, ajoute-t-il, "évoque pour moi un des grands plaisirs du cinéma, celui qui consiste à confronter un personnage à ses paroles: fera-t-il ce qu’il a dit? Est-il vraiment celui qu’il prétend être? Le suspense au cinéma peut aussi être créé par la parole et c’est au spectateur de s’amuser à mesurer l’écart entre celle-ci et les actions qui suivront".

Dans ce film où les personnages refusent l'affrontement, où il n'y a pas de "méchant" ou de salaud, où tous les personnages ont a priori de bonnes intentions, les acteurs jouent tout en intensité mais en retenue, dans des rôles qui leur procurent beaucoup de dialogues. Le duo vedette est celui formé par Camélia Jordana et Niels Schneider, vus déjà ensemble dans le film Curiosa l'an dernier, avant que Niels Schneider ne soit à l'affiche d'Un amour impossible.

Vincent Macaigne (vu récemment dans Fête de famille), est ici moins tourmenté et fantasque, plus naturel et calme que dans les rôles qu'on lui attribue souvent. À ce trio s'ajoute Emilie Dequenne, dans un joli rôle secondaire, celui de son ex-femme.

Lire les critiques:

> Curiosa: Marie de Régnier, muse des photos érotiques de Pierre Louÿs

> Un amour impossible: Virginie Efira, courageuse fille-mère de Christine Angot

> Fête de famille: l'anniversaire gâché de Catherine Deneuve

Il y a, surtout vers la fin, des rebondissements plus ou moins crédibles, mais c'est la magie du cinéma: "J’avais envie d’une fresque sentimentale où des histoires légères et des histoires plus graves pouvaient cohabiter", explique le réalisateur, "et je voulais que l’ensemble débouche sur une fin qui, dans un certain sens, les englobe toutes en les faisant résonner. Un petit concert de résonnances".

Si l'on se laisse glisser dans la fluidité de ces histoires sentimentales croisées, on sera séduit par ce film très contemporain mais détaché du réalisme de la vie quotidienne, dans lequel les paroles remplacent les actions, sans montage rythmé, sans violence et sans méchanceté, sans morceaux de rap mais avec des gymnopédies de Satie, des préludes de Chopin et des sonates de Mozart –et, par les temps qui courent, cela fait du bien.

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