"Maternal" : les filles-mères et la sœur (vidéo)

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FranceSoir
Publié le 05 octobre 2020 - 17:40
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Film Maternal
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©Memento Films
La jeune religieuse Sœur Paola (Lidiya Liberman) se prend d'affection pour la petite Nina, délaissée par sa mère.
©Memento Films

SORTIE CINÉ – Deux adolescentes filles-mères et une jeune religieuse se rencontrent dans un foyer de Buenos Aires, et leurs échanges vont faire évoluer leurs visions de la maternité. C'est le sujet de Maternal, le délicat premier film de la réalisatrice italienne Maura Delpero, qui sort ce mercredi 7 octobre sur les écrans français.

Le titre original du film est Hogar, qui signifie foyer. Celui-ci est installé dans un couvent de Buenos Aires, dans lequel des religieuses accueillent des jeunes femmes, souvent mineures, qui, enceintes ou mères, ne peuvent financièrement élever leurs enfants.

Deux filles-mères de 17 ans

Parmi ces filles-mères, la brune Fatima (Denise Carrizo) et la blonde décolorée Luciana (Agustina Malale), âgées de 17 ans, sont amies malgré des caractères différents. Fatima, la plus sage des deux, timide et calme, est enceinte et accepte les règles du couvent en attendant une maternité qu'elle ne désire pas.

Luciana, plus rebelle et fougueuse, tatouée, voit son adorable fille de trois ans, Nina, comme une enfant non désirée et un obstacle à sa liberté. Elle prend Fatima pour sa baby-sitter quand elle fait le mur pour aller faire la fête à l'extérieur avec des garçons. La belle amitié entre les deux s'érode petit à petit.

La jeune sœur se prend d'affection pour la fillette

C'est là que débarque Sœur Paola (Lidiya Liberman), à peine plus âgée que les deux mères célibataires, venue d'Italie pour achever son noviciat et prononcer ses vœux définitifs. Peu à peu elle sait se montrer stricte comme ses mères supérieures mais n'est pas exempte d'interrogations et de doutes, spirituels et personnels.

Elle se lie d'amitié avec Fatima et, surtout, décide de s'occuper de Nina et se prend d'affection pour elle quand sa mère Luciana quitte le foyer...

La réalisatrice Maura Delpero, 44 ans, dont c'est le premier long-métrage de fiction après deux documentaires, a été enseignante et l'idée du film découle, explique-t-elle, de "mon expérience directe, qui a duré quatre ans, dans différents foyers argentins, laïcs et religieux. Celui qui a inspiré le film est un hogar religieux, fondé par des soeurs du Piémont qui faisaient partie d’une congrégation d’origine française".

Pour ce film, ses producteurs souhaitaient qu'elle choisisse un seul point de vue, auquel le spectateur pouvait s'identifier. Mais "ce qui m’intéressait était la pluralité des points de vue sur le même événement humain", explique-t-elle. "La maternité influe différemment sur chacune des protagonistes. Elle les oblige toutes à changer, à déplacer leur baromètre émotionnel, grâce aussi à leurs interactions".

Trois jeunes femmes différentes

Elle poursuit en dressant le portrait des trois jeunes femmes: "Quand Luciana, instable, voit concrètement la possibilité d’être séparée de sa petite fille, elle se transforme en une lionne qui défend son petit. Fatima, responsable mais peu affectueuse, fait un petit pas dans l’acceptation de sa maternité refusée et expérimente la joie de donner de l’amour grâce aux attentions qu’elle reçoit de Soeur Paola. Quant à cette dernière, elle découvre que l’amour totalisant qu’elle cherche en Dieu existe aussi sur Terre: c’est l’amour inconditionnel d’une mère pour son enfant".

L'instinct maternel –présent ou absent– et la maternité –trop précoce, désirée ou non, ou absente– sont le cœur du film. "Pendant l’écriture, on m’a constamment demandé qui était la protagoniste du film. Je pense que la véritable protagoniste est la maternité, comme point de rencontre entre ces différentes femmes", dit Maura Delpero.

Lire la critique:

> Ema: danse moderne et désir de maternité

Deux mondes cohabitent dans le foyer: aux tenues provocantes, aux maquillages exagérés, aux fugues de leurs jeunes pensionnaires s'opposent la rigueur, le sérieux et l'autorité des religieuses. La réalisatrice a mélangé des actrices professionnelles (pour les religieuses) et des actrices non professionnelles (pour les filles-mères, dont Agustina Malale, l'interprète de Luciana, trouvée dans un foyer).

Pour raconter cette histoire avec la volonté de ne pas porter de jugement et de poser un regard bienveillant sur ses personnages, elle a choisi une réalisation sobre: "la subtilité et la précision formelle, deux traits qui se nourrissent l’un de l’autre", explique-t-elle. "La forme est le respect. C’est essentiel lorsque vous traitez des thèmes sensibles comme ceux-ci. J’étais constamment sur la pointe des pieds".

Caméra fixe

Elle a aussi opté pour des images filmées avec la caméra fixe: "Murs, longs couloirs, fenêtres barrées: c’est une géométrie stricte qui entoure les personnages, générant de la dynamique. L’immobilité de la caméra était du coup une décision organique pour dire au monde que cet enfermement est «ici et maintenant»".

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