"Mektoub My Love" : les jeunes beautés callipyges d'Abdellatif Kechiche (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 20 mars 2018 - 12:12
Mis à jour le 21 mars 2018 - 11:54
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Mektoub My Love Film Ophelie Bau Shain Boumedine
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©Pathé Films
Ophélie Bau et Shaïn Boumedine sont les deux interprètes principaux du film.
©Pathé Films
Cinq ans après avoir obtenu la Palme d'or à Cannes pour "La vie d'Adèle", Abdellatif Kechiche s'intéresse à nouveau à la jeunesse –et notamment aux filles– dans son nouveau film "Mektoub My Love: Canto Uno", qui sort ce mercredi après avoir été présenté à la Mostra de Venise en septembre dernier.

Comme Jacques Dutronc, il pourrait chanter "J'aime les filles". Dans son nouveau film Mektoub My Love: Canto Uno (ce mercredi 21 sur les écrans), le réalisateur Abdellatif Kechiche donne, comme dans la plupart de ses films précédents, la part belle aux actrices. Et, ici, à leurs fesses.

Le rôle principal de son nouveau film est cependant celui d'un jeune homme d'une vingtaine d'années, Amin (Shaïn Boumedine), Parisien d'origine tunisienne qui a abandonné ses études de médecine pour tenter de devenir scénariste. On est en 1994, il retourne pour l'été à Sète où il a passé sa jeunesse et où ses parents tiennent un restaurant.

Il retrouve sa famille et ses amis de jeunesse, notamment son cousin dragueur Tony (Salim Kechiouche) et sa meilleure amie Ophélie (Ophélie Bau). Celle-ci est fiancée à un jeune homme parti faire son service militaire sur le porte-avions Charles-de-Gaulle mais elle le trompe avec Tony. Qui, lui-même, a d'autres conquêtes féminines parmi les jolies filles qu'il drague sur la plage.

Pendant cet été, dans les bars, dans les boîtes de nuit, sur la plage, les jeunes garçons et les jeunes filles se fréquentent, se séduisent, couchent ensemble –ou pas. Entre rivalités masculines et jalousies féminines, Amin reste en retrait. C'est plutôt le confident des filles, qui ne le voient pas comme un dragueur mais comme un beau gosse timide.

Là où les autres vivent les plaisirs de la chair, l'exubérance, le soleil, la joie de se retrouver, Amin préfère observer, s'enfermer dans sa chambre pour regarder un film de guerre soviétique muet en noir et blanc, développer ses photos dans le noir ou taper ses scénarios à la machine. Mais on sent bien qu'avec Ophélie il en voudrait un peu plus…

Mektoub en arabe signifie "c'était écrit" –c'est le destin, l'amour vient ou ne vient pas, on n'y peut rien. Le film est librement inspiré du livre de François Bégaudeau La blessure, la vraie (Ed. Gallimard, 2011). Ici Abdellatif Kechiche abandonne la narration et les constructions de scénario qui lui avaient valu les César de meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario pour L'Esquive (2004) puis pour La graine et le mulet (2007), et la Palme d'or du Festival de Cannes pour La vie d'Adèle (2013). Il se contente de filmer cette belle jeunesse, l'espace d'un été: "J’avais envie de retrouver une forme d’allégresse perdue, d’être d’emblée dans cette liberté-là, celle des corps, de la lumière, de la musique, des mouvements, ceux des personnages et ceux du cadre, sans forcément vouloir accrocher le spectateur à une narration".

Cela donne un film très long (trois heures), et des scènes interminables et répétitives avec des dialogues banals, voire insignifiants, souvent soûlants… On a l'impression que cela pourrait durer trois heures de plus sans que cela change –et d'ailleurs c'est le cas puisque la suite de ce Canto Uno (chapitre un) a déjà été tournée, et un troisième film est envisagé: "J’ai envie de garder les personnages, de leur donner de nouvelles chances, de les suivre, de leur offrir les histoires que peut-être ils n’ont pas eu le temps de vivre dans le roman ou dans les deux premiers films…", explique le réalisateur.

Lire aussi – Pour financer un nouveau film, Abdellatif Kechiche va vendre sa Palme d'or aux enchères

Pratiquement pas de scénario, mais des images. Des images où dominent la lumière et le soleil, et la beauté des corps masculins et féminins. Pas de scènes de sexe comme celles entre Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos dans La vie d'Adèle, cependant: une scène d'amour très réaliste entre Ophélie et Tony en début de film, quelques images de flirt et de drague, quelques baisers et attouchements entre filles, et c'est tout.

Le regard sensuel du réalisateur –et donc celui de son alter ego dans le film, le timide Amin­– se porte sur les corps des acteurs non professionnels qui jouent dans le film, avec beaucoup de naturel et parfois un peu de naïveté. Les beaux gosses du coin d'origine tunisienne (comme Kechiche), mais surtout les belles filles. Et surtout leurs belles fesses. Avec une insistance qui frise l'obsession, la caméra s'attarde en gros plan aussi bien sur les visages des jeunes actrices que sur leurs postérieurs quand elles dansent, ou marchent sur la plage, ou se trémoussent à quatre pattes sur un podium de boîte de nuit…

Certains spectateurs (et spectatrices) trouveront cela très agréable. D'autres s'offusqueront, comme ce fut le cas en septembre dernier à la Mostra de Venise où le film était présenté. En cette époque post-Weinstein, s'attarder pendant trois heures sur les fesses pulpeuses (mais habillées) de jeunes actrices n'est pas politiquement correct, et la phrase de François Truffaut qui disait que "le cinéma, c'est l'art de faire faire de jolies choses à de jolies femmes" est désormais jugée avec sévérité. Exemple parmi d'autres de ces critiques de Mektoub My Love à Venise: le tweet (voir ci-dessous) du site de cinéma féministe "Another Gaze", qui milite pour "un autre regard" cinématographique que celui des hommes (le "male gaze") qui domine depuis l'invention du cinéma il y a plus d'un siècle.

Réponse d'Abdellatif Kechiche à ces critiques: "Il n'y a rien de machiste dans mon approche, je décris plutôt des femmes fortes, puissantes et libres". Et le regard que les hommes portent sur les femmes est en soi l'un des sujets du film, à travers le voyeurisme du personnage d'Amin.

Et il faut reconnaître aussi à Kechiche –comme à Maurice Pialat dans A nos amours en 1983 avec Sandrine Bonnaire, 15 ans– d'avoir donné à de jeunes actrices inconnues, pour leurs débuts, des rôles qui leur ont valu à chaque fois le César du meilleur espoir féminin: Sara Forestier à 19 ans dans L'Esquive, Hafsia Herzi à 20 ans dans La graine et le mulet, Adèle Exarchopoulos à 20 ans dans La vie d'Adèle.

Sera-ce le cas pour Ophélie Bau? Si Shaïn Boumedine, formidable, est omniprésent et personnage principal dans le rôle d'Amin, c'est la jeune femme qui rayonne dans le film, lumineuse comme les images ensoleillées des scènes de plage. Agée de 25 ans, Ophélie Baufle de son vrai nom, fille d'avocat, Miss Besançon en 2014, elle a laissé tomber ses études d'infirmière pour suivre le cours Florent à Montpellier (voir ici son book vidéo) et se retrouve, pour son premier rôle, propulsée au premier rang de ce Mektoub My Love. En maillot de bain, en petite culotte ou en mini-short qui lui crie de prendre la taille au-dessus, on la remarque à chaque apparition et les mauvaises langues diront qu'on ne voit que ses fesses. C'est faux et injuste, elle a (aussi) un beau sourire, un petit air de Claudia Cardinale, un joli caractère et surtout une aisance devant la caméra qui peut lui promettre une belle suite de carrière dans le cinéma –cet art "de faire faire de jolies choses à de jolies femmes".

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