"Oleg" : la spirale infernale en Belgique d'un travailleur immigré letton (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 30 octobre 2019 - 19:14
Mis à jour le 31 octobre 2019 - 15:24
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Film Oleg
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©Arizona Films
Valentin Novopolskij interprète Oleg, un Letton qui quitte son pays pour aller travailler en Belgique.
©Arizona Films

CRITIQUE – Dans le film "Oleg" qui sort ce mercredi, un travailleur de Lettonie quitte son pays pour aller travailler en Belgique, mais se trouve coincé dans un traquenard dont il a du mal à s'échapper.

SORTIE CINÉ – Présenté à la Quinzaine des réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes, le film Oleg (ce mercredi 30 octobre dans les salles) donne un aperçu du cinéma de Lettonie à travers l'histoire d'un travailleur immigré embarqué dans une spirale infernale en Belgique.

Oleg (Valentin Novopolskij) est garçon boucher. Criblé de dettes, il quitte la Lettonie pour Bruxelles, où il espère travailler contre un salaire décent. Il est engagé dans une boucherie industrielle avec deux jeunes compatriotes, mais est mis à la porte car accusé (à tort) d'être responsable de l'accident dans lequel un collègue s'est coupé un doigt.

Il est alors aidé par un groupe d'immigrés polonais, à Gand. Il emménage dans une grande villa où vivent une demi-douzaine d'entre eux, sous la coupe d'Andrzej, le chef du clan qui alterne autoritarisme et empathie. Oleg commence à travailler dans le bâtiment, installe des panneaux solaires sur les toits. Mais il va vite s'apercevoir que les affaires d'Andrzej ne sont pas très nettes. Et va se retrouver coincé dans une spirale infernale dont il ne sait comment sortir…

C'est le second long-métrage du réalisateur letton Juris Kursietis, 36 ans, et il s'inspire d'une histoire vraie: "seulement 20 à 30% d’éléments dramatiques relèvent de la pure fiction", explique-t-il. "L’histoire vraie sur laquelle se base mon film s’est passée en Belgique. Bruxelles apparaît comme une capitale européenne idéale, multiculturelle. Cette histoire m’a captivé aussi pour ces raisons-là. Quand on parle de travailleurs exploités, originaires des pays de l’Est, on s’attend à ce que cela se situe en Grande-Bretagne ou ailleurs. La Belgique ne vient pas immédiatement à l’esprit. Mais à mesure que nos recherches progressaient, cette destination s’est imposée".

La Pologne et la Lettonie font partie de l'Union européenne. Ici des immigrés d'Europe de l'Est exploitent d'autres immigrés d'Europe de l'Est, dans le cadre de la libre circulation à l'intérieur de l'Union européenne. Mais le réalisateur voulait aussi mettre l'accent sur la situation de nombreux Lettons considérés comme "non-citoyens" dans leur pays, legs de la période soviétique: des étrangers venus travailler dans le pays à l'invitation des autorisés s'y sont installés mais sans jamais obtenir la nationalité lettone. "Je suis un éternel étranger", dit à un moment Oleg, à qui Andrzej a fourni un faux passeport polonais avant de le lui confisquer.

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Le film est sans artifices ni effets spéciaux, proche du documentaire, filmé caméra à l'épaule et avec le souci constant du réalisme, à la manière des frères Dardenne, de Ken Loach ou de Robert Guédiguian. Le réalisateur a choisi le format carré pour son image car, dit-il, "je voulais faire un film claustrophobe. Les gens me demandent souvent pourquoi le personnage ne prend tout simplement pas la fuite. L’enfermement dont il fait la terrible expérience révèle son insécurité et sa dépendance psychologique".

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