"Paranoïa" : Steven Soderbergh, c'est fou ! (la critique garantie sans spoiler)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 10 juin 2018 - 09:58
Mis à jour le 10 juillet 2018 - 22:19
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Claire Foy Film Paranoia
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©20th Century Fox
Claire Foy, internée contre son gré, affirme qu'elle n'est pas folle.
©20th Century Fox
CRITIQUE – Internée dans un asile, une jeune femme a toutes les peines du monde à prouver qu'elle n'est pas folle: c'est le scénario de "Paranoïa", le nouveau film du réalisateur américain Steven Soderbergh, qu'il a tourné entièrement avec un i-Phone.

SORTIE CINÉ – Une jeune femme est internée contre son gré dans un hôpital psychiatrique où elle va affronter sa pire terreur. Mais sa peur est-elle fondée, ou est-elle le fruit de son imagination? Vérité ou fantasme? C'est l'interrogation du nouveau film de Steven Soderbergh, Paranoïa, qui sort sur les écrans français ce mercredi 11 juillet.

Sawyer Valentini (Claire Foy) a quitté Boston pour échapper à un homme qui la harcelait et s'est installée en Pennsylvanie, où elle a trouvé du travail et entamé une nouvelle vie. Elle a du mal à se remettre de ces deux années de terreur et consulte régulièrement des psychologues.

Un jour, pour son suivi psychologique, elle se rend dans un institut psychiatrique où, après un entretien avec une conseillère, elle signe sans le savoir un internement volontaire de 24 heures. Elle se retrouve donc enfermée contre son gré, avec des pensionnaires mentalement perturbés, et passe la nuit avec eux dans un grand dortoir commun, téléphone portable et objets personnels confisqués.

Heureusement, elle ne doit tenir que quelques heures avant sa sortie... Mais tout bascule lorsque la jeune femme croit reconnaître, parmi les employés du complexe hospitalier, son ancien harceleur de Boston. Bien sûr personne, au sein de l'équipe médicale et à la direction, ne la croit et tous s'interrogent sur sa santé mentale. Dès lors, il n’est plus question pour eux de la laisser sortir…

Dans ce film Steven Soderbergh fait monter le suspense peu à peu et maîtrise de bout en bout ce thriller psychologique, dans lequel il dénonce le business juteux des mutuelles de santé aux États-Unis: la jeune femme est internée malgré elle parce que l'institut psychiatrique sait qu'il sera remboursé. Et on lui donne donc médicaments, sédatifs, calmants qui bientôt la mettent au même niveau mental que les autres patients vraiment perturbés, eux, et vont prolonger son séjour.

Dans le rôle principal, présente pratiquement dans tous les plans, l'actrice britannique Claire Foy est impressionnante. Peu connue au cinéma, elle a obtenu l'an dernier le Golden Globe de la meilleure actrice dans une série télévisée dramatique pour son rôle d'Élisabeth II dans la série The Crown produite par Netflix.

Soderbergh, 55 ans, Palme d'or à Cannes à 26 ans en 1989 avec Sexe, mensonges et vidéo, réalisateur notamment d'Erin Brockovich, seule contre tous ou de la trilogie Ocean's Eleven, Twelve et Thirteen (il a produit le récent spin-off féminin Ocean's 8), est l'un des cinéastes les plus éclectiques. Il avait annoncé sa retraite en 2013 avant de changer d'avis et, après plusieurs séries télévisées, de faire son retour au cinéma l'an dernier avec la comédie de braquage Logan Lucky.

Lire la critique – Ocean's 8: allez les filles!

L'une des particularités de son nouveau film est qu'il l'a tourné entièrement avec un i-Phone. Trucages, effets spéciaux, gros plans, mise en scène virtuose: on ne voit pas la différence avec un film tourné avec de "vraies" caméras. Ce n'est pas la première fois qu'un réalisateur utilise un téléphone portable, mais jusqu'à présent personne d'aussi célèbre que Soderbergh n'avait sauté le pas.

"C'est une époque fascinante pour faire des films. J'aurais aimé avoir un tel objet quand j'avais 15 ans", a-t-il déclaré en février dernier au Festival de Berlin, où son film avait été présenté hors compétition. Il confirme ainsi son intérêt pour les expériences nouvelles, et a annoncé sa volonté de recommencer. Il avait même l'intention de présenter ce Paranoïa sous un pseudonyme, tel un Romain Gary de la caméra: "je voulais me libérer de mon propre nom, de mon identité de cinéaste, pour pouvoir faire des choix qui ne me ressembleraient pas. Je voulais aborder ce film comme un exercice visant à développer une autre personnalité de metteur en scène. Je voulais être comme ces écrivains qui se créent des alter ego pour publier des livres différents sous un autre nom. C’était une demande légitime et je crois, raisonnable". Cela ne s'est pas fait mais, qui sait si, dans un avenir proche, il ne va pas essayer à nouveau…

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