"Persona non grata" : le polar sombre et ensoleillé de Roschdy Zem (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 15 juillet 2019 - 09:13
Mis à jour le 17 juillet 2019 - 22:26
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Raphael Personnaz et Nicolas Duvauchelle dans le film Persona Non Grata
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©Mars Distribution
Raphaël Personnaz (à gauche) et Nicolas Duvauchelle: deux amis liés par un lourd secret.
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CRITIQUE – Deux amis d'enfance associés dans une entreprise de BTP prennent une décision radicale et se retrouvent liés par un secret, avant que ne débarque un troisième personnage qui va contrecarrer leurs plans: le cinquième film de Roschdy Zem comme réalisateur, "Persona non grata", qui sort ce mercredi, est un polar noir au suspense bien mené.

SORTIE CINÉ – Un thriller noir sous le soleil du Sud-Est de la France: Persona non grata, le cinquième film réalisé par Roschdy Zem (ce mercredi 17 juillet sur les écrans) entretient le suspense jusqu'au bout, porté par un trio d'acteurs dont le réalisateur lui-même.

José (Raphaël Personnaz) et Maxime (Nicolas Duvauchelle), amis d'enfance, travaillent dur dans une entreprise de BTP du Languedoc-Roussillon, dont ils sont actionnaires minoritaires. Le patron, c'est Eddy, qui les empêche de voir plus grand et n'arrive pas à sortir l'entreprise de ses difficultés.

Alors, quand se présente une grosse opportunité immobilière ("25 hectares face à la mer, à transformer en habitats individuels pour bobos", explique un représentant ripoux de la mairie), ils saisissent leur chance. Mais, pour cela, il faut éliminer Eddy, opposé au projet.

José et Maxime passent à l'acte et, désormais liés par un sombre secret, poursuivent seuls les affaires et commencent à entrevoir un avenir meilleur. Jusqu'au jour où débarque Moïse (Roschdy Zem).

Langue bien pendue et chemisette à fleurs, décontracté et arrogant, il s'incruste, traîne dans les bureaux préfabriqués, s'immisce dans le chantier, fouine dans les affaires, s'improvise responsable de la sécurité, et réclame de devenir associé. Car, bien sûr, il est impliqué dans la mort d'Eddy et va faire chanter José et Maxime…

C'est le cinquième film de Roschdy Zem comme réalisateur, mais son premier polar. "Parce que j’adore ce genre qui permet de raconter beaucoup de choses. En l’occurrence, les travers et les faiblesses de l’homme", dit-il. "Ce qui est passionnant, c’est raconter la bascule. Comment un homme ordinaire, a priori bien sous tous rapports, va prendre une décision, celle de commettre l’irréparable, basculer de l’autre côté, et voir sa vie totalement bouleversée. Je ne veux pas raconter la vie d’un gangster, mais ce que nous sommes; raconter le fossé, pas si profond que cela, qui nous sépare des hors-la-loi. Que le spectateur se dise qu’il pourrait être cet homme-là. Ou tout du moins qu’il pourrait, ou a pu penser comme lui".

Le trio José-Maxime-Moïse représente cet appât du gain qui est l'un des thèmes du film, mais ces trois personnages masculins, virils, hors-la-loi, sans scrupules ont aussi leurs failles, de caractère sentimental. Elles ont le visage d'Anaïs (Nadia Tereszkiewicz), la fille et héritière d'Eddy, et d'Iris (Hafsia Herzi), une fille que rencontre Maxime dans un bar et dont il tombe amoureux.

Dans l'engrenage fatal dans lequel ils se sont engagés, José a davantage de nerfs et moins d'états d'âme que son copain Maxime. La nuance est bien rendue par les deux acteurs, qui se complètent: Raphaël Personnaz, impressionnant récemment dans le film Dans les forêts de Sibérie, et Nicolas Duvauchelle, qui jouait l'an dernier les petits malfrats dans Tout nous sépare.

Lire les critiques:

> Dans les forêts de Sibérie: un grand bol d'air frais

> Tout nous sépare: Nekfeu fait chanter Catherine Deneuve

Mais c'est le troisième membre du trio infernal qui attire l'attention, jusqu'à la fin du film: Moïse, personnage anxiogène, au départ sympathique et déroutant, qui aligne les aphorismes en prenant des airs sérieux ("Ce que la rue t'apprend n'existe dans aucun livre", "La vie est une flamme: un vent, et elle passe", "C'est beau le mystère, ça entretient le désir", "La vie est la sœur du hasard"), protecteur et protégé de ses amis gitans, roublard et inquiétant, qui va faire monter et durer le suspense à lui tout seul.

Le scénario est bien ficelé et l'ambiance oppressante, bien rendue par ces visages filmés au plus près et des décors naturels gorgés de soleil, à l'opposé de l'aspect sombre de l'histoire. "J’aimais l’idée de raconter un film noir dans une région très chaude, ensoleillée, comme le Languedoc-Roussillon. Le contraste est saisissant", explique Roschdy Zem, qui a co-écrit le scénario du film, comme les quatre précédents qu'il a réalisés depuis 2006.

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