Aude Lancelin : l'ex-directrice adjointe de "L'Obs" reçoit le Renaudot essai pour "Le Monde libre"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 03 novembre 2016 - 16:50
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Ironiquement, le jury du Renaudot compte parmi ses membres Jérôme Garcin, chef du service culture de L'Obs et donc ancien collègue d'Aude Lancelin.
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La journaliste Aude Lancelin, ex-directrice adjointe de "L'Obs" a reçu ce jeudi le prix Renaudot essai pour "Le Monde libre", un livre dans lequel elle règle ses comptes avec les actionnaires du journal dont elle a été licenciée fin mai.

La journaliste Aude Lancelin a reçu jeudi le Renaudot essai pour Le monde libre, un récit féroce dans lequel l'ex-directrice adjointe de L'Obs, licenciée de ses fonctions fin mai, règle ses comptes. Dans ce livre à clefs paru début octobre, il est question d'un journal appelé L'Obsolète, dont la figure tutélaire est "Jean Joël" et le directeur de la rédaction "Matthieu Lunedeau". Son constat est sévère, ses portraits sont assassins. Les trois actionnaires de L'Obsolète sont croqués avec une rare cruauté.

"L'un devait sa fortune colossale à la haute couture (...) et ne se distinguait plus guère publiquement que par le mécénat de prix littéraires", écrit Aude Lancelin qui évoque également "un banquier d'affaires à l'intelligence très vive" qui "s'enthousiasmait pour des caudillos de la gauche radicale (...) et passait néanmoins sa vie à se couler amoureusement dans les circuits de l'argent". Le troisième homme (qui obtiendra sa tête), c'est "l'ogre venu des télécoms". Jamais ils ne seront cités, mais on pense évidemment au trio d'actionnaires de L'Obs, Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel.

L'essai a reçu le soutien du président du jury du Renaudot, Patrick Besson, chroniqueur au Point, qui avait salué dans les colonnes de l'hebdomadaire concurrent ce "réquisitoire foudroyant" écrit "avec grâce et élégance". Un autre juré, l'écrivain Frédéric Beigbeider, avait indiqué sur France Inter son intention de voter pour cet essai. Selon Libération, le journaliste Franz-Olivier Giesbert, également membre du jury et ancien directeur du Point, a également soutenu activement le livre publié par Les liens qui libèrent.

Ironiquement, le jury du Renaudot compte parmi ses membres Jérôme Garcin, chef du service culture de L'Obs et donc ancien collègue d'Aude Lancelin. "Pas une phrase, pas un fait (relatés dans ce livre) n'ont été inventés ou même déformés", assure dans l'ouvrage Aude Lancelin qui reconnaît cependant avoir modifié les noms de ses anciens collègues. La journaliste, qui affiche sa proximité avec le philosophe marxiste Alain Badiou, fustige pêle-mêle "la décadence" du métier de journaliste, la "police intellectuelle" et "un socialisme d'appareil à l'agonie".

Compagne de l'économiste Frédéric Lordon (l'une des figures du mouvement Nuit Debout), Aude Lancelin s'estime victime d'une éviction politique. Elle n'est pas tendre avec ses confrères prêts à avaler "n'importe quoi" ou des intellectuels comme Bernard Henri-Lévy (nommément cité), "sentencieux maître à penser de L'Obsolète". Déjà en 2010, raconte Aude Lancelin, un de ses articles se moquant de l'auteur de La barbarie à visage humain manqua de provoquer son licenciement du journal.

Mais c'est évidemment à l'égard des dirigeants socialistes qu'elle se montre la plus pugnace. Depuis les années 1980, la gauche gouvernementale "férocement libérale" s'est "délibérément vendue au capitalisme financier", déplore-t-elle. Le Premier ministre Manuel Valls est un "petit homme colérique aux idées simples". "Si être +de gauche+ ne consistait pas à défendre le faible contre la myriade d'exploitations variées que le fort était en train de réinventer, qu'est-ce que cela pouvait donc bien être ?", s'interroge Aude Lancelin, qui affirme avoir dénoncé, quasiment seule au sein de sa rédaction, la loi Travail. Or, souligne-t-elle, "la gauche radicale a toujours été le seul ennemi véritable à L'Obsolète". Aude Lancelin affirme être sortie "entièrement transformée mais non brisée" de cette épreuve. "Moins résignée et plus hérétique que jamais".

 

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