Shah Marai, photographe de l'AFP, tué dans le double attentat de Kaboul (photos)

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 30 avril 2018 - 14:10
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Shah Marai
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©Johannes Eisele/AFP
Shah Marai était photographe en Afghanistan pour l'AFP depuis une vingtaine d'années et père de six enfants.
©Johannes Eisele/AFP
Shah Marai, photographe de l'AFP et l'un des rares journaliste a avoir pu travailler dans son pays, l’Afghanistan, pendant la domination des talibans a été tué ce lundi dans un attentat-suicide à Kaboul qui a notamment ciblé les médias. Ses 20 ans de travail laissent un précieux témoignage.

Shah Marai, photographe de l'AFP, fait partie de la vingtaine de victimes (bilan encore provisoire) du double attentat suicide perpétré à Kaboul ce lundi 30. Le déroulement des faits laisse penser que les journalistes faisaient partie des cibles de cette attaque revendiquée le groupe Etat islamique (EI).

En effet, selon les premiers éléments dévoilés par les forces de sécurité de Kaboul, une fois les médias arrivés pour couvrir la première explosion, un homme "muni d'une caméra" se serait glissé parmi les reporters avant de déclencher sa bombe. Trois autres journalistes travaillant pour des chaînes de télévision afghanes ont été fauchés par cette explosion.

Shah Marai avait débuté comme chauffeur pour l'AFP en 1995, alors que le pays était sous domination des talibans. Son talent pour la photographie a alors été repéré et il a donc eu l'opportunité de se former en France avant de revenir travailler dans son pays.

Voir: Double attentat suicide à Kaboul: plus de 20 morts dont un photographe de l'AFP

Il faisait partie des rares témoins de ce qu'était l'Afghanistan d'avant 2000. D'une époque où il était même "interdit de photographier tous les êtres vivants, les hommes comme les animaux ", racontait-il dans un témoignage à l'AFP en 2016.

Cachant constamment son appareil photo, Shah Marai a continué à immortaliser les scènes de guerre mais aussi le quotidien d'une population dans un pays où plusieurs générations n'ont jamais connu de véritable paix. Les journalistes étaient alors très peu nombreux et en 2000 "tous les étrangers ont été chassés. Je me suis retrouvé à tenir le bureau, depuis lequel je téléphonais des informations à celui d'Islamabad, au Pakistan, avec un téléphone satellite".

Puis les Etats-Unis et leurs alliés ont envahi l'Afghanistan, emportant de nombreux reporters dans leur sillage. Shah Marai racontait les changements aussi bien pour son travail de journaliste que pour la population, puis la désillusion avec le retour des talibans:

"Aujourd'hui, les talibans sont de nouveau partout et nous, nous sommes la plupart du temps coincés à Kaboul. (...) Je n'ai plus grand chose à montrer et puis les gens ne sont plus aussi amicaux avec l'appareil photo: ils sont même agressifs parfois, plus personne ne se fait confiance, surtout quand tu travailles pour une agence étrangère. Ils se demandent si tu es un espion".

Père de cinq enfants à l'époque, six désormais, il expliquait: "chaque matin pour venir au bureau, chaque soir en rentrant, je pense à la voiture piégée, au kamikaze qui va peut-être surgir de la foule. Je ne peux pas prendre ce risque pour eux. Alors on ne sort pas". Ce témoignage se concluait par: "Je n'ai jamais senti si peu de perspectives et je ne vois pas d'issue. C'est le temps de l'angoisse".

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