Danone change de patron en quête de meilleurs profits

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Par Mehdi CHERIFIA - Paris (AFP)
Publié le 15 mars 2021 - 11:00
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L'entrée de l'usine Danone à Bailleul, dans le Nord, le 23 novembre 2020
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© DENIS CHARLET / AFP/Archives
L'entrée de l'usine Danone à Bailleul, dans le Nord, le 23 novembre 2020
© DENIS CHARLET / AFP/Archives

La fronde d'actionnaires qui jugent Danone pas assez rentable a finalement eu raison d'Emmanuel Faber: le patron de la maison- mère d'Evian et d'Actimel a été évincé avec effet immédiat, une décision regrettée par les syndicats mais saluée par les marchés.

Connu pour défendre un capitalisme libéré du court-termisme, plus vert et plus social, Emmanuel Faber, 57 ans, était devenu la cible ces derniers mois des fonds activistes Bluebell Capital et Artisan Partners qui le rendaient responsable de performances jugées moins bonnes que celles de concurrents comme Nestlé ou Unilever, y compris pendant la pandémie.

Son départ a été acté par le conseil d'administration, où siège encore Franck Riboud, le fils du fondateur de Danone. C'est Gilles Schnepp, ex-patron historique du fabricant de matériel électrique Legrand, qui devient l'homme fort du groupe en prenant la présidence.

L'annonce a fait grimper l'action Danone d'un peu plus de 3% lundi après-midi à la Bourse de Paris.

En attendant de trouver un nouveau directeur général "d'envergure internationale", un duo intérimaire a été désigné "pour assurer la continuité de l'opérationnel": il est composé d'une directrice générale, Véronique Penchienati-Bosetta, et d'un directeur général délégué, Shane Grant.

M. Faber, 57 ans, directeur général en 2014, avait été promu PDG en 2017.

Son départ s'est fait en deux temps. Il avait perdu les pleins pouvoirs début mars, lorsque le conseil d'administration avait décidé de dissocier les postes de président et de directeur général. Un gage octroyé aux deux fonds Artisan Partners et Bluebell Capital, entrés récemment au capital à la faveur de la baisse de l'action.

Il avait alors été décidé de conserver Emmanuel Faber à la présidence du conseil d'administration, c'est-à-dire de lui laisser la main sur les orientations stratégiques, et de rechercher un nouveau directeur général, sans qu'une date soit toutefois fixée. En attendant, Emmanuel Faber continuait d'assurer la direction générale.

Dès le surlendemain, Artisan Partners, qui faisait campagne pour son départ pur et simple, avait dit inciter "vivement le conseil à revoir sa position" et à nommer un dirigeant "vraiment indépendant".

- Syndicats inquiets -

Artisan et Bluebell ont salué les décisions annoncées lundi, susceptibles selon eux de profiter à l'ensemble du groupe et de ses actionnaires.

"La nomination de nouveaux dirigeants et une meilleure gouvernance d'entreprise va renforcer l'entreprise au profit de toutes les parties prenantes", a déclaré Artisan. "Ce sont des premiers pas décisifs pour remettre Danone sur une trajectoire de croissance rentable", a estimé Bluebell.

Ces deux fonds jugeaient que, sous la direction d'Emmanuel Faber, Danone avait reculé par rapport à ses principaux concurrents.

Inquiets de voir des fonds d'investissement dicter peu ou prou la stratégie du groupe, plusieurs syndicats de Danone (CFDT, FO et CGC) soutenaient la gouvernance actuelle, malgré un plan en cours de suppression de 2.000 postes dans le monde.

"On est inquiet pour l'emploi, pour nos territoires", a réagi lundi auprès de l'AFP Michel Coudougnes, coordonnateur SNI2A CFE-CGC.

"Cette situation semble donner raison aux fonds activistes qui avec quelque 3% du capital arrivent à bouleverser un conseil d'administration", s'est-il ému.

Au-delà de l'emploi et du maintien de l'intégrité du groupe, plusieurs élus syndicaux s'inquiétaient d'une évolution éventuelle de la culture de l'entreprise.

"On soutient une gouvernance respectueuse du social et des questions environnementales, une gouvernance qui fait de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises, ndlr) depuis 30 ans. La pression des fonds activistes, évidemment, nous inquiète", a commenté Hélène Deborde (FGA-CFDT).

En 2020, le chiffre d'affaires du géant agroalimentaire français avait reculé de 6,6%, fortement affecté par la chute des ventes des bouteilles d'eau, les consommateurs étant moins sortis de chez eux pendant les confinements.

Mais Emmanuel Faber avait promis en février un "retour à la croissance dès le second trimestre" 2021.

Lui aussi chahuté par la crise du Covid-19 et ses conséquences sur la consommation, le concurrent de Danone, Unilever, a pour sa part réussi à limiter le repli de ses ventes à 2,4% l'an passé.

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