Commerce en ligne : Bercy veut des “mesures concrètes” face à un “afflux de colis” provenant de Chine

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France-Soir
Publié le 30 avril 2025 - 13:56
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La liberté du commerce menacée ? Le gouvernement français voit d’un mauvais œil le flux en hausse constante de colis en provenance de Chine, dont les commandes ont été réalisées sur les plateformes e-commerce comme Shein, Temu ou encore Amazon. Bercy craint que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine se répercute sur l’Europe, particulièrement la France, pour fuir les droits de douanes américains sur les petits colis en provenance de Chine tout en tirant profit de l’exemption européenne pour les commandes de moins de 150 euros. 

Les États-Unis ont récemment durci leur politique tarifaire à l’encontre des importations chinoises, notamment sur les petits colis, dans le contexte d’une guerre commerciale exacerbée. Début avril 2025, le président américain a signé un décret triplant les droits de douane sur les petits colis en provenance de Chine, faisant passer le taux de 30 % à 90 % et relevant le seuil minimum de taxation de 25 à 75 dollars. Cette mesure vise directement les géants du commerce en ligne comme Shein ou Temu, qui expédient massivement vers le marché américain. Par ailleurs, l’exemption de droits de douane pour les colis d’une valeur inférieure à 800 dollars, qui existait depuis le US Tariff Act de 1930, a été annulée, soumettant désormais ces colis à une taxation systématique.

1,5 milliard de colis l’an dernier en France

Cette politique américaine s’inscrit dans un climat de tensions commerciales croissantes, où Washington applique désormais des droits de douane pouvant atteindre 145 % sur la plupart des importations chinoises, en cumulant plusieurs mesures tarifaires. Face à ce tour de vis aux États-Unis, la crainte grandit en France et en Europe de voir une partie du flux de colis chinois se détourner vers le marché européen, où la réglementation reste plus souple. 

En 2024, environ 4,6 milliards d’envois de faible valeur, à 91 % en provenance de Chine, sont ainsi entrés sur le marché européen, soit plus de 145 colis chaque seconde, bénéficiant d’une exonération de droits de douane pour les colis de moins de 150 euros. En France, ce sont 800 millions de colis d’une valeur inférieure à 150 euros qui ont été livrés l’an dernier, sur un total de 1,5 milliard de colis, selon les chiffres de Bercy.

“En quelques jours, près de la moitié des commandes passées par des enseignes américaines ont été annulées chez les fournisseurs chinois d’articles de bazar”, explique un directeur chez AlixPartners, un cabinet de conseil. “C’est massif. Ces fournisseurs sont inquiets du très court terme. Ils ont besoin de liquidités. Ils vont chercher à vendre leurs stocks sur différentes plateformes en ligne”, prédit-il. 

De quoi inquiéter le gouvernement français. “À eux trois, Shein, Temu et Amazon représentent un quart des ventes de mode en ligne en France”, fait remarquer le ministère de l’Économie. Eric Lombard et trois ministres,   Amélie de Montchalin (chargée des Comptes publics), Véronique Louwagie (chargée du Commerce) et Clara Chappaz (chargée de l'IA et du Numérique), se déplaceront ce mardi à l'aéroport Charles de Gaulle pour annoncer des “mesures concrètes” pour réguler le flux des colis provenant de Chine. 

Des “mesures concrètes” pour “préserver le consommateur”

Il est question de “mettre la focale sur la question de la régulation des plateformes”, compte tenu de la guerre commerciale qui oppose Washington et Pékin, qui “recompose les flux commerciaux” et fait craindre un “risque de déport des flux chinois vers des territoires européens, notamment la France”, a ajouté la même source. 

Bercy précise ne pas observer “un déport tel quel” en ce moment mais évoque des “velléités des plateformes d’avoir une communication peut-être plus agressive et plus présente vis-à-vis des consommateurs européens”.

Que prévoit l’exécutif ? Sensibiliser les consommateurs déjà. Des “mesures concrètes” ensuite. Celles-ci devront “répondre à ce flux de marchandises, préserver la sécurité des consommateurs” et surtout celle des fabricants locaux, le tout sans “remettre en cause le commerce” en ligne. 

Se dirige-t-on vers la fin de l’exemption du droit de douanes pour les colis de moins de 150 euros, du moins en France ? Le ministère de l’Économie dit que “des analyses sont en cours” pour savoir s’il est juridiquement possible de le faire, bien que “ce ne soit pas l’intention de départ”. 

Les intentions du gouvernement français et ses “mesures concrètes” suscitent déjà les réactions des internautes. Nombreux s’interrogent sur cette “sensibilisation” et font remarquer que les produits provenant de la Chine sont justement achetés sur les plateformes désignées car les prix sont bien moins chers que ceux des produits, provenant de Chine également, mais vendus par les grandes enseignes.

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