Quand jouer n'est plus un jeu : comprendre les mauvais perdants

Auteur:
 
Rodolphe Oppenheimer, édité par la rédaction
Publié le 18 juin 2019 - 16:46
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Des enfants prennent la place des pièces du jeu d'échec dans une école de Budapest, le 14 juin 2014
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© PETER KOHALMI / AFP
Certaines personnes ne supportent pas de perdre, même au jeu le plus anodin.
© PETER KOHALMI / AFP

Certaines personnes ne supportent pas la défaite, même au jeu le plus anodin, en famille ou face à un enfant alors qu'ils ont largement dépassé l'âge de raison. Mais pour eux, c'est bien plus qu'un moment ludique qui se déroule autour d'un plateau. Pour France-Soir, le psychanalyste Rodolphe Oppenheimer livre ses conseils.

Jouer, ce n’est pas toujours drôle! Il y en a qui à chaque fois jouent leur vie! Pour eux, ce n’est pas simplement jouer; autre chose se trame dans chaque partie. L’issue du jeu est cruciale. Elle peut être source de plaisir ou de souffrance. Les psychologues s’entendent tous sur cette situation: être mauvais perdant engendre des souffrances que le commun des mortels ne peut même pas soupçonner!

> Comment reconnaître un mauvais perdant ?

Le mauvais perdant est une personne qui est complètement démolie parce qu’elle a perdu une partie. Elle s’est tellement investie dans le jeu que cette issue lui est fatale: il lui faudra des heures pour se remettre de sa défaite. Certaines personnes vont avoir un comportement agressif: la planche de jeu se retrouve par terre, tout ce qui était sur la table est projeté dans tous les sens, ils boudent longtemps après l’issue de la partie. Ces mauvais perdants sont autant des enfants que des adultes. On admet facilement qu’un enfant soit mauvais perdant, mais il en va autrement pour l’adulte: pourquoi se comporte-il comme un enfant?

> Le mauvais perdant met sa vie en jeu

Le mauvais perdant ne se comporte pas du tout comme un enfant! Le mauvais joueur joue sa vie. En fait, la compétition donne au mauvais joueur l’illusion qu’il peut être maître du monde. Le mauvais perdant transpose dans le jeu ce qu’il aimerait expérimenter dans sa vie: la reconnaissance et le succès. Il s’invente un univers dans lequel il est tout-puissant! Il s’investit de façon démesurée et prend tout trop au sérieux comme s’il en allait de sa vie!

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En fait, le jeu offre un cadre précis régit par des règles rigoureuses où tous les joueurs partent sur le même pied d’égalité. Cela confère au jeu une égalité des chances que l’on ne trouve pas dans la vie quotidienne. C’est un cadre parfait pour le mauvais joueur qui y trouve le lieu idéal pour mettre en jeu son être entier. À ce titre, perdre est un échec, un terrible échec personnel. S’étant projeté pendant quelques heures dans un rôle à l’image de son ambition, le mauvais joueur qui perd est un joueur perdu. Sa perte est une souffrance inqualifiable. Toute défaite est un drame.

> Est-il possible de devenir un bon joueur?

Il va sans dire que l’incapacité dans laquelle se trouve le mauvais perdant d’accepter sa défaite révèle un rapport dysfonctionnel avec la vie. Jouer devrait être un moment de détente et de plaisir, une occasion de se réunir entre amis pour profiter de la vie. On ne devrait jamais jouer sa vie car on y joue toujours son bien-être. On cumule frustrations et désillusions! Au fond, ce n’est qu’un jeu…

Le mauvais joueur aura tout intérêt à consulter un spécialiste ou un psychothérapeute s’il veut sortir de cet engrenage: il est si agréable de jouer en toute simplicité!

Cet article a été rédigé par Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste (https://psy-92.net/). Il est l'auteur d'un nouvel ouvrage Une vie heureuse et réussie (mode d'emploi) aux éditions Marie B.

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