Maison Tamboite : le vélo de luxe reprend vie

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 19 février 2016 - 11:21
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Le patron de la maison Tamboite, Frédéric Jastrzebski.
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"Je me souviens par contre d'un jour où Coluche est venu au magasin", raconte Frédéric Jastrzebski.
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Enfourché par Marlène Dietrich, Bourvil ou encore Edith Piaf en leur temps, les vélos de la Maison Tamboite, fermée dans les années 1980, retrouve un second souffle. L'ambition de l'arrière-petit-fils du fondateur, Frédéric Jastrzebski, est de cibler le créneau de l'ultra-luxe avec des montures dont les prix dépassent les 10.000 euros.

Une selle en buffle, des câbles de frein gainés de cuir, un cadre sur mesure: c'est sur le créneau du vélo ultra-luxe qu'un ancien courtier mise tout pour relancer l'atelier de cycles Tamboite fondé par son arrière-grand-père en 1912.

Marlene Dietrich, Charles Trenet, Bourvil, Maurice Chevalier, Edith Piaf ou encore Joséphine Baker ont tous enfourché un vélo sorti de cette fabrique artisanale du temps où elle était installée aux Batignolles, dans le nord-ouest de Paris. "Mon grand-père ne se vantait pas du nom de ses clients, et c'est en feuilletant ses carnets de commandes et son journal où il notait des anecdotes que nous avons retrouvé la trace de ces personnalités. Mais je me souviens par contre d'un jour où Coluche est venu au magasin", raconte à l'AFP Frédéric Jastrzebski.

Dans le nouvel atelier de la Maison Tamboite, niché dans une cour pavée près de la place de la Bastille, il a conservé les anciens tiroirs en bois de la boutique d'origine, l'outillage d'époque, un vieux catalogue à peine jauni ainsi que le comptoir sur lequel travaillait son arrière-grand-père, fondateur de l'affaire en 1912. Mais la saga familiale s'interrompt dans les années 1980 lorsque l'oncle qui avait pris le relais met la clé sous la porte, "confronté à la production industrielle de vélos et la vente en supermarchés".

C'est fin 2014, au tournant de ses cinquante ans, dont vingt passés dans la finance, que Frédéric Jastrzebski décide de reprendre le flambeau avec son frère et leurs épouses, "pour faire revivre la marque avec la même sincérité dans le travail artisanal, la même recherche d'authenticité et de perfection".

"Dalou", "Henri" et "Marcel" sont les trois premiers modèles de la nouvelle Maison Tamboite qui vient tout juste de relancer sa production, et cherche à séduire une clientèle qui conçoit le vélo "comme esthétique urbaine" et veut "pédaler en ayant une allure élégante". Rutilants mais sans ostentation, les cycles frisent l'œuvre d'art avec leur cadre aubergine ou bleu pétrole réchauffé par la teinte miel du hêtre -originaire de la région du lac de Côme- dont sont faits les garde-boue et les jantes. Le cuir est partout: cousu au point sellier et patiné à la main, il habille guidon, antivol, câbles, selle et sacoche. Et se glisse même sous la pédale pour la ramener vers soi sans égratigner sa chaussure.

Le prix de ces vélos d'exception? A partir de 11.000 euros, et 15.500 euros pour la version électrique dont le petit moteur hybride, glissé dans le moyeu arrière, se remarque à peine. "Le temps justifie le prix", souligne Frédéric Jastrzebski qui fixe un délai de trois mois pour fabriquer un modèle sur mesure -basé sur une quinzaine de paramètres du client (pointure, longueur du buste, de l'avant-bras, etc.). Le vélo, "à l'instar d'une montre, un bijou, un sac-à-main ou une œuvre d'art, va prendre sa place comme accessoire de luxe qui génère une vraie émotion", selon lui.

Son jeune maître-cadreur de 24 ans -le seul salarié de l'atelier- confirme: "c'est un travail proche de la joaillerie, qui nécessite la même minutie et les mêmes outils, comme la lime-aiguille, pour sa précision", relève Hugo Canivenc qui réalise les délicates opérations d'assemblage.

A lui seul, le cadre du vélo peut nécessiter un mois de travail, sans compter les finitions -comme les bouchons de valve chromés ou la fixation particulière de la selle, tenue "par une vis dans la vis qu'on ne peut pas dévisser, et qui empêche donc le vol". Mais est-ce vraiment raisonnable de laisser son vélo Tamboite dans la rue? "Nos modèles sont numérotés et traçables. Et rappelons aussi que ce sont les modèles les plus basiques de vélos qui sont le plus souvent volés", sourit M. Jastrzebski, soulignant que ses modèles "sont aussi de très beaux objets de décoration qu'on peut remonter chez soi et exposer dans son hall d'entrée, voire son salon".

 

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