Opinel, à la pointe depuis 125 ans.

Auteur(s)
VL
Publié le 18 mars 2015 - 11:38
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Un catalogue Opinel de 1936.
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©DR
Dès 1936, Opinel vente la robustesse et la qualité de ses couteaux dans ses catalogues.
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A la fin du XIXème siècle, un jeune artisan savoyard se fabriquait un couteau. L’usine que dirigent aujourd’hui ses descendants en vend des millions par an. Les couteaux Opinel, plus que des outils, font partie depuis cinq générations du quotidien des Français et de millions d’autres.

Un pique-nique, des vacances au camping, une séance de jardinage ou de bricolage… l’Opinel n’est jamais bien loin de ces moments du quotidien. Le célèbre couteau de poche n’est pas le seul produit de la marque du même nom mais, 125 ans après, il en reste la création emblématique.

Joseph Opinel voit le jour en 1872 à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie). Depuis plus d’un siècle déjà, sa famille travaille le métal. Son père et son grand-père avant lui sont forgerons–taillandiers au bord de l’Arvan. Les Opinel y fabriquent serpes et haches pour les paysans de la région.

Très habile (il se construira à la même époque son propre appareil photo), Joseph Opinel, 18 ans, utilise les chutes de métal de l’atelier pour fabriquer de petits couteaux repliablesIl commence par les vendre à son entourage, mais très vite leur réputation conquiert la région. En 1896, six ans après que le premier Opinel eut été forgé, la production anecdotique se transforme en une petite fabrique où 4 personnes produisent une soixantaine de couteaux par jour. Ils seront une quinzaine en 1901 dans une nouvelle fabrique.

L’atelier familial devient une entreprise en 1909 avec le dépôt du nom de la marque et de son symbole, la fameuse main couronnée. Les colporteurs font connaître ses produits dans toutes les Alpes, jusqu’en Suisse et en Italie. La simplicité, la robustesse, l’ergonomie et le prix raisonnable de ces couteaux sont fort appréciés dans ces régions très marquées par l’artisanat, l’agriculture et l’élevage. Cette réussite naissante permet à Opinel de prendre le virage de l’industrie.

En 1915, Joseph Opinel installe son entreprise à Cognin près de Chambéry, toujours en Savoie. Ses deux fils, Marcel et Léon, viennent travailler avec lui. Touchée comme l’ensemble de l’industrie française par la Première guerre mondiale, puis par l’incendie de l’usine en 1926, Opinel rebondit en en reconstruisant une encore plus moderne.

Les maîtres-mots de la marque: la qualité bien-sûr, mais aussi un sens strict des économies. Opinel coupe dans les dépenses superflues et fait la chasse au gaspillage afin de proposer un produit de qualité à un prix abordable. Ce qui lui fait dire dans un prospectus de 1936: "Vous trouverez des outils meilleur marché que les nôtres. Quant à la qualité, n’ayez pas d’illusion, elle est en rapport avec le prix!!".

Opinel affûte ses arguments

Il faudra une seconde guerre mondiale pour qu’Opinel marque à nouveau le pas. Les Trente Glorieuses poseront par la suite un nouveau défi à l’entreprise puisque l’Opinel ne peut rester seulement le couteau du travailleur manuel. Mais forte d’un système de production rationalisé et d’une image ancrée dans l’esprit des Français, la marque maintient ses ventes. L’Opinel devient le couteau du quotidien et des loisirs.

Seule modification notable depuis sa création, la bague de sécurité permet à partir de 1955 de bloquer la lame en position ouverte. Il faudra attendre 2000 pour la bloquer en position fermée.

Au décès de Joseph Opinel en 1960, ses deux fils poursuivent l’industrialisation de la marque en installant dans les années 70 et 80, à Chambéry même, des ateliers spécialisés dans les différentes phases de fabrication. Les années 80 seront également celles de la consécration. En 1985, le couteau Opinel est classé par le Victoria & Albert Museum de Londres parmi les 100 objets les mieux dessinés au monde, aux côtés de la Porsche 911, d’une montre Rolex ou d’une paire de Ray-Ban.

Mais surtout, en 1989, l’"Opinel" entre dans le Larousse comme un nom commun, au même titre que le "Bic" ou le "Frigidaire". Il est tellement présent dans le quotidien des Français que la marque n’a pratiquement pas besoin de faire de publicité. Les célébrités en sont les ambassadeurs involontaires. Pablo Picasso s’en serait servi pour de petites sculptures, Paul Bocuse pour son marché, Eric Tabarly sur son bateau...

Toutefois, les années 1980 marquent aussi une stagnation des ventes. La marque peine à trouver un second souffle. Sous la direction de Maurice et Denis Opinel, fils de Marcel, plusieurs opérations de diversification seront lancées. Des couteaux commémoratifs (anniversaire du Débarquement, Tour de France…) d’abord, puis des modèles spécialisés: épluche-légume, couteaux à huîtres, à bouts arrondis pour les enfants, de couleurs vives pour séduire un public plus féminin.

L’année 2009 verra la création d’une gamme de couteaux de cuisine. En avril prochain, 125 ans après la fabrication du premier Opinel, la marque lancera un sécateur, premier de ses produits à ne pas être un couteau ou un dérivé (serpette, scie de poche).

La stratégie récente d'Opinel lui a permis de doubler son chiffre d’affaires entre 2005 et 2012 pour atteindre 18,8 millions d'euros en 2014. Pourtant, le couteau repliable originel, particulièrement l’éternel N°8 (à la lame de 8cm), représente toujours 65% des ventes.

De même, alors que les produits Opinel sont disponibles dans plus de 70 pays, seules 45% des ventes se font à l’étranger. Un nouveau défi à relever pour la PME de 90 salariés et aux près de 350 millions d’articles vendus depuis sa création.

 

 

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