Jordanie : sur les pas des prophètes, la nouvelle Terre promise des pèlerins chrétiens

La Jordanie attire chaque année un nombre croissant de pèlerins chrétiens. Ce royaume du Proche-Orient conjugue spiritualité, hospitalité et paysages bibliques grandioses. Portée par une dynamique de paix interreligieuse rare dans la région, la Jordanie devient une nouvelle étape incontournable sur la carte des grandes destinations sacrées.

Longtemps reléguée derrière Israël dans les circuits spirituels, la Jordanie s’impose désormais comme une destination majeure du pèlerinage chrétien. Aux confins du Jourdain, du Mont Nébo et des vestiges mosaïques de Madaba, le royaume hachémite offre aux croyants un voyage incarné, intense, apaisé — sur les traces du Christ, mais aussi de Moïse, Josué, Zachée ou encore Jean-Baptiste.

« Je ne pensais pas être prise à ce point par le lieu, par l’émotion qui s’en dégage, confie Laurence, directrice diocésaine en mission dans les Landes. Visualiser l’endroit précis où Jésus a été baptisé, marcher sur la terre de ses pas, c’est unique. On a l’impression d’être dans les pages de la Bible. »

C’est là, dans les eaux calmes du Jourdain, que Jean-Baptiste aurait baptisé le Christ. Le site de Béthanie, à l’est du fleuve, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, attire chaque année des dizaines de milliers de pèlerins. Loin des foules de Jérusalem, la Jordanie offre ici un pèlerinage plus recueilli, plus intime.

Dans une simplicité saisissante – quelques pierres, un peu d’eau, et le souffle d’un texte vieux de deux millénaires – les croyants s’aspergent symboliquement, prient en silence, s’émeuvent. L’expérience est mystique autant qu’historique.

Moïse, Madaba et la Terre Promise

À une trentaine de kilomètres de là, le Mont Nébo complète ce parcours biblique. Selon la tradition, c’est de ce sommet qu’au terme de son errance, Moïse aurait contemplé la Terre promise avant de rendre son dernier souffle. Le panorama, vaste et solennel, ouvre sur la vallée du Jourdain, la mer Morte et Jéricho, à peine visible à l’horizon. Pour beaucoup de visiteurs, c’est une expérience intérieure autant que géographique : “On voit, comme Moïse, ce qui est à venir. On ne l’atteint pas, mais on l’espère. C’est profondément spirituel.”

Juste avant d’arriver au Mont Nébo, les pèlerins s’arrêtent à Madaba, célèbre pour ses mosaïques byzantines, notamment une carte de la Terre Sainte datant du VIe siècle. Les églises y témoignent encore d’une riche histoire chrétienne, parfaitement intégrée à la culture jordanienne contemporaine.

L’ANDDP fête ses 75 ans à Béthanie

Il y a quelques mois, c’est sur le site même du baptême du Christ que l’Association Nationale des Directeurs Diocésains de Pèlerinages (ANDDP) a choisi de tenir son 75e congrès. Un anniversaire hautement symbolique, marqué par la présence de 150 participants, dont 30 prêtres et 10 diacres.

Pour Makram Mustafa Queisi, ministre jordanien du Tourisme et des Antiquités, cette célébration traduit la reconnaissance croissante de la Jordanie comme « destination majeure du tourisme religieux chrétien ». Son message est clair : « Avant d’être musulmans ou chrétiens, nous sommes jordaniens. Notre vocation est l’hospitalité et la paix. »

Une destination en essor malgré les tensions régionales

Malgré la guerre à Gaza et les tensions israélo-palestiniennes, la Jordanie conserve une stabilité précieuse. En 2023, elle a accueilli 6,4 millions de visiteurs, dont 94 884 Français – un record. La France figure désormais dans le top 3 des marchés émetteurs européens. Le pays reste « sûr et paisible dans toutes ses zones touristiques », rappellent les autorités, qui encouragent les visiteurs à privilégier le centre et le sud du pays.

L’accès aérien est facilité par une offre croissante : vols directs Paris-Amman avec Royal Jordanian, départs de Paris et Lyon avec Transavia, liaisons toute l’année via Vueling, EasyJet ou Ryanair depuis Marseille ou Paris vers Amman et Aqaba.

Plus qu’un pèlerinage, une aventure intérieure

Le voyage ne s’arrête pas là. En suivant la « route des rois », itinéraire antique évoqué dans l’Ancien Testament, les fidèles peuvent rejoindre le sud jordanien. Là, dans l’écrin minéral du Wadi Rum, surnommé la « Vallée de la Lune » , se dessine un autre visage du sacré : le silence du désert, la verticalité des falaises, l’infini à portée de regard.

Puis vient Pétra, merveille nabatéenne classée à l’UNESCO. Bien que non biblique, la cité troglodytique est une étape incontournable pour les voyageurs en quête de beauté et de mémoire. Enfin, la mer Morte, autre mythe terrestre, conclut souvent le parcours : l’eau y porte les corps comme la prière porte les âmes. Ne pas oublier de tester ici, un bain de boue riche en minéraux, idéal pour la peau.

Carnet pratique

• Vols : Royal Jordanian (Paris, Lyon – Amman), Transavia, Vueling, EasyJet et Ryanair (Amman, Aqaba).
• Où dormir :
  • À Amman : Landmark, InterContinental.
  • À Pétra : Mövenpick Resort, Petra Guest House.
  • Mer Morte : Dead Sea Marriott, Mövenpick Resort & Spa.
• Quand partir : printemps (mars-mai) et automne (septembre-novembre) pour éviter les pics de chaleur.
• Budget : Vol A/R entre 250 et 500€, nuitée entre 60 et 120€, repas à partir de 10€.
• Sites utiles
  • Office du tourisme jordanien : visitjordan.com
  • Jordan Pass : jordanpass.jo – permet d’économiser sur visa et entrées de sites.