Cyberharcèlement dans le couple : il faut informer d'urgence sur les “stalkerwares”, utilisés à l'insu des conjoints

Auteur(s)
FranceSoir
Publié le 09 décembre 2020 - 12:47
Image
Stalkerware
Crédits
stopstalkerware.org
Ce type de logiciel permet de surveiller son conjoint et peut générer de la violence domestique et sexiste, du harcèlement et des abus sexuels.
stopstalkerware.org

Une des nombreuses conséquences néfastes de la pandémie de coronavirus a été la hausse des violences conjugales. Marlène Schiappa a annoncé  le 17 novembre que les appels de victimes de violences conjugales avaient connu une hausse de 15% depuis le reconfinement du 30 octobre.
Pire, en parallèle des violences physiques, les violences psychologiques gagnent du terrain, souvent sous forme de cyberharcèlement. La numérisation croissante de nos interactions fait des smartphones les nouvelles armes des harceleurs et agresseurs. La technologie se met malheureusement à leur service pour surveiller, espionner et traquer leurs cibles sur leurs téléphones, même à distance, ce qui cause chez les victimes des dégâts psychologiques graves.

“Stalkerwares”: comment fonctionnent-ils?

Les outils de cyber harcèlement et d’espionage sont appelés les “stalkerwares”, “spywares” ou même “spousewares”. Ils sont à disposition du grand public, et permettent très facilement d’espionner des proches, des collègues, des membres de sa famille. La plupart du temps, ils sont utilisés pour espionner et surveiller son conjoint.
Ces “stalkerwares” permettent au harceleur de s’introduire dans le téléphone d’une personne, pour être informé des activités de l’appareil. Toutes les données sont accessibles: la position GPS, les conversations téléphoniques, les albums photos, l’historique de navigation web, les discussions sur les réseaux sociaux, les emails et les systèmes de messagerie (SMS, WhatsApp, Messenger, Telegram, Signal, etc). Il est même possible d’activer la webcam, le micro, de voler les mots de passe ou encore d’effectuer des captures d’écran, tout cela à distance et sans que la victime ne se doute de rien.

Empêcher la victime de communiquer a des conséquences très graves

Comme l’explique Steven Meyer, specialiste en cybersécurité, ces logiciels se présentent comme des outils qui permettraient aux parents de garder un oeil sur leurs enfants, et l’utilisation qu’ils font de leurs smartphones. Parfois, ils sont conçus pour les employeurs, afin d’accéder aux données des employés en télétravail. Mais de nombreuses applications affichent clairement la couleur, et se décrivent directement comme des outils  pour « savoir si ta femme te trompe » ou « découvrir ce que les filles pensent de toi». Cependant,  espionner le smartphone de quelqu’un n’est pas anodin, et sans le consentement de la personne, c’est même très grave: les smartphones permettent à leurs utilisateurs d’être en lien avec leur entourage et même de s’évader d’une réalité parfois difficile. Pour fonctionner, ces aplications doivent être téléchargées par la personne "espion",  sur le téléphone de la victime. L'application est ensuite invisible. Les personnes victimes de stalkerwares, sont souvent informées par leur harceleur qu’elles sont surveillées et en conséquence, elles ne sont plus en mesure d’utiliser librement leurs ordinateurs et leurs smartphones. Cela cause souvent un isolement brutal, qui poussent les victimes à se couper de leur entourage par téléphone, messages ou sur les réseaux sociaux, pour éviter de livrer des informations au harceleur.

Comment se protéger contre les stalkerwares ?

Au vu des graves conséquences de l’utilisation de ce type d’outil sur les victimes, il est tout d’abord de la responsabilité morale de chacun de ne pas utiliser ce type d’application, même de manière “ludique”, et si possible d’informer et d’aider de potentielles victimes de surveillance.
Pour se débarrasser d’un logiciel espion sur son smartphone, il est possible de bloquer l'accès aux comptes cloud en désauthentifiant les appareils et navigateurs connectés, de changer les mots de passe et les réponses aux questions secrètes et de s’assurer d’avoir l’authentification forte (2FA) activée. Sur un smartphone, il est possible de faire une restauration d’usine de l’appareil, de désinstaller les applications inconnues ou inutilisées. La parade ultime reste toutefois de se procurer un nouvel appareil avec un nouveau numéro de téléphone et ne pas réutiliser les mêmes comptes en ligne.
Désactiver les logiciels espions est possible, mais selon Steven Meyer, il ne s’agit pas seulement d’un problème technique: ”désactiver un logiciel espion pourrait engendrer une réaction violente de la part du harceleur.” Arnaud Dechoux, responsable des Affaires Publiques  la société de cybersécurité Kaspersky ajoute   “Il est donc primordial de réaliser ce travail à plusieurs, notamment avec des associations d'aide aux victimes”. Une initiative  pour sensibiliser et faire connaître ce phénomène encore peu connu vient de voir le jour: « The Coalition against stalkerware » vise à informer le grand public, et à protéger plus efficacement les potentielles victimes avec des conseils et ressources. Il est nécessaire d’unir les efforts publics et privés pour combattre efficacement le harcèlement conjugal en ligne.

À LIRE AUSSI

Image
télétravail
Espionnage : La surveillance des employés sur les plateformes collaboratives et comment reprendre le contrôle de ses données
En janvier 2021, la Ministre du Travail Élisabeth Borne envisage de desserrer les contraintes du télétravail, en permettant aux salariés de travailler en présentiel au...
08 décembre 2020 - 13:21
Société
Image
Visioconférence
Cybersécurité : flouter ou cacher ses épaules en visio, pour éviter d’être piraté
Avec le confinement, les téléconférences et les entretiens Zoom reviennent sur le devant de la scène. Il faut donc à nouveau redoubler d’attention en matière de cybers...
10 novembre 2020 - 13:15
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.