The show must go on !*

Auteur(s)
Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 12 mai 2023 - 17:15
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Photo de Tyler Callahan sur unsplash.com
*Que le spectacle continue !
Photo de Tyler Callahan sur unsplash.com

ÉDITO - J'en ai déjà fait état dans mon édito du 24 avril 2023, Macron et l’Éducation nationale: abracadabra  Mais, Emmanuel Macron est-il le Gérard Majax de la politique ? 

Ou serait-ce le David Copperfield, puisque Emmanuel Macron revendique son adoubement aux États-Unis. Et aussi parce qu'avec une référence faite à ce magicien vedette, les plus jeunes d'entre nous saisiront mieux l'allégorie. “Siegfried et Roy”, puisque c'est à Las Vegas, haut lieu mondial du show-business champagne et paillettes, que ce duo de magiciens-illusionnistes germano-américains a officié des décennies durant, portant cet art millénaire au firmament de “Show à l'américaine”. 

Mais à cette différence près qu'en matière de poudre aux yeux, Emmanuel Macron serait plus fort que Majax et Siegfried et Roy réunis. En effet, Perlimpinpin 1er n'a besoin d'aucun matériel, d'aucun artifice (hormis Marlène Schiappa dans Playboy), d'aucune assistance technologique, informatique ou autre, pour officier en tant que prestidigitateur.  

Pourquoi ? Parce que ses tours de passe-passe à lui sont uniquement intellectuels, le “en même  temps” des mots et des maux. 

Avec Emmanuel Macron, le virtuel devient réel via les litanies par le truchement desquelles sa magie opère. Néanmoins uniquement auprès de ceux qui se prêtent à son talent d’illusionniste. En France, pays des lumières, l'intelligence devient artificielle. “Artificielle” au sens qu'elle n'a plus d'utilité, de nécessité, vu qu'avec Emmanuel Macron, la réalité devient futilité. 

Avec “Magic Macron” en parfait anglophone, le français devient l'anglais et la France une start-up nation. Cela malgré une Constitution qui en son article 2 détermine que “La langue de la République est le français.” D'où le flop que va encore être la sixième édition du sommet “Choose France”, un trompe-l’œil intervenu à son initiative pour masquer autant que faire se peut une réalité : Emmanuel Macron a fini par faire disparaître l'industrie traditionnelle française. En 2022, Bercy a bien autorisé le rachat de 130 entreprises sensibles par des étrangers. 

C'est tellement un constat incontestable, dramatique, qu'en ce jeudi 11 mai, Emmanuel Macron s'est senti obligé de se fendre d'une énième prestidigitation : la réindustrialisation de la France. 

Quel culot ! 

Oui. Tout son premier mandat durant (et déjà quand il était ministre de l'Economie de François Hollande) il s'est employé sans relâche et avec zèle, à vendre, détruire voire réduire à néant l'industrie française. Hormis bien sûr les entreprises dont les actionnaires principaux sont les ultra-riches qui l'ont fait élire. Emmanuel Macron se présente aujourd'hui en tant que sauveur miraculeux de l'industrie française. Un Jésus, même, puisqu'à l'entendre il va lui redonner vie, la faire ressusciter.  

Et dans le lot, évidemment, il y a les centrales nucléaires. 

S'il est bien un secteur de l'industrie française qui a été dépecé par Emmanuel Macron, c'est bien celui-là. Arnaud Montebourg (ancien ministre de l'Economie limogé par François Hollande et remplacé par Emmanuel Macron) qui s'y est vivement opposé, a livré en début d'année les détails sordides de cette forfaiture. 

Après avoir d'abord jeté l'opprobre sur “l'ancien nucléaire” durant son premier mandat, ce plan annoncé pour lancer l'ère du “nouveau nucléaire”, Emmanuel Macron l'a établi comme à son habitude sans faire appel aux éminences, aux experts reconnus dans ce domaine, dont notamment Gérard Mourou, prix Nobel de physique 2018 qui a travaillé sur la dégradation (transmutation) des déchets nucléaires de 1 million d’années à 30 minutes. Projet ambitieux mais qui rassurerait un grand nombre de personnes inquiètes sur la longévité des tels déchets. 

Cependant c'est logique car celui qui est à la manœuvre, Emmanuel Macron, est un béotien qui en outre n'a aucune expérience du terrain quel que soit le sujet, hormis la finance. Une autre industrie ou opèrent de nombreux illusionnistes de la disparition de la valeur à leur profit. 

Logique car il s'agit là d'un effet d'annonce pour redorer son blason. Cela permettra aussi aux initiés proches, qui bénéficieront des subventions qui y seront alloués, de s'en mettre plein les poches. Reste à voir si l'industrie nucléaire française s'en trouvera vraiment ressuscitée. 

Et également logique parce que les écoles supérieures et universités sont en déliquescence. Dorénavant, au lieu d'y enseigner l'esprit critique, c'est l'assimilation massive de données qui prime. Or l'esprit critique est indispensable à l'amélioration technique, et lui seul permet de se prémunir contre les difficultés, de parer à toute éventualité. 

Certains s’essaient depuis des millénaires à transformer le plomb en or, mais Perlimpinpin 1er réussi le tour de magie de transformer de l’eau douce en pétrole. Et encore magique la vidange des barrages d’eau douce qu’il faut absolument faire pour raison d’entretien alors qu’on annonce aux particuliers des restrictions.   

Asservis au capitalisme de consommation que nous sommes, avant de réindustrialiser la France, ne faut-il pas plutôt revenir au basique ? 

De quelle industrie le pays a-t-il besoin ? Et afin de pouvoir répondre à cette question avec pertinence, ne faudrait-il pas l’avoir préalablement posée au peuple : quelle est la société que les Français veulent pour demain ? 

Emmanuel Macron ayant déclaré “La réindustrialisation, c'est la mère des batailles” à l’hebdomadaire Challenge, cela confirme hélas ce que j’ai affirmé plus haut : c'est du flan. De la poudre de perlimpinpin. 

Pourquoi ? Parce que l'annonce de cette prétendue réindustrialisation, qu'Emmanuel Macron a affirmé être “la mère des batailles”, intervient après une réforme des retraites imposée au prix d'un chaos social qui est toujours en cours. Or, la réforme des retraites, a été non seulement fallacieusement vendue comme étant indispensable pour garantir l'équilibre financier du système des retraites en 2030, mais il l'a également justifiée en réitérant maintes fois que cette réforme était “la mère de toutes les réformes.” 

Je crains donc fort que la réindustrialisation dont Emmanuel Majax fait état va malheureusement accoucher d’un lapin dans un chapeau. Une mise en bière programmée des derniers bastions de ce qui fut naguère l'industrie française, une industrie d'une qualité à ce point extraordinaire que le monde entier s'est employé à la copier.

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