Les Guignols et le "business plan" de "Big Pharma", rattrapés par la réalité

Auteur(s)
Estelle Fougères, pour FranceSoir
Publié le 23 août 2021 - 15:51
Image
Sylvestre
Crédits
Canal+
Monsieur Sylvestre : visionnaire, prophétique ? Mieux vaut en rire...
Canal+

TRIBUNE - Ceux qui avaient l’habitude de regarder l’émission satirique Les Guignols de l’info n’ont pu oublier le personnage de Monsieur Sylvestre, caricature de l’acteur Sylvester Stallone, ancien vétéran de la guerre du Vietnam, brutal, violent et grossier. Symbole du capitalisme poussé à son cynisme extrême, ce Dracula du libéralisme possédait de multiples clones et personnifiait tour à tour des personnalités puissantes et malfaisantes de ce monde.

Dans un sketch resté célèbre, franchissant toutes les bornes de l’obscénité des possédants, Monsieur Sylvestre incarne un directeur de la communication d'une multinationale pharmaceutique qui dévoile son business plan qu’on peut résumer ainsi : le futur, c’est le profit éternel grâce à la maladie.

Créer des maladies, laisser mourir les gens en les privant de traitements peu coûteux et connus, leur refourguer un vaccin qui ne marche pas, et enfin mettre sur le marché des médicaments à des prix toujours plus onéreux… Ce scénario résonne étrangement à nos oreilles à l’heure de l’épidémie de coronavirus, et ce sketch a connu d'ailleurs un grand succès l'an dernier, que les derniers mois remettent au goût du jour...

La petite fiction des Guignols est-elle devenue une réalité ? On ne peut s'empêcher d'y songer lorsqu’on écoute Stéphane Bancel, le patron de Moderna. Interrogé en mai dernier par un journaliste de BFM TV, ce forcené de la piqûre étale toute la vulgarité du capitalisme contemporain décomplexé, spéculant sur une vaccination sans fin « puisque c’est un virus qui ne disparaîtra plus » affichant au passage le sourire carnassier de celui qui a vu sa fortune s’envoler grâce à son vaccin contre le Sars-CoV-2.

Et tandis que les agences de pharmacovigilance signalent des augmentations de cas de myocardites, péricardites, thromboses suite aux injections, le rapport du second trimestre 2021 de Pfizer annonce de gigantesques bénéfices sur les médicaments anti-thrombose et contre les diverses inflammations cardiaques. Plusieurs molécules sont concernées. Parmi elles, le Vyndaquel/Vyndamax indiqué dans les cas de cardiomyopathie amyloïde à transthyrétine et l’Eliquis destiné à prévenir les accidents vasculaires cérébraux et les embolies systémiques, respectivement en hausse de 77% et 13%.

En 60 ans, l’industrie pharmaceutique s’est totalement métamorphosée avec l’essor des Big Pharma. Nous n’avons plus de Jonas Salk, père du premier vaccin contre la polio à qui un journaliste avait posé la question de la détention du brevet à l’intéressé qui avait répondu cette phrase extraordinaire :

« Eh bien, au peuple je dirais. Il n’y a pas de brevet. Pourrait-on breveter le soleil ? »

Inféodé à l’emprise des marchés financiers, la puissance de ce secteur est désormais si grande qu’il lui est possible de négocier des contrats dans lesquels il se dégage d'une large part de responsabilité sur les effets secondaires et sur les décès à venir, imposant aux États des conditions drastiques et faisant "le pari du modèle du revenu récurrent", comme l'analysait un éditorial de France Soir.

La dérision des Guignols de l’Info aurait dû nous alerter. Nous voyons souvent dans cet humour la merveilleuse possibilité de la liberté d’expression et cela nous rassure sur notre vitalité démocratique. Cependant, lorsque la dérision passe un certain degré de généralisation, n’est-elle pas un signe de détérioration démocratique ? N’est-elle pas ce qui reste lorsque tout a échoué notamment la capacité à contrer un capitalisme devenu fou ? On peut en effet penser que lorsque les politiques ont trahi la représentation en ignorant depuis 40 ans toutes les protestations, « l’éclat de rire est la dernière ressource de la rage et du désespoir » comme l’écrivait Victor Hugo dans « Faits et croyances ».

À LIRE AUSSI

Image
covid
Influence de "Big Pharma" et instrumentalisation de la peur : quand le narratif s'effrite...
L'industrie pharmaceutique veut votre bien. Les "fact-checkeurs" de Facebook sont au service de la vérité. L'État français est impartial, rationnel et responsable, et ...
11 août 2021 - 14:12
Politique
Image
VSD bas de plafond
VSD : vomir sans dignité ? L'éditorial abyssal
TRIBUNE - Ce matin, j’étais d’humeur joyeuse, Georges Ghosn, avant de découvrir votre diarrhée dans VSD, et au fur et à mesure que j’avançais dans la lecture de cet éd...
09 août 2021 - 21:27
Opinions
Image
Tounet séparation
L’apartheid assumé du président Macron
TRIBUNE - Le 12 juillet 2021, à 20h, la démocratie française est morte. Depuis 18 mois, d’interdits en interdits, nous glissions tranquillement vers une dictature san...
13 juillet 2021 - 19:33
Opinions

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.