La France : en marche vers la récession (partie 4/4)

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Oleg Nesterenko pour France-Soir
Publié le 16 septembre 2024 - 15:56
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souvant / AFP
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TRIBUNE/ANALYSE (partie 4/4) - Les tendances économiques se développant en France depuis la crise de 2008 ont reçu un important coup d'accélérateur dès l’installation au pouvoir suprême de la république en 2017 du parti d’Emmanuel Macron, dont le cadre de la politique intérieure et de la politique étrangère autodestructrice mène directement vers la récession économique dans laquelle la France est en train d’entrer à grands pas.   

Suite des parties 1, 2 et 3 de cette analyse.

La politique étrangère irresponsable du gouvernement de Macron a fait perdre à la France son premier fournisseur d’uranium qui est le Niger. Et ceci d’une manière irrévocable : les puissances étrangères que la France a ouvertement inscrit sur la liste de ses ennemis feront et sont déjà en train de faire le nécessaire pour assurer cette irrévocabilité. La perte par la France de l’accès à ces gigantesques réserves de combustible pour ses centrales électriques est un échec stratégique qui réduit considérablement les alternatives d’approvisionnement et met Paris en position de dépendance accrue vis-à-vis d’autres fournisseurs actuels et potentiels restants. 

En parlant du second fournisseur d’uranium pour la France – le Kazakhstan – qui, après la perte du Niger, devient, de facto, le tout premier fournisseur, les autorités françaises n’oublient pas de mentionner que l’exploitation et l’importation depuis ce pays de l’Asie centrale se déroulent via l’entreprise locale ‘Katco” qui assure 7% de la production mondiale d’uranium et dont le français “Orano” en détient 51% du capital. 

Néanmoins, ce que l’Elysée “oublie” de communiquer à ses citoyens, c’est que les 49% restants du capital de ‘Katco” sont détenus par l’entreprise “Kazatomprom”, laquelle, à son tour, appartient à 50% à l’entreprise “Tsentr Obogosheniya Urana” dont la Fédération de Russie est le co-propriétaire. On ne peut que féliciter la présidence française d’être victime de tels trous de mémoire qui sont salutaires vis-à-vis du danger de l’apparition d’une importante dissonance cognitive chez son électorat. 

IDE en France : les illusions et la réalité 

Si la France, dont les flux nets des investissements directs étrangers (IDE) ont atteint 72,7 milliards d’euros en 2022 et 39,1 milliards en 2023, reste depuis plusieurs années consécutives bien en tête des IDE sur le sol européen - ce résultat positif est à nuancer. 

Les stocks d’investissements étrangers en France se concentrent à près de 70 % sur trois secteurs : 35% pour celui de l’industrie (à fin 2023), 14% pour les finances-assurance et 19% pour les activités immobilières (source : Banque de France).  

Malgré les investissements étrangers assez impressionnants, il est important de ne pas négliger les facteurs qui s’y attachent et qui sont d’une importance stratégique. Notamment, les IDE qui ont lieu en France visent non pas la création de nouveaux emplois, de nouveaux projets de développement et la création de nouveaux sites, mais principalement l’extension des sites déjà existants. En 2021, les projets visant la création de nouveaux sites ne représentaient que 31%, contre 69% pour des sites déjà existants. Le nombre moyen d’emplois créés par projet étaient de 38. 

En même temps et à titre de comparaison, ces proportions sont tout à fait différentes dans d’autres pays européens et ceci en grande défaveur de la France. Notamment, selon les dernières données disponibles (année 2021), en Allemagne, les projets visant la création de nouveaux sites représentaient 81%, contre 19% pour des sites déjà existants. Le nombre moyen d’emplois créés en Allemagne par projet était de 45. Au Royaume-Uni, les projets visant la création de nouveaux sites représentaient 77%, contre 23% pour des sites déjà existants. Le nombre moyen d’emplois créés en Grande-Bretagne par projet était de 68 (source : EY). 

Ainsi, les résultats de l’attraction des investissements directs étrangers dans l’économie française qui sont présentés par l’actuel pouvoir en tant qu’un très grand succès de sa politique sont bien à nuancer : la monnaie étrangère investie en France génère de 30 à 50% d’emplois en moins qu’en Allemagne ou en Grande-Bretagne, ce qui reflète nettement la réalité désastreuse de la politique française d’emploi. 

Les défaillances d'entreprises 

De juin 2023 à juin 2024, la quasi-intégralité des pays de l’UE ont enregistré un nombre de défaillances d’entreprises supérieur à celui d’avant la pandémie du Covid.  

La France ne fait non seulement pas l’exception dans la tendance généralisée dans l’espace européen, mais en % détient même le “leadership” vis-à-vis de l’Allemagne et du Benelux au niveau des défaillances d’entreprises et ceci depuis le début de 2023.  

Pour les entreprises, les coûts dus à plusieurs éléments clés tels que le refinancement, les salaires et l’énergie sont nettement plus élevés qu’avant la période Covid – ce qui n’est guère le cas de la demande. Le grand manque de confiance des ménages dans l'avenir les fait privilégier l’épargne à la consommation, ce qui déclenche un cercle vicieux, dont la formule est simple : la baisse de la consommation augmente les faillites d’entreprises qui détruisent l’emploi et, de facto, baissent davantage la demande des ménages – ce qui, à son tour, affecte directement la croissance. 

Non seulement la France enregistre 60.210 entreprises de toutes tailles confondues qui sont entrées en procédure de défaillances ou de cessation de paiement sur un an (données de la Banque de France, fin mai 2024), ce chiffre inclue les 5.161 entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grosses PME – ce qui est supérieur même à celui du triste record de 4.825 défaillances qui ont été comptabilisées en septembre 2009, après la crise financière que le monde a connue. Les secteurs-clés, tels que l’industrie, l'information/communication et le transport sont grandement impactés et la tendance les concernant ne fait que s’aggraver. 

Post-scriptum 

Contrairement aux Etats-Unis d’Amérique qui ont pu, jusqu’à présent, maintenir leur économie nationale à un niveau tout à fait confortable via le déclenchement dans le monde de guerres de répression des menaces à leur hégémonie assurée par le statut de l’outil principal opérationnel qui est le dollar américain, en couvrant grossièrement les invasions par des slogans sur l’apport de la lumière de la démocratie dans des ténèbres dictatoriaux et en tuant au passage des millions de personnes dans ledit processus de “démocratisation” – la France n’est guère ni en position, ni en capacité d’appliquer ce modus operandi, même si ce dernier est considéré comme le plus efficace pour obtenir gain de cause avec l’engagement de la moindre contrepartie. 

Les éléments énumérés dans ce dossier d’une manière non exhaustive et ne comprenant pas toute une série d’autres problèmes structurels graves de l’économie française, tels que le niveau des impôts et taxes le plus élevé au monde, le système fiscal le plus complexe au monde, la dette publique exorbitante qui connait la plus grande croissance au sein de l’UE et atteint 3.200 Mld €, le gigantesque déficit public qui se creuse davantage chaque année et atteint la hauteur de 154Mld € pour la seule année de 2023 après 124,9Mld € pour l’année de 2022 - ce sont de désastreuses conséquences structurelles produites par la politique nationale et étrangère néfaste menée par la gouvernance française et nécessitant un changement radical de son vecteur dans les plus brefs délais. Le cas échéant, la seule réalité que connaîtra la France sera celle de l’entrée inexorable de son économie dans une profonde récession.

 

Oleg Nesterenko, président du CCIE (www.c-cie.eu)

(Ancien directeur de l’MBA, ancien professeur auprès des masters des Grandes Ecoles de Commerce de Paris)

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