30 km/h à Paris : quand l'idéologie se déguise en rationalité scientifique

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Laurent Gars, pour FranceSoir
Publié le 21 septembre 2021 - 16:47
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Hidalgo 30kmh
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Chauffeur, si t'es champion...
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TRIBUNE - Depuis le 30 août dernier, la vitesse de libre circulation des véhicules motorisés dans la capitale française se limite à 30 km/h. L'application de cette nouvelle mesure est donc dans la suite logique des modifications apportées au préalable par la "mairesse" Hidalgo et son équipe, qui avaient déjà réduit la vitesse à 30 km/h pour 60 % des axes parisiens. Une décision qui se fond dans la masse des cartouches scientifico-politiques, tirées à tort et à travers depuis quelques mois par les différents candidats à l'élection présidentielle. Sur fond de passe sanitaire, de port du masque et de retrait des arbres de Noël, retour sur la limitation de vitesse, la petite dernière des décisions politiciennes à peine masquées.

Paris qui ralentit

L’équipe de la mairie s’appuie sur une grande enquête de consultation, lancée auprès de la population parisienne et son agglomération durant le second semestre 2020. Il en est ressorti que les habitants sont plutôt favorables à la mesure en raison de l’impact positif qu’elle aurait sur la sécurité routière, les nuisances sonores et, enfin et surtout, la baisse de la pollution engendrée. Arguments jugés fallacieux par l’association "40 millions d’automobilistes" qui s’était fait reprendre alors par le discours "bien-pensant " pointant l’individualisme, l’égoïsme et le manque d’éco-responsabilité de cette dernière.

On rappelle également que la capitale utilise déjà les vignettes Crit’Air, qui autorisent ou non les véhicules à circuler selon leur quantité d’émission en CO2, leur année de mise en circulation, le pic de pollution dans la communauté urbaine, etc.

Mais le discours bobo-écolo des décideurs du 75 a, depuis, du plomb dans l’aile. En effet, ceux qui se réclamaient de la Science afin de faire accepter ces mesures aux plus réticents doivent aujourd’hui réorienter leur argumentaire. La baisse significative de la vitesse qui engendrerait un impact positif sur l’environnement ainsi que la sécurité de nos enfants, cela ne suffit plus à prêcher la bonne parole.

La publication de l’étude, effectuée par l’assistant d’aide à la conduite et GPS « COYOTE », révèle que finalement, malgré cette baisse de 20 km/h demandée par les autorités, la vitesse moyenne n’a pas diminué de manière concrète. Cela n’a eu pour effet que de la diminuer de 1 km/h, passant de 23.7 à 22.7 Km/h sur la période septembre 2020-septembre 2021. Va-t-on nous dire qu'un kilomètre par heure... ça sauve, ça sauve ? Le bon sens nous fera comprendre que non, il est donc établi que cela n’a eu aucun impact positif, ou vraiment infime, et que par conséquent, aucune significativité ne peut être démontrée.

Voir aussi : Défi de la vérité avec Jean-Marc Governatori

L’étude montre surtout que dans les faits, il est très difficile d’appliquer cette restriction. Elle s’intéresse également aux autres villes pratiquant cette limitation, et montre que « dans le meilleur des cas, la baisse de vitesse est marginale, de l’ordre de 0 à 5 hm/h » selon les mots du dirigeant de l’association 40 millions d’automobilistes Daniel Quéro. Il ajoute : « Demander aux automobilistes de respecter une règle irrespectable n’a pas de sens, le discours politiquement correct est anéanti par la réalité ».

Que pourrait-on en conclure ?

Que sous couvert de mesures visant à rendre la vie plus agréable aux habitants de sa ville, Madame Hidalgo utilise un discours « pathos » et applique des mesures qui sont en fait essentiellement politiques, en aucun cas « éco-responsables » ou protectrices de ses citadins.

La limitation de vitesse, difficilement applicable dans les faits, aurait-elle essentiellement pour but de renflouer les caisses de la ville, de faire la fête avec des radars qui s'activent sans arrêt ? Il est techniquement compliqué de rester concentré et de maintenir une vitesse si faible, ce qui amène à des moments d’inattention et donc des excès de vitesse. Se concentrer pour ralentir, le comble. En effet, depuis cette mise en place, des milliers d’automobilistes se voient sanctionnés pour des micro-excès de vitesse qui ne représentent concrètement aucun danger...

Plein gaz sur les élections !

Pour le délégué général de "40 millions d'automobilistes", M. Pierre Chasseray, cette décision vise un spectre bien plus large encore. Il n’aura échappé à personne qu'Anne Hidalgo est candidate à la présidence du pays. Il n’aura également échappé à personne que les Verts ont réussi un coup de force durant les dernières élections municipales, en s’accaparant plusieurs grandes métropoles comme celles de Bordeaux, Lyon ou encore Strasbourg. L’objectif serait donc, toujours selon le délégué, de « séduire un maximum l’électorat des cœurs des grandes villes, qui souhaitent multiplier les manœuvres pernicieuses afin de dégouter les automobilistes de l’usage de leurs voitures ».

Il est certain que faire pousser des radars un peu partout en limitant la vitesse à 30 km/h, tout en priorisant constamment le piéton et les voies des transports en communs, cela ne va pas encourager l’automobiliste à prendre le volant. La cerise sur le gâteau étant le stationnement urbain qui subit une hausse des prix importante.  

On peut s’apercevoir que plus le temps passe, plus nos politiques utilisent des procédés qui flirtent dangereusement avec ce qui pourrait être qualifié « d’autoritarisme modéré » afin d’arriver à leurs fins (électorales, économiques ou politiques). Le problème majeur qui se pose, c'est l’entrée dans un engrenage qui pourrait in fine s’avérer très dangereux pour la République et la démocratie de notre pays. Ordonnances et décrets en pagaille, absence de référendum depuis 15 ans et fausses réunions en hémicycles en sont les premiers signaux…

Et pour ce faire, ils n’hésitent plus à opposer, à cliver les différentes classes sociales, préférant contenter grandement une majorité de la population ou une classe stratégiquement importante électoralement, au détriment de la satisfaction de tous et des compromis.

Écologie + santé = politique ?

Cette mesure de limitation de vitesse est un parallèle saisissant avec la mise en place du passe sanitaire, depuis l’annonce présidentielle du 12 juillet dernier. Qui peut honnêtement penser aujourd’hui que M. Macron n’était pas au courant de la forte baisse d’efficacité du vaccin concernant la transmission et la contamination ? Qui peut oser imaginer qu’on ne lui avait pas fait remonter les données israéliennes, maltaises, islandaises et même américaines ? Qui peut penser aujourd’hui que M. Macron n’était pas au courant de l’annonce d’Anthony Fauci, le directeur du CDC américain, expliquant qu’un vacciné peut attraper et transmettre le variant Delta et qu’un vacciné infecté était tout aussi contagieux qu’un non vacciné ?

Voir aussi : Allocution de Macron : entre autosatisfaction et obligations, l'adieu à la raison

Évidemment, il savait. Mais au-delà de contenter les dirigeants des grands laboratoires ou d'éviter du gaspillage de doses, l’objectif n’était-il pas avant tout de rassurer une tranche spécifique de la population ? Les "boomers" particulièrement, qui représentent aujourd’hui une partie considérable de la population électorale de ce pays ? En les rassurant, en mettant en place une obligation vaccinale masquée pour tous, en créant un faux sentiment de sécurité, en mentant sciemment sur l’efficacité de la transmission - divisée par douze selon une modélisation de l’institut Pasteur qui aujourd’hui a été adaptée car totalement erronée ? Ne commençait-il pas finalement à préparer sa campagne pour 2022 à l’instar de Mme Hidalgo  ?

Pour ce faire, a-t-il hésité un instant à stigmatiser tous les sceptiques et réticents à la vaccination ? Non. Il parie sur une consolidation de son socle électoral en se mettant dans la poche une grande partie des plus de 60 ans, qui allaient saluer la démarche, partant d’un postulat scientifique qu’il savait erroné. Il fait donc le pari de la stigmatisation et la discrimination à des fins de consolidation électorale. Que peut-on réellement penser d’une décision qui sous couvert de science est avant tout une mesure de soumission par la contrainte ?

Voir aussi : Claude Malhuret déclare ouverte la chasse aux "pigeons agités du bocal" !

On pourrait également se rappeler la faible abondance de preuves scientifiques concernant le port du masque en population générale, la littérature étant loin d’être probante sur le sujet. Malgré ce manque, son utilisation est pratiquement rentrée dans les mœurs de chacun, car une grande partie des citoyens, surtout les fragiles et les personnes âgées, se sentent rassurés, au vu de l’angoisse accumulée par 18 mois de discours anxiogènes. Après les avoir apeurés, les politiques s’assurent de leur soutien en faisant passer des lois qui feignent leur protection.

Ces décisions, qui n'ont rien de scientifiquement concret, sont dangereuses pour la démocratie

Les Verts, fraîchement arrivés dans les mairies de certaines grandes villes, ne font-ils pas eux aussi dans le "pathos" en interdisant l’arbre géant de Noël ? D'un côté, ils contentent les écolos progressistes, de l'autre ils défient les catholiques, ainsi que les amoureux de la magie des fêtes de fin d’année. Quelle est la valeur scientifique de cette décision, écologiquement parlant ? Par ailleurs, il est certain qu’elle accentue encore un clivage envers les habitants attachés aux coutumes ancestrales. Pour quel bénéfice ?  

Il paraît invraisemblable d’adapter nos modes de vies sur base de décisions politiques, non assumées comme telles, mais maquillées en "scientifiques", si elles ne sont pas concrètement robustes. D’autant plus lorsqu’elles sont prises au détriment des libertés individuelles et collectives.

Il devient donc nécessaire et essentiel de faire valider par des études indépendantes et non financées par les lobbies toutes décisions politiques qui relèveraient de la Science (comme les 30 km/h de Mme Hidalgo). Juste pour être sûr qu’il ne s'agit pas plutôt de manœuvres de manipulation des consciences. Il est impensable qu’en 2021 en Occident, alors que les pratiques religieuses reculent de manière tangible (on s’en est aperçu avec les décisions politiques des écologistes dans certaines villes), l’on puisse valider des mesures qui relèvent de la croyance plutôt que de la science. Notre population doit de nouveau s’intéresser à ladite science et à la compréhension de cette dernière, sans l’ériger en religion en lui vouant une confiance aveugle et croyance absolue.

N’est-ce pas grâce à la polémique et les désaccords que les connaissances scientifiques s’affinent et que le consensus se construit ? Tant que la population validera sans réfléchir des décisions et tant qu’elle ne cherchera pas à évaluer la véracité scientifique de celles-ci, de plus en plus de décisions totalitaires verront le jour et seront acceptées par les citoyens car ils auront le sentiment que c’est « pour leur bien, leur santé, l’intérêt collectif des Hommes et de la planète ».

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