Mode de scrutin : les ministres LR au pied du mur ...


Les grandes manœuvres sont engagées.
Afin d'avoir une majorité, il faut recourir au scrutin majoritaire. C'était la loi de la Vᵉ République. C'est ainsi qu'elle a fonctionné, et bien fonctionné, pendant près de 60 ans, de 1958 à 2017 exactement. Condition nécessaire, cependant non suffisante, car tout dépend ensuite des gouvernants, mais dans cette conjoncture parlementaire, ils n'ont pas l'excuse de l'infirmité des institutions.
Par contre, si l'on ne souhaite pas que le scrutin législatif débouche sur la formation d'une solide majorité de gouvernement pour la durée d'une législature, alors point de doute : il vaut mieux faire appel à la représentation proportionnelle. C'est à l'évidence la bonne solution pour pérenniser la situation politique actuelle, où avec une Assemblée nationale sans majorité - ni absolue (la seule qui vaille), ni même relative - le gouvernement fait ce qu'il peut, c'est-à-dire pas grand-chose. La parole lui tient lieu d'action.
Cette expérience aurait pu être "hygiénique", pour reprendre un mot de Raymond Barre. Il n'en est rien. Et, pour être bien certains que le pouvoir n'échappe plus aux partis et à leurs états-majors, le moment paraît venu aux champions des astuces et combines politiciennes de donner vie à leur vieux rêve. Avec un mode de scrutin qui ne peut qu'engendrer un Palais Bourbon dépourvu de toute majorité, ils entendent bien enlever le pouvoir de décision aux électeurs et se l'approprier.
Ainsi sommes-nous prévenus par le ministre des relations avec le Parlement que le Premier ministre va engager une consultation avec les partis et les groupes parlementaires sur la proportionnelle, qu'il souhaite voir adopter pour l'élection des députés. Et, pour faire bonne mesure, ce proche de M. Bayrou y est allé de ce couplet : "Tout le monde ou presque est d'accord sur le principe : il faut plus de proportionnelle. Reste à déterminer la forme : régionale ? départementale ? mixte ? Nous aurons ce débat".
"Tout le monde ou presque", disait-il. S'il ne devait rester qu'un seul opposant à la consécration de la mise à mort de la Vᵉ République et de l'établissement d'un régime des partis, qui a fait étalage de son impuissance dans le passé, et qui montre aujourd'hui encore son incapacité à prendre les mesures qui s'imposeraient pour redresser le pays, j'aurais été celui-là. Mais je relève avec satisfaction que Laurent Wauquiez vient de se prononcer "contre la proportionnelle", qui "aboutira à institutionnaliser le chaos politique que l'on connaît en ce moment et qui deviendra la règle".
En tout cas, pour les membres des Républicains qui ont cru devoir entrer au gouvernement pour sauver les meubles, et permettre à M. Macron de poursuivre son mandat, en dépit du congé qui lui avait été signifié par le peuple français lors des élections législatives consécutives à la dissolution de 2024, et qui se réclament du gaullisme, l'heure de vérité approche à grands pas. Déjà, le président du groupe LR à l'Assemblée nationale demande au ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, de "s'opposer à cette volonté de François Bayrou".
En définitive, si l'hôte de Matignon persiste et signe, il n'y aura pas trente-six solutions. Ce sera ou bien la rupture, ou bien le reniement d'un pan entier de l'héritage institutionnel du général de Gaulle.
C'est au pied du mur que l'on voit la solidité des convictions.
Alain Tranchant, président fondateur de l'Association pour un référendum sur la loi électorale
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