Salman Rushdie ou la défense des droits universels

Auteur(s)
Estelle Fougères, pour FranceSoir
Publié le 19 août 2022 - 19:30
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L'écrivain Salman Rushdie
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©Fronteiras do Pensamento/Flickr
Salman Rushdie, écrivain
©Fronteiras do Pensamento/Flickr

TRIBUNE - « Le fait d'être en vie compense ce que la vie fait à chacun », a écrit Salman Rushdie dans Les Versets sataniques. Cette phrase résonne étrangement depuis le 12 août dernier et la tentative d'assassinat islamiste par égorgement de l'écrivain.

L'attaque contre Salman Rushdie s'est produite au moment où l’écrivain s’apprêtait à donner une conférence, au cœur d’un lieu symbole de la tolérance religieuse : l’institution Chautauqua qui se trouve au nord-ouest de l'État de New York. Grièvement blessé au cou et à l'abdomen, Salman Rushdie a survécu à son agresseur Hadi Matar, qui a été arrêté. D’après les premiers éléments de l’enquête de police, Hadi Matar serait un Américain d’origine libanaise, admirateur de l'ayatollah Khomeyni. Salman Rushdie est toujours hospitalisé, mais selon sa famille, les nouvelles sont plutôt rassurantes ; il irait mieux et ne serait plus sous assistance respiratoire.

Cette agression était redoutée depuis la fatwa lancée par l'ayatollah Khomeiny peu de temps après la publication des Versets sataniques en 1988. Aujourd'hui, alors que la menace islamiste s'est intensifiée et que la liberté d'expression est chaque jour un peu plus menacée partout dans le monde, revenir sur ce roman est essentiel pour comprendre tous les malentendus qui existent autour de l'œuvre depuis sa parution.

« Écrire un livre, c’est conclure un pacte faustien à l’envers. Pour gagner l’immortalité, ou du moins conquérir la postérité, on perd, ou du moins, on compromet, sa véritable existence quotidienne. » Cette note, Salman Rushdie la garda accrochée au-dessus de son bureau, tout au long de l’écriture de son roman Les Versets sataniques, publiées le 26 septembre 1988 au Royaume-Uni. Il ne se doutait pas à quel point ces phrases allaient devenir prophétiques jusqu’à ce jour du 14 février 1989, où l’ayatollah Khomeiny émit un décret pour réclamer « à tous les musulmans zélés » l'exécution de l’écrivain, ainsi que de ses éditeurs et de « ceux qui en connaissent le contenu », et ce « afin que personne n'insulte les saintetés islamiques ». Cette demande s'accompagnait de la promesse d'une forte récompense pour l'assassinat de l'écrivain. 

« L'assassinat est la forme la plus extrême de la censure », a écrit George Bernard Shaw dans The Rejected Statement. Avec cet appel au meurtre lancé par le guide suprême de la révolution islamique d'Iran, le monde occidental découvrait avec horreur le sens du mot fatwa et Salman Rushdie devenait le nouveau symbole de la lutte pour préserver la liberté d’expression.

Les Versets sataniques

Les Versets sataniques est le quatrième ouvrage et le troisième roman de Salman Rushdie. Le thème central de ce roman est le déracinement de l’immigré, déchiré entre deux pays, entre deux langues, entre deux cultures, un sujet que l’auteur britannique d’origine indienne connaît bien pour l'avoir vécu.

Commencé au milieu des années 1980, riche de plus de 500 pages, cette œuvre de fiction sur l’exil et l’identité met en scène deux hommes d’origine indienne : Gibreel Farishta et Saladin Chamcha. Le premier est un célèbre acteur de Bollywood, le second, à la peau trop foncée pour décrocher un rôle, doit se contenter d’être un acteur de doublage. Suite à l'attentat terroriste contre leur avion, les deux hommes, seuls survivants du crash, atterrissent sur une plage, sains et saufs, mais transformés pour toujours. Gebreel s’identifie à l’archange Gabriel tandis que Saladin, flanqué de grandes cornes, de sabots et d'une queue, devient Cheytan, l’incarnation de Satan sur Terre. Ainsi démarre Les Versets sataniques, un récit complexe qui mêle événements historiques, références biographiques et éléments du merveilleux.

Constitué de neuf chapitres, cette œuvre, de par sa construction, propose une dramaturgie originale : les chapitres impairs racontent les aventures picaresques de Gibreel et Saladin, tandis que les chapitres pairs sont les narrations des rêves et cauchemars de Gibreel. Le roman teinté d’onirisme puise également ses sources dans la réalité et Salman Rushdie n'hésite pas à choisir des faits marquants comme l’attentat contre l’avion d’Air India en 1985 pour nourrir son récit. 

Empreint de réalisme magique, l’œuvre rend également compte d’éléments irrationnels, magiques ou surnaturels qui surgissent dans un environnement réaliste. Ainsi, l’ayatollah Khomeiny est décrit sous les traits d’un fanatique religieux prêt à dévorer son peuple tandis que tous les fanatiques chiites sont persuadés que la mer va s’ouvrir devant eux comme elle s'est ouverte devant Moïse.

Mais, le passage du roman qui a mis le feu aux poudres et déclenché la fatwa contre Rushdie, est l’épisode hypothétique de la vie de Mahomet au cours duquel le prophète aurait tenté d'instaurer le monothéisme à la Mecque, après s'être confronté aux notables de la ville favorables au polythéisme. Le choix du titre fait directement référence aux versets 19 à 23 de la sourate 53 du Coran, qui évoque cet épisode de la vie de Mahomet où Satan aurait fait dire au prophète des paroles empreintes de conciliations avec les idées polythéistes.

Dans le roman de Salman Rushdie, le prophète Mahomet, rebaptisé Mahound, se trouve à Jâhilîya (La Mecque) pour tenter d’imposer le monothéisme, lorsque Satan, sous les traits de l’ange Gabriel, le persuade de faire une concession au polythéisme en acceptant au côté de Dieu, les trois déesses vénérées par les habitants de la ville. Cette remise en cause du Dieu unique n’est pas tolérée en terre d’islam par des musulmans qui y ont vu une exégèse de leur texte. Rushdie s’est pourtant défendu de cela, expliquant qu’il s’agissait d’une œuvre d’imagination proche du conte, même si cela a été inspiré par les mythes et les légendes de la religion musulmane de l’ijthad (entre le XIᵉ et le XIIIᵉ siècle), qui a un temps permis la pensée critique d’un texte religieux avant de se refermer.

« De toutes les ironies, la plus triste, c'est d'avoir travaillé pendant cinq ans pour donner une voix (...) à la culture de l'immigration (...) et de voir mon livre brûlé, le plus souvent sans avoir été lu, par ces gens mêmes dont il parle », se désolait l'écrivain dans des propos rapportés par l'AFP.

S'il est vrai que ce sont ces pages qui ont provoqué la censure de l'ouvrage et les violences, la religion n'est pourtant pas le thème principal de ce grand roman sur l'exil, où l'amour et la passion sont inséparables de la haine et du ressentiment dans le cœur des deux protagonistes. 

La parution du livre fut accompagnée d’autodafés, d’exécutions, d’attentats, autant d'actes barbares que les islamistes ont justifiés par le fait que l’œuvre serait anti-islamique et blasphématoire.

Suite à l’appel de l’ayatollah Khomeiny, le chef spirituel et politique de la République islamique d’Iran, plus aucune explication n’était audible. Salman Rushdie, sous la menace quotidienne, n’avait pas d’autre choix que de vivre dans la clandestinité en attendant que la violence soit quelque peu retombée, avant de pouvoir commencer à faire ce travail long et essentiel d'explication de sa pensée et de son œuvre. Tout cela est raconté dans son autobiographie, Joseph Anton, parue en 2012. Un titre de livre qu’il a choisi pour honorer ses écrivains préférés : Joseph Conrad et Anton Tchekhov.

La réception de l'œuvre 

Dès la parution du roman, une vague d'indignation s'est répandue dans le monde musulman. Le livre est interdit en Inde, pays d’origine de l’écrivain, en Afrique du Sud, au Pakistan, mais également au Maghreb et dans la très grande majorité des pays du Proche et Moyen-Orient.

Représenté avec les cornes du diable, Salman Rushdie devient « Satan Rushdie ». Autodafé, librairies incendiées, éditeurs agressés, la violence est partout, y compris au nord de l'Angleterre, à Bradford, où des manifestants, réunis devant la mairie, clouent un exemplaire du livre sur un morceau de bois et l’immole.

Face à cette violence, on pouvait s'attendre à ce que "le monde libre" réagisse avec fermeté pour défendre l’écrivain désigné à la vindicte. Mais, les civilisations n'ont jamais été des blocs monolithiques, encore moins aujourd'hui où au sein de chaque nation, coexistent plusieurs cultures et plusieurs croyances qu'elles soient politiques ou religieuses.

Au Royaume-Uni, dans ce pays qui s'est pourtant donné comme modèle celui de défendre toutes les libertés, les élus du parti travailliste, dans un souci de ne pas blesser un électorat qui lui est favorable, refusent de se prononcer contre les manifestants de Bradford, préférant observer "un silence religieux". De son côté, Margaret Thatcher, premier ministre de l'époque, exprime son soutien à l'écrivain et affirme qu'il n'existe aucune base juridique autorisant à interdire le livre. Devant les menaces de mort, elle n'hésite pas à organiser la protection de l'écrivain. 

En France, les représentants politiques et médiatiques n'ont pas été nombreux à soutenir Salman Rushdie et Les Versets sataniques. Si Jacques Chirac condamne « les énergumènes qui appellent au meurtre », il ne soutient pas pour autant Salman Rushdie, affirmant qu’il n’a « aucune estime pour lui ni pour les gens qui utilisent le blasphème pour se faire de l’argent, comme ce fumiste — je pèse mes mots – qui s’appelle Scorsese, l’auteur d’un navet, la Dernière Tentation du Christ. Quand on déchaine l’irrationnel, il ne faut pas s’étonner de la suite des choses. Je ne réclame pas la censure, mais le viol des consciences est inadmissible ».

Que dire de ces déclarations ? D'abord, sur la liberté d'expression, si celle-ci est respectée, elle n'est pas pour autant défendue. En effet, Jacques Chirac a le droit de ne pas aimer une œuvre et de le faire savoir. Pour autant, la tournure de phrase  : « Je ne réclame pas la censure, mais le viol des consciences est inadmissible », interpelle. En ces temps de violences contre les grands principes démocratiques et républicains, réaffirmer qu'il est possible d’exprimer ses « pensées » et ses « opinions » dans les limites fixées par la loi aurait été bienvenu. Il aurait également fallu rappeler que la loi française permet de tourner en dérision une religion.

Ensuite, on peut s’étonner d’entendre parler de blasphème comme s’il existait encore un délit de blasphème ! On ne le répétera jamais assez : critiquer, moquer, remettre en cause ou détester une religion est un droit.

Plus choquant encore est la justification des violences a posteriori avec cette phrase : « Quand on déchaine l’irrationnel, il ne faut pas s’étonner de la suite des choses ». Quelques années plus tard, en 2006, usant du même procédé, Dalil Boubaker, recteur de la Grande mosquée de Paris, avait condamné les caricatures du Prophète Mahomet en déclarant : « Qui sème le vent récolte la tempête », n’hésitant pas à poursuivre les dessinateurs de Charlie Hebdo devant les tribunaux.

Avec le recul des événements violents qui n'ont eu de cesse de se multiplier ces dernières années, on mesure aujourd'hui la responsabilité des politiques qui ont rouvert cette notion de blasphème, notion qui n'existe pas en république laïque. « Le blasphème n'est scandaleux qu'aux yeux de celui qui vénère la réalité blasphémée », a dit le philosophe Pierre Bayle au 17ᵉ siècle. Par là, il faut entendre que des propos blasphématoires ne sauraient atteindre des croyants qui sont seulement mis à l'épreuve dans leur foi. C'est la raison pour laquelle, à la suite du siècle des Lumières, les religions n'ont plus le droit d'imposer leurs dogmes et les croyants d'imposer leurs croyances aux athées ou aux agnostiques. Par conséquent, le blasphème qui n'a de sens qu'aux yeux d'un croyant est une notion strictement religieuse qui ne peut pas être reconnue dans l'ordre juridique. 

Les intermittents de la liberté d’expression

À chaque attentat ou agression islamiste, il y a l’effroi face à l’acte. Il y a l’horreur devant la violence inouïe du mode d’action comme l’égorgement ou la décapitation. Puis il y a la honte de constater qu’après des décennies de violence, trop peu de choses sont entreprises pour arrêter ces actes barbares.

Voir les représentants politiques et médiatiques afficher un hashtag #jesuisRushdie de la même manière qu’ils l’avaient fait lors de l’attentat islamiste contre les dessinateurs et journalistes de Charlie Hebdo, a quelque chose de terriblement gênant. Si au moment de la grande manifestation de soutien, le 11 janvier 2015, on pouvait espérer une réponse ferme et durable à cette violence par une défense sans concession de la liberté d’expression, aujourd’hui, ces hashtags ne tiennent plus que de la posture. À chaque manifestation de violence, les mêmes mots, les mêmes gestes reviennent : dessins, bougies, nounours et hashtags. Il est d’ailleurs amusant de voir certains afficher leur émotion à l’agression de Salman Rushdie et se souvenir que ce sont parfois les mêmes qui réclamaient la plus grande fermeté face au discours contradictoire, qu’il soit scientifique, culturel ou politique, ne trouvant rien à redire à la confiscation des débats. Ont-ils seulement conscience de leurs contradictions ? Rien n’est moins certain. Parce que ces intermittents de la liberté d’expression ne pensent pas, ils posent.

Le roman comme antidote à la barbarie

Au-delà de la défense de la liberté d’expression et de la liberté de conscience, défendre Les versets sataniques, c’est aussi préserver la culture européenne.

En 1993, Milan Kundera publie Les testaments trahis. Avec un recul de quatre années par rapport à la fatwa lancée contre Salman Rushdie, Milan Kundera, qui a toujours soutenu l’écrivain et son œuvre, réagit non pas à la violence de l’islam politique, mais à la réponse des pays occidentaux, incapables de défendre « l’art le plus européen qui est l’art du roman ».

« Avec Les Versets sataniques, c’est donc l’art du roman en tant que tel qui est incriminé. C’est pourquoi, de toute cette triste histoire, le plus triste est non pas le verdict de Khomeiny (qui résulte d’une logique atroce, mais cohérente) mais l’incapacité de l’Europe à défendre et à expliquer (expliquer patiemment à elle-même et aux autres) l’art le plus européen qui est l’art du roman, autrement dit, à expliquer et à défendre sa propre culture. Les « fils du roman » ont lâché l’art que les a formés. L’Europe, la « société du roman », s’est abandonnée elle-même », a écrit Milan Kundera.

Aujourd'hui, en Occident, la culture qui nous a été transmise depuis l'Antiquité est de plus en plus violemment rejetée. Un rejet qui se situe bien au-delà des courants religieux radicaux, et qui s'étend à d'autres mouvements fanatiques comme le wokisme ou la cancel culture. Si ce rejet s'exprimait au départ par des mots, il y a encore une dizaine d'années, il a depuis fait place à des actes de violence, menés par des activistes animés par la passion d'interdire et la haine de soi culturelle. Ce goût pour l'effacement ou pour l'annulation d'une culture a révélé une civilisation qui a cessé de croire en elle-même. 

Il est temps de faire cesser ces bannissements au plus vite. Agir pour que toute tentative de censure des œuvres soit fermement combattue et sévèrement blâmée, est nécessaire, mais pas suffisant. À l'avenir et devant le malaise qui s'est installé au fil des années, il est grand temps de réfléchir à ce tournant moralisateur. Rouvrir le débat sur la fonction de l'art et de la création apparaît plus que jamais urgent. Un débat qui pourrait commencer par les mises en garde de Salman Rushdie dans son autobiographie Joseph Anton : 

« Puis-je me permettre de rappeler cette vérité élémentaire, à savoir que la liberté d'écrire est étroitement liée à la liberté de lire, et que vos lectures ne doivent pas être choisies, interdites ou censurées par quelque clergé ou Communauté Outragée que ce soit. Depuis quand une oeuvre d'art doit-elle être définie par ceux qui ne l'aiment pas ? La valeur de l'art est dans l'amour qu'il engendre, pas dans la haine. C'est l'amour qui fait durer les livres. Ne cessez jamais de lire. »

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