Ukraine - Russie  : l’écologie à la quête de la sécurité énergétique

Auteur(s)
Matthieu Verry, pour FranceSoir
Publié le 10 mars 2022 - 17:30
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Centrale nucléaire
Crédits
Ina FASSBENDER / AFP
La centrale nucléaire de Niederaussem (Allemagne).
Ina FASSBENDER / AFP

TRIBUNE — Après le coronavirus, la guerre que nous vivons entre l’Ukraine et la Russie révèle à ciel ouvert l’ensemble des défauts du système européen au cœur même de ses racines. N’avons-nous pas retenu les leçons du passé ? Derrière l’émergence des idées écologiques, la question de la sécurité énergétique ne semble pas suffisamment être questionnée laissant à zéro notre vision pragmatique de demain.

Aujourd’hui, l’écologie semble être tenue par une jeunesse souvent radicale qui nivèle par le bas la souveraineté européenne, il est temps de la réinventer avec un système plus protecteur et juste économiquement. Bien que les questions traitées par cette écologie sont philosophiquement utiles, seul le renouveau par l’innovation et l’enracinement seront les maîtres mots pour obtenir un mix énergétique indépendant.

À l’heure où la Chine et les États-Unis réfléchissent à la question de la stabilité énergétique de demain, les Français et plus largement les Européens pourraient se retrouver dans une situation cauchemardesque due à une géostratégie subie et non menée vivant au quotidien des coupures d’électricité.

L’autonomie européenne par la sortie de la dépendance de la Russie

Lorsque l’on voit une Allemagne comme une Italie tremblantes, mettant plusieurs jours à mettre en place des sanctions sur la Russie, car apeurés par l’inflation en Europe et par l’augmentation des prix des ressources naturels – dont le pétrole et le gaz, on peut se demander si l’Europe est vraiment souveraine sur son énergie. Sachant par exemple que 43 % de la consommation de gaz dépend pour l’Italie de Moscou, contre 27 % il y a dix ans.

Aussi, quand l’on sait que plusieurs états sont dépendants totalement au gaz russe, comme la Lettonie, la République Tchèque, la Finlande ou encore l’Estonie, et que Nord Stream 2, financé en partie par l’Europe, viendrait doubler les livraisons de gaz russe vers les pays européens, on peut se demander si l’Europe ne s’est pas vendue à la Russie.

La France n’a pas à rougir, puisqu’elle a plié genou face à l’Allemagne, acceptant dans la légifération de la taxonomie verte la présence de gaz comme un actif vert accentuant par automatisme sa dépendance afin d’obtenir en échange l’intégration du nucléaire français dans cette nouvelle taxonomie. La débandade est également présente dans le secteur privé qu’il ne faut bien évidemment pas ici condamner, mais accompagner.

Lire aussi : La Commission européenne accepte de classer le gaz et le nucléaire en "énergies vertes"

La crainte de la pénurie énergétique

L’insécurité énergétique est souvent synonyme de pénurie, poussant des pays à surexploiter leurs ressources naturelles, c’est-à-dire dévaster leur environnement. C’est, par exemple, le cas d'Haïti, qui subit nombre de catastrophes naturelles plus intenses les unes que les autres dues à une déforestation massive.

Le secteur énergétique, nerf de la guerre, se voit de plus en plus ciblé par des attaques informatiques augmentant de 380 % entre 2014 et 2015 – pour titre de comparaison les offensives contre les téléphones ont augmenté de 214 % et contre les banques de 102 %. Ce sont souvent les États qui génèrent ces attaques, jouant sur l’instabilité énergétique afin d’étendre leurs influences, c’est le cas de la Russie vis-à-vis de l’Europe.

Il est trop tard pour réveiller les consciences des citoyens sur la cyberguerre, puisqu’elle relève de l’invisible et n’est pas traditionnelle, la question désormais est de savoir quand elle frappera et pénétrera le système énergétique.

Les dégâts de l’instabilité énergétique

D’une part, les conséquences seront financières, avec une estimation de la perte de 10 MW durant deux heures le demi-million d’euros de pertes. D’autre part, les dégâts seront matériels et humains : la santé, les transports, les services de communications... De manière alimentaire et sanitaire, le drame naît alors entre une rupture de la chaîne de froid et une impossibilité d’épuration de l’eau, comme le souligne Gabrielle Desarnaud dans un rapport de l’IFRI.

Pour mieux dire, c’est dans ce contexte que la guerre frappe en premier lieu le secteur énergétique pour déstabiliser un pays, puisqu’il faut plusieurs semaines, voire des mois pour reprendre un cours normal une fois le courant rétabli.

Une ligne conductrice basée sur les transferts

La sécurisation totale des installations électriques, tout comme la prévention totale d’actes de sabotages est un mythe. Aucune production énergétique n’est parfaite, mais l’utilisation stratégique d’une plutôt qu’une autre peut permettre d’augmenter la sécurité tout en continuant la transition écologique. Ainsi, ce papier propose par son mélange d’éléments une énergie écologique sécuritaire.

La sécurité doit commencer par le transport énergétique qui chiffre des pertes exponentielles pour les longs circuits. Aussi bien le monde financier que le monde technique de l’ingénierie doivent se concentrer sur la sécurisation des connexions énergétiques ; dépasser 500/600 km, les pertes sont économiquement et environnementalement insoutenables.

Le nucléaire, énergie indispensable

Le mix énergétique proposé est composé de la puissance nucléaire. L’industrie nucléaire possède une culture de sûreté tant dans le risque physique que de cybersécurité. Le nucléaire possède un coût de production énergétique faible au début, qui devient exponentiel passé 50 ans.

Ainsi, la principale insécurité du nucléaire se trouve dans l’apport de son carburant, c’est-à-dire l’uranium enrichi. Aujourd’hui, l’uranium se trouve dans un nombre limité de pays très instables politiquement – Kazakhstan, Namibie, Niger. Avec un développement basé seulement sur le nucléaire, la France se verrait limitée par rapport à ses capacités de production.

Par ce contexte, nous proposons de réduire la part du nucléaire actuel sans le négliger puisqu’il est nécessaire pour soutenir l’effort du renouvelable.

L’éolien en perte de vitesse, en vertu du solaire

Il est peu probable que les objectifs sur les énergies renouvelables soient atteints, l’éolien étant le secteur le plus déficitaire. Autrement dit, chaque année voit l’éolien continuer à périr sans avenir du fait des innovations à faibles rendements.

Voir aussi : "La peste éolienne", Patrice Cahart alerte sur ces géants d'acier

En ce sens, les innovations sur les hélices ont depuis longtemps atteint leurs limites de gains sur le rendement proposé — même les hélices qui tournent en double flux ont un rendement qui ne s’améliore que de 2 %. Dans une autre perspective les champs à éoliennes pour la faune sont un véritable carnage tuant nombre d’espèces protégées.

Pour que ce système soit encore viable à court terme, afin d’obtenir un meilleur rendement énergétique, les projets des futures éoliennes déjà financées doivent comprendre des hélices cylindrées — prenant le vent de manière verticale au lieu d’horizontale.

À choisir entre le photovoltaïque et l’éolien, toutes deux énergies intermittentes, l’investissement doit porter sur le solaire, seule source durable pour permettre de décarbonner abondamment. Une idée serait d’arrêter de sous-traiter la construction de nos panneaux solaires, permettant une meilleure autonomie. Dans une dernière idée, le piratage pouvant atteindre les parcs éoliens plus facilement que le photovoltaïque, une politique de sécurité plus ambitieuse sur l’énergie solaire doit voir le jour.

Voir aussi : Jean-Marc Governatori, candidat à la primaire écologiste : "éducation à la santé" et écologie rassembleuse.

L’hydraulique flux d’énergie

La France a longtemps été pionnière sur l’énergie hydraulique qui est l’énergie intermédiaire avec la grande sécurité due à sa longévité et sa faible demande externe. En France presque tous les barrages hydroélectriques ont été construits, l’hydraulique marin semble être l’avenir.

En Europe, l’hydraulique marin se trouve tant en Norvège et en France qu’en Écosse. Autrement dit, des pays qui sont soumis à des courants marins. Le financement de cette énergie doit être la priorité, nombre d’innovations sont encore à découvrir dans ce domaine.

Le mix énergétique parfait

Réduire les sources d’énergies plus dangereuses revient à faire du local, c'est-à-dire accepter le nucléaire, tirer l’utilisation du gaz par le bas, accélérer le financement du solaire et augmenter l’hydraulique marin. Ainsi, la sécurité énergétique la plus rationnelle pour la France se voit composée de 50 % nucléaire, 50 % à moitié vert et renouvelable.

Aucune économie ne peut faire l’impasse sur le système de financement des futurs systèmes d’énergies et sur le fait que ces systèmes énergétiques doivent intégrer l’ensemble des moyens en ayant des systèmes hybrides composés de nucléaire, de renouvelable et de gaz.

Dû à un manque d’intégration de sécurité, dû à la vitesse de la digitalisation et l’impossibilité d’anticiper la nature des nouvelles technologies, le mix énergétique se voit comme la principale solution. Protéger le système énergétique, c'est aussi un moyen pour la France de stimuler la recherche et l’innovation dans le domaine de la sécurité et motiver l’adoption de normes communes qui feront la force de l’industrie énergétique européenne.

Bref, plus sûr, plus écologique et plus économique, ce mix énergétique proposé se voit briller avec des reflets de sécurité imposant la paix.

Matthieu Verry est étudiant en gestion et philosophie et vice-président d’Écologie Responsable.

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