Accusations de détournement, dettes non remboursées: Hamon dans la tourmente sur le financement de sa campagne présidentielle


Benoît Hamon a décidément l'art de se faire des amis. Alors que la polémique enfle à propos du coût de sa campagne présidentielle depuis que Julien Dray a lancé les hostilités début août, le candidat socialiste défait dès le premier tour est désormais attaqué sur deux nouveaux fronts. C'est tout d'abord le PS qui s'interroge désormais sur un possible trésor de guerre mis de côté par l'ancien député frondeur; ainsi que l'écolo Yannick Jadot qui fait savoir que le socialiste lui doit une somme plutôt rondelette.
Les près de 15 millions d'euros dépensés par Benoît Hamon pour une piteuse cinquième place et 6,36% des voix au premier tour de la présidentielle font grincer des dents au PS. Publiquement. "J’ai lu ce chiffre, et je pense que nous sommes un certain nombre à avoir beaucoup d’interrogations sur la manière dont a été géré ce budget de la campagne présidentielle", a ainsi attaqué Julien Dray le 9 août sur LCI. Et il ne décolère pas depuis. "Je me suis occupé de trois campagnes présidentielles dont deux de près. Vu le faible nombre de meetings et le peu de matériel de propagande utilisé, cette campagne a dû coûter au maximum 10 millions, pas 15!", a-t-il ajouté récemment, cité par Le Parisien. Mensonge! Répondent dans une tribune parue dans Libération les hamonistes qui affirment que la campagne de leur champion a été "sérieuse et sobre".
Nouveau motif de discorde: les 56.000 euros qu'a coûté le rassemblement de lancement du nouveau mouvement d'Hamon, le 1er juillet. Selon le quotidien de la capitale, les ténors socialistes -hors soutiens de Hamon n'ayant pas encore quitté le navire- s'interrogent sur la provenance de ces fonds. Et doutent ouvertement qu'ils proviennent de "dons et souscriptions" comme l'affirme les amis de l'ancien député des Yvelines. Allant jusqu'à évoquer des soupçons, qu'aucun élément matériel ne confirme à ce stade, sur des "avoirs secrets" qu'aurait négociés Hamon avec des prestataires ou la masse salariale de son équipe de campagne (cinq fois supérieure à celle d'Emmanuel Macron par exemple). Autant de petits arrangements qui lui auraient permis de mettre de côté un joli pactole.
"Ce n'est pas une question financière, juste un truc politique pour nous emmerder!", répond Régis Juanico, mandataire financier de la campagne, pour balayer ces accusations. Et si ces méthodes pour constituer un trésor de guerre sont somme toutes assez classiques, le problème est surtout que Benoît Hamon a pris ses distances, puis quitté le PS dès le lendemain de sa défaite à la présidentielle.
Pas très sport, dénoncent en substance ses détracteurs. Car le vainqueur de la primaire socialiste laisse derrière lui un parti en ruine, exsangue (vendre le siège historique de Solférino serait même envisagé) et des ardoises.
Celle due à EELV notamment, a révélé mardi 22 Le Monde. Un total de 200.000 euros promis par Benoît Hamon à Yannick Jadot lors de son ralliement derrière sa candidature et censés couvrir les premiers frais engagés par le candidat écolo pour initier sa campagne. Sauf que si un "accord formel" a été conclu selon EELV, celui-ci n'était que verbal et aucun écrit ne l'atteste. Et puisqu'il serait illégal d'inclure ce montant dans les frais de campagne, les hamonistes se déchargent en renvoyant la balle dans le camp du PS, qui ne veut rien entendre. "C'était un accord entre les équipes de campagne, je ne suis saisi d'aucun document, donc je ne peux pas engager de remboursement", justifie le trésorier du parti.
Dindon de la farce, Jadot ne veut désormais plus entendre parler d'Hamon. Il a ainsi renoncé à rejoindre le "mouvement du 1er juillet" de son ancien allié et refuse désormais d'apparaître à ses côtés.
[Mise à jour: le hamoniste Bastien Recher, très proche de l'ancien candidat, a réagi ce jeudi à ces accusations qu'il estime "pitoyables", auprès de L'Obs. Notre article à lire en cliquant ICI]
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