Avant Le Pen et Salvini, le "Front de la liberté" de Jacques Doriot
Marine Le Pen et Matteo Salvini, ministre italien de l'Intérieur et l'un des principaux visages du souverainisme en Europe, ont officialisé lundi leur rapprochement par la création du "Front de la liberté". Une alliance entre leurs deux partis, La Ligue et le Rassemblement national (ex-FN), en vue des élections européennes de 2019.
Marine Le Pen espère, avec son allié Matteo Salvini et les autres souverainistes européens, obtenir suffisamment de voix aux prochaines européennes pour renverser les équilibres au Parlement européen. "Nous sommes aujourd'hui à un moment historique. C'est l'Histoire avec un grand H qui va s'écrire au mois de mai prochain. C'est l'émergence d'une Europe des nations", a-t-elle déclaré lundi.
Voir: UE: les souverainistes Salvini et Le Pen s'en prennent au "bunker de Bruxelles"
On ignore d'où vient l'idée du nom de "Front de la liberté", lequel a sans aucun doute nécessité l'adhésion des deux partis. En France, il évoque une première tentative de l'union des droites nationalistes, dans les années 1930, en pleine expansion du fascisme en Europe. Surtout, son instigateur a été l'un des Français les plus engagés auprès de l'Allemagne nazie.
Réduire l'ancien Front de la Liberté à un parti fasciste serait cependant un raccourci. Il s'est essentiellement constitué autour de l'idée de l'anticommunisme, à une époque où la politique s'organisait davantage autour de ce clivage. Il n'aura d'ailleurs pas l'occasion de dégager une doctrine très précise. Créé en 1937 en réaction au Front populaire, il ne survivra qu'une année aux querelles des chefs des différentes sensibilités.
On peut toutefois relever le parcours de son principal fondateur: Jacques Doriot, à l'époque président du Parti populaire français. Evincé du parti communiste, il a dérivé vers l'extrême droite jusqu'à la collaboration avec les Nazis. Au nom de la lutte contre le bolchevisme, il revêtira l'uniforme allemand et se battra sur le front de l'Est. Après le Débarquement de Normandie, il ira jusqu'à à former en Allemagne un éphémère gouvernement de collaboration franco-allemande, le "Comité de libération française".
Si le Front de la liberté n'a donc pas laissé un souvenir impérissable dans la vie politique française et ne peut être présenté comme "fasciste", le choix de ce nom pour l'union du RN et de La Ligue peut étonner au regard du parcours de son créateur.
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