Contrat Benalla-oligarque russe : Macron, Philippe, Emelien, Makhmudov... les acteurs de l'affaire

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La rédaction de France-Soir
Publié le 08 février 2019 - 14:41
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Le président Emmanuel Macron et Alexandre Benalla, alors chargé de sa sécurité, au salon de l'Agriculture à Paris, le 24 février 2018
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© Ludovic MARIN / AFP/Archives
L'affaire Benalla éclabousse un nombre croisant de personnalités.
© Ludovic MARIN / AFP/Archives

Les rebondissements dans l'affaire Benalla, notamment sur le cas du contrat entre la société Mars et Iskander Makmudov, élargissent le cercle des noms impliqués de près ou de loin dans les différents dossiers. Y compris au sommet de l'Etat.

Le fait divers est devenu scandale d'Etat, le scandale d'Etat devient maintenant politico-financier avec une liste des noms évoqués –même si leur implication est encore hypothétique– qui s'élargit. L'affaire Benalla a pris une nouvelle tournure depuis la révélation par Mediapart d'une conversation entre l'ancien collaborateur de l'Elysée et l'ancien responsable de la sécurité de LREM le 26 juillet dernier (en violation apparente de leur contrôle judiciaire). Les deux hommes abordent la situation contractuelle de la société de sécurité Mars, gérée par Vincent Crase, avec le milliardaire Iskander Makhmudov. Benalla a toujours nié y avoir été impliqué, l'enregistremen tendant à montrer le contraire. Un élément de doute suffisant pour que le Parquet national financier ouvre une enquête pour "corruption", toujours selon une information de Mediapart (voir ici).

Depuis la révélation de cet enregistrement –qui a valu notamment au journal en ligne une tentative de perquisition– la liste des institutions et des personnalités éclaboussées par la tâche d'huile Benalla s'accroît, les dernières révélations touchant même Matignon.

Voici les personnages clés qui se retrouvent aujourd'hui au cœur "des" affaires Benalla.

-Iskander Makhmudov: ce milliardaire russe, très proche de Poutine, et qui a fait fortune dans l'exploitation minière dans des conditions troubles, a fait appel à la société Mars de Vincent Crase pour sécuriser ses propriétés en France et à Monaco, bien qu'il soit difficile d'estimer la prestation réelle. Le milliardaire a-t-il été en relation directe avec Alexandre Benalla? La justice le soupçonne, Mediapart l'affirme. Une photo prise en août 2018 –Alexandre Benalla avait déjà été licencié de l'Elysée– montre l'ancien collaborateur de l'Elysée avec Jean-Louis Haguenauer, représentant du milliardaire russe en France. L'enquête va donc chercher à savoir si les deux hommes étaient déjà en lien à l'époque où Alexandre Benalla travaillait à la présidence de la République et était habilité "secret défense".

Voir aussi - Affaire Benalla: une nouvelle enquête ouverte sur un contrat avec un oligarque russe

-Ismaël Emelien: c'est le nom qui refait surface depuis la révélation de l'écoute du 26 juillet. Ismaël Emelien, très proche conseiller de Macron et cofondateur d'En Marche, est déjà soupçonné par les enquêteurs d'être intervenu pour faciliter la transmission des images de la police prises lors des violences commises par le duo Benalla/Crase en marge de la manifestation du 1er mai. L'enregistrement montre galement un élément troublant: Benalla affirme qu'Ismaël Emelien le conseillait directement sur la manière de gérer la crise lorsqu'il était au coeur de la tourmente.

-Edouard Philippe: le Premier ministre n'est pas directement impliqué, mais l'affaire a levé le voile sur des soutiens de Benalla à Matignon. Marie-Elodie Poitout, commissaire divisionnaire et responsable de la sécurité du chef du gouvernement a ainsi démissionné après avoir admis qu'elle avait reçu Benalla chez elle le 26 juillet, là où l'enregistrement aurait été effectué (elle nie en être à l'origine). C'est également le compagnon de celle qui assure cette mission stratégique de sécurité qui est au cœur de la tourmente: Chokri Wakrim, militaire de 34 ans, est impliqué lui dans la négociation du contrat russe. Selon Valeurs actuelles, il a d'ailleurs été auditionné en février par le renseignement militaire sur son implication. Cet élément n'a jamais remis en cause la position de sa compagne qui a en outre pu cacher sa proximité avec Benalla (voir son action dans la rencontre illégale de Benalla et Crase, même si elle ne "se souvient plus" de la présence du second chez elle) à Matignon depuis le début de l'affaire.

-Emmanuel Macron: c'est le nom qui revient entre les lignes de différents éléments de l'affaire. Même si une participation quelconque du président de la République semble hors de propos à l'heure actuelle de l'enquête, son soutien relatif à Alexandre Benalla continue de poser question. C'est en effet sa présence dans les services de l'Elysée qui ont permis au jeune garde du corps de devenir un conseiller incontournable, doté d'une arme, d'un téléphone crypté et de plusieurs passeports diplomatiques. Autre élément troublant: le soutien du président dont se targue Benalla dans la conversation du 26 juillet. "Truc de dingue, le «patron» (Emmanuel Macron, NDLR) hier soir il m’envoie un message, il me dit: «Tu vas les bouffer. T’es plus fort qu’eux, c’est pour ça que je t’avais auprès de moi»" lance Benalla à un Crase dubitatif lors de l'échange. Le scandale Benalla n'a jamais cessé d'éclabousser la tête de l'Etat depuis le début de l'affaire. Les dernières révélations ne vont pas arranger la situation d'un Macron qui ne s'est pas exprimé depuis les nouvelles révélations de l'affaire.

Lire aussi:

Alexandre Benalla, d'une affaire à l'autre

Affaire Benalla: perquisition chez Mediapart, est-ce légal?

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