Coralie Dubost se retire de la vie politique, après avoir été épinglée pour ses dépenses personnelles

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FranceSoir
Publié le 01 mai 2022 - 21:15
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Coralie Dubost, le 7 mai 2020 à l'Assemblée nationale
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LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
Coralie Dubost, le 7 mai 2020 à l'Assemblée nationale
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"Je ne serai pas candidate à ma réélection" : épinglée par une enquête de Mediapart publiée vendredi, qui recensait les "mirobolantes notes de frais" imputées à ses frais de mandat alors qu'elles correspondaient parfois à des dépenses personnelles (vêtements, loisirs...), Coralie Dubost a annoncé cet après-midi son retrait de la vie politique dans un communiqué.

La retraite à 39 ans

Élue en 2017 députée de la troisième circonscription de l'Hérault dans la foulée de l'élection d'Emmanuel Macron, la juriste de formation était l'une des rares figures d'une majorité parlementaire en déficit chronique d'incarnation et de représentation médiatique : elle portait la parole macroniste dans les médias et on lui a longtemps prêté l'intention d'entrer au gouvernement.

Déplorant des "attaques injustes", Coralie Dubost "refuse d'être l'instrument d'une cabale antiparlementaire" et de se prêter "à un ping-pong de justifications qui confinent à un lynchage fantasmagorique sur les réseaux sociaux". Endeuillée par le décès de son père il y a deux mois, qu'elle mentionne dans son communiqué, c'est pour se "consacrer à [s]a famille", et à "l'enfant [qu'elle] porte" qu'elle annonce se "mettre en retrait de la vie politique".

"Débranchée" par l'Elysée ?

Le site Entreprendre avançait hier que l'affaire des notes de frais, désastreuse symboliquement, sonnait le glas de son avenir politique. Un ministre, sous couvert d'anonymat, jugeait qu'elle était devenue "une pestiférée pour l'Élysée", et expliquait qu'Emmanuel Macron et Stanislas Guérini (délégué général de La République en marche) s'opposaient catégoriquement à sa candidature à sa réélection. Qu'elle ait devancé l'appel ou que son retrait ait été téléguidé, la situation était devenue intenable dans le contexte politique actuel.

A-t-elle été victime d'une attaque politique ? Le rapport de l'Assemblée date d'il y a un an : la date de parution de l'article dans Mediapart n'est sans doute pas fortuite... Il est possible que l'ambitieuse parlementaire ait été victime d'un adversaire (...ou un concurrent de son camp) choisissant le moment le plus opportun pour de telles révélations accablantes.

Turnover et game over

Les sommes importantes pour lesquelles Coralie Dubost était mise en cause, notamment des dépenses vestimentaires dans une fourchette allant de 1500 à 2000 euros par mois, avaient fait l'objet d'un rapport et d'un rappel à l'ordre du déontologue de l'Assemblée nationale. Elles avaient été "régularisées", selon les déclarations de la députée à Mediapart, dans lesquelles elle rejetait la faute sur un de ses collaborateurs qui l'aurait induite en erreur. Manque de chance, justement, elle était également mise en cause pour la gestion ses collaborateurs, marquée par un turnover très important - une quinzaine ont travaillé avec elle au cours de son mandat : gestion délétère, tâches confiées qui sortaient du champ strictement professionnel... Un mode de fonctionnement qui n'est certes pas rare chez de nombreux parlementaires qui maltraitent leurs assistants et leur demandent des services personnels qui outrepassent largement leurs prérogatives, mais qui semblait être la face sombre de celle qui se rêvait étoile montante de la macronie.

"Soyez fiers d'être des amateurs", fanfaronnait le chef de l'Etat début 2020 en s'adressant à ses députés. Il a pourtant eu, à l'Assemblée et ailleurs, un grave problème de casting... et d'affaires, à des degrés divers mais au nombre considérable. De Laetitia Avia à Benjamin Griveaux, de Jean-Paul Delevoye à François de Rugy, et tant d'autres... Coralie Dubost rejoint la longue liste des personnalités touchées alors qu'elles étaient élues dans le sillage d'Emmanuel Macron ou nommées par lui : là aussi, le turnover a été impressionnant. En verra-t-on les effets dans les urnes ? Le premier tour des élections législatives se tient dans six semaines.

Voir aussi : Enjeux des législatives: chimère du "troisième tour" et recomposition des partis

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