Démission de Pierre de Villiers : Emmanuel Macron choisit la crise avec l'armée plutôt que le renoncement budgétaire
Sa démission semblait dans la balance et était pressentie pour vendredi 21 à l'issue d'une rencontre annoncée avec Emmanuel Macron. Il n'aura pas attendu jusque-là: le général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées, a annoncé dans un communiqué avoir présenté sa "démission au Président de la République, qui l'a acceptée". Son départ a été confirmé juste avant la réunion hebdomadaire du conseil de défense à l'Elysée.
Pierre de Villiers s'était positionné fermement contre la volonté de Bercy de proposer une réduction de 850 millions d'euros du budget alloué aux armées pour que le budget de l'Etat, lui, tienne les objectifs, soit un déficit inférieur à 3%. Si tous les ministères sont en principe concernés par le tour de vis, Pierre de Villiers s'était emporté contre l'annonce pour la Défense, dans des termes fleuris annonçant qu'il refusait de se faire "baiser" (sic) par Bercy.
Mais plus que les propos du général, c'est la fermeté du recadrage d'Emmanuel Macron qui avait surpris. Le 13 juillet, le président avait lancé à l'encontre des cadres de l'armée, lors d'un discours dans la cour de l'hôtel de Brienne: "J'ai pris des engagements. Je suis votre chef". Les deux hommes avait ensuite pris place ensemble sur un "command car" remontant les Champs-Elysées pour le défilé de la fête nationale. Emmanuel Marcon avait également été particulièrement incisif dans une interview pour le Journal du Dimanche du 16 juillet expliquant que "si quelque chose oppose le chef d'état-major des armées au président de la République, le chef d'état-major des armées change".
Pour le nouveau locataire de l'Elysée, la chose était claire. Entre renoncer au plan de 4,5 milliards d'économies pour 2017 conçu par le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, et la crise dans les armées, le président a choisi la crise, d'autant que la démission du chef d'état-major des armées est une première sous la Ve République. Et celle de Pierre de Villiers a un sens d'autant plus lourd que le militaire avait été reconduit le 30 juin dernier à ses fonctions pour une année par le président lui-même.
C'est donc la première vraie crise politique pour Emmanuel Macron (qui semble avoir été beaucoup moins affecté par le départ des ministres MoDem du gouvernement) qui va devoir gérer le départ de Pierre de Villiers dans un contexte ou plus de 13.000 militaires sont mobilisés sur le territoire (la majorité dans le cadre de l'opération Sentinelle) et plus de 10.000 sont déployés à l'étranger, dont près plus de 6.000 dans le cadre d'opérations extérieures.
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