Des éleveurs en colère bloquent l'axe Rennes-Brest

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 20 janvier 2016 - 21:39
Image
Eleveurs manifestations Bretagne 20.01.206
Crédits
©Damien Meyer/AFP
Sur la Nationale N12, entre Saint-Brieuc et Yffiniac, un véritable camp de base a été installé.
©Damien Meyer/AFP
Excédés par une crise qui n'en finit pas et dans laquelle des milliers d'emplois sont en jeu, des dizaines d'éleveurs bretons bloquent depuis ce mercredi l'axe routier Brest-Rennes. Ils menacent de rester sur place jusqu'à ce que Manuel Valls vienne les rencontrer.

Autour de feux de palettes pour se réchauffer, des dizaines d'éleveurs bretons, inquiets pour leur avenir, bloquent depuis ce mercredi 20 dans l'après-midi l'axe routier Brest-Rennes, près de Saint-Brieuc, menaçant de rester sur place "plusieurs jours" en attendant la visite du Premier ministre Manuel Valls.

"Valls, tu nous aimes?? Viens nous le dire ici et maintenant!!!", peut-on lire sur des dizaines d'affichettes placardées sur les tracteurs ou les véhicules des manifestants, réunis à l'appel de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA). "Nous l'avions rencontré l'an dernier mais rien n'a changé depuis", regrette Didier Lucas, président de la FDSEA des Côtes d'Armor.

Il s'agit, pour les éleveurs, d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur une crise qui n'en finit pas et dans laquelle des milliers d'emplois sont en jeu. "Nous sommes allés à Paris en septembre, mais c'est comme si nous n'avions rien fait", se désole l'un d'eux. "Les politiques nous entendent mais ne nous écoutent pas. Nous en sommes toujours au même point, sauf qu'on s'enfonce chaque jour davantage dans le rouge".

Pour cette démonstration de force sur la Nationale 12, entre Saint-Brieuc et Yffiniac, un axe extrêmement fréquenté avec plus de 60.000 véhicules par jour, un véritable camp de base a été installé, avec podium, tente et barbecues.

Prévoyants, les agriculteurs ont désigné jusqu'à au moins samedi 23 des responsables pour assurer les permanences tournantes de ce camp de base.

La préfecture a mis en place une déviation empruntant des routes départementales pour éviter l'agglomération de Saint-Brieuc.

Les éleveurs tirent depuis des mois la sonnette d'alarme en raison des cours trop bas, inférieurs aux coûts de production, auxquels le porc, le lait et la viande bovine sont achetés par les industriels de la transformation.

De nombreux agriculteurs en faillite sont contraints de mettre la clé sous la porte et les spécialistes considèrent qu'en moyenne, une exploitation génère sept emplois (y compris ceux en amont et en aval de l'élevage). D'où les risques de pertes d'emplois en cascade quand des éleveurs jettent l'éponge.

Dans l'élevage porcin, ils sont environ 20% dans cette situation, selon les chiffres des centres de gestion. "Le minerai breton c'est l'élevage. Le minerai du Nord, c'était le charbon et, aujourd'hui, ces mines sont devenues des musées. Est-ce qu'on est condamnés à disparaître comme ça aussi", s'interroge Jean-Michel Juhel, producteur de porcs.

Alors que le gouvernement explique ne pas pouvoir aider davantage les producteurs français en raison des règles européennes, les syndicats interrogent: "l’Espagne aide ses éleveurs: pourquoi pas la France? L'Allemagne protège ses marchés: pourquoi pas la France?".

Les éleveurs réclament, notamment pour le porc, un étiquetage mentionnant l'origine des viandes utilisées dans les produits transformés qui sont majoritairement fabriqués à base de porc d'importation, et sur lesquels est uniquement mentionné, conformément à la législation: "Transformé en France".

Les syndicats veulent également obtenir l'engagement des distributeurs et des industriels pour que les négociations commerciales annuelles en cours "se fassent dans le respect du travail des agriculteurs, toutes productions confondues: respect d'un prix équitable au producteur, respect de la qualité +origine France+, respect de la transparence sur la répartition des marges tout au long de la filière".

Parmi les éleveurs présents, plusieurs arborent un bonnet rose fuschia, signe de ralliement d'un nouveau collectif indépendant "Sauvons l'élevage français" (SEF), dont l'existence a été officialisée il y a quelques jours. SEF n'est pas associé à cette manifestation, "organisée par les syndicats", mais "laisse à chacun de ses membres le choix de se déterminer" par rapport à ce blocage, a déclaré à l'AFP Olivier Etienne, un des porte-paroles du collectif. Une partie des membres du nouveau collectif sont également adhérents à la FDSEA ou aux JA.

A Quimper, environ 130 agriculteurs venus avec une quinzaine de tracteurs ont également manifesté ce mercredi devant la préfecture du Finistère à l'appel des JA. Ils ont déposé des bottes usagées devant la représentation de l’État pour symboliser qu'ils en ont: "Plein les bottes".

 

À LIRE AUSSI

Image
Portrait de Stéphane Le Foll.
Manifestation des éleveurs : Stéphane Le Foll les rencontrera jeudi 23
Alors que les éleveurs en colère continuent de manifester ce lundi à Caen contre la faiblesse du prix de leurs productions, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Fo...
20 juillet 2015 - 12:34
Politique
Image
Vendredi soir, le Mont-Saint-Michel était déjà presque cerné par les eaux.
Grogne des éleveurs : le mouvement prend de l'ampleur, blocage du Mont-Saint-Michel
Alors que les éleveurs en colère continuent de manifester ce lundi à Caen et au Mont-Saint-Michel contre la faiblesse du prix de leurs productions, le ministre de l'Ag...
20 juillet 2015 - 21:03
Politique
Image
Eleveurs Blocage Mont Saint-Michel
Les éleveurs poursuivent le blocage de Caen et du Mont-Saint-Michel
La colère des éleveurs continue à Caen et aux abords du Mont-Saint-Michel. Les accès à la ville et au site touristique étaient toujours bloqués ce mardi matin. Les éle...
21 juillet 2015 - 09:36
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.