Droite attaquée, gauche cajolée : Hollande est bien en campagne pour 2017

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Pierre Plottu
Publié le 15 avril 2016 - 11:45
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François Hollande sur le plateau de "Dialogues citoyens", le 14 avril 2016.
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©Stephane de Sakutin/AFP
François Hollande a martelé jeudi soir sa ligne de conduite: "moderniser le pays tout en protégeant le modèle social".
©Stephane de Sakutin/AFP
Pendant les 90 minutes de l'émission "Dialogues citoyens", c'est un François Hollande offensif, mais jamais agressif, qui a martelé son bilan social et tenté de convaincre. Convaincre la gauche, cet électorat qui lui tourne largement le dos et qu'il cherche visiblement à reconquérir. Car oui, le président en bien (déjà) en campagne pour la présidentielle de 2017.

La campagne pour la présidentielle 2017 est lancée. Pour François Hollande du moins. Face aux Français et aux journalistes pendant 90 minutes sur le plateau de l'émission Dialogues citoyens, jeudi 14 au soir sur France-2, le président si malmené par les sondages et contesté jusque par sa base électorale s'est montré offensif.

Combattif mais jamais agressif, c'est un François Hollande aux faux airs de 2012 qui a notamment martelé que la France va "mieux" -sans pour autant aller "bien", a-t-il concédé. Mais aussi, et surtout, a rappelé son "cap": "moderniser le pays tout en protégeant le modèle social".

Le président pas encore candidat, ou alors à la candidature, a ainsi mis plus qu'à l'accoutumée en avant son bilan social. Bourses étudiantes, garantie locative pour les jeunes, pouvoir d'achat des salariés au Smic, abaissement de l'âge de la retraite pour les carrières longues... Les mesures "de gauche" ont occupé l'essentiel de son message de jeudi soir. Comme pour mieux cajoler cette gauche qui lui tourne aujourd'hui largement le dos, déçue du manque de résultats d'un président qui, candidat, faisait de la finance "l'ennemi", promettait que les jeunes vivraient mieux en 2017 et s'engageait à inverser la courbe du chômage.

Le chômage justement, François Hollande a dit clairement, peut-être plus que jamais, vouloir le faire baisser, mais pas à n'importe quel prix. Le président veut ainsi des embauches en CDI pour permettre aux salariés de sortir de la précarité, pendant obligatoire selon lui à la sécurité promise aux entreprises avec le pacte de compétitivité. Ainsi qu'"éviter" les fermetures d'usines "sur la base de critères boursiers".

Et comme un candidat ne doit pas faire l'économie de piques à ses adversaires, le chef de l'Etat a également distillé quelques attaques. Pas à la gauche de la gauche, comme il a pu parfois le faire. Non, François Hollande a au contraire salué le mouvement Nuit Debout, louant au passage la "participation citoyenne". Mais bien au camp d'en face, à la droite et à l'extrême-droite.

La première est ainsi rendue en filigrane responsable de l'échec de la déchéance de nationalité. Ce "symbole fort" exigé par les circonstances dramatiques d'après 13 novembre, sacrifié selon lui sur l'autel de la stratégie "politicienne" par l'opposition. La seconde, surtout, a été qualifiée de "remède pire que le mal". Il faut ainsi "faire attention de ne pas prendre un médecin qui puisse tuer le patient ou le rendre inconscient", a-t-il ajouté.

Un chef de l'Etat, calme et raisonné, voilà le visage qu'a voulu montrer le président, sans pour autant séduire la presse. Un leader incontesté recadrant, aimablement, son Premier ministre sur le voile et assurant que ses troupes le suivent. Même le trublion Emmanuel Macron? Même lui, est "dans l’équipe et sous (son) autorité", a affirmé François Hollande. Puis de prévenir: "il sait ce qu'il me doit, (c'est) une question de loyauté personnelle et politique".

La feuille de route paraît claire: jouer la carte du clivage droite-gauche, rassembler son camp, convaincre les électeurs séduits par le FN et enfin reconquérir les déçus de quatre ans de hollandisme. Le tout en moins d'un an. Un chemin de croix.

 

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