Durcissement du contrôle des chômeurs : écran de fumée ou mesure d'équité ? La classe politique divisée
Les grandes lignes de la future réforme de l'assurance chômage commencent doucement à se dessiner, et ce alors même que les négociations officielles n'ont pas encore commencé (elles auront lieu entre le 11 janvier et mi-février). Une note secrète du gouvernement, révélée mardi 26 par Le Canard enchaîné a déchaîné les passions au sein de la classe politique, opposant ceux qui sont plutôt pour et ceux qui sont totalement contre.
Mais quelle est cette "note"? Apparemment, le gouvernement songerait à durcir encore le contrôle des chômeurs en réduisant voire en supprimant l'allocation à ceux qui ne mettraient pas toutes leurs forces dans leurs recherches d'emploi.
Ainsi, Le Canard enchaîné assure que, selon ce projet, les chômeurs qui n'enverraient pas suffisamment de candidatures, qui refuseraient une offre d'emploi ou une formation jugées raisonnables, verraient dès le premier écart la somme versée réduite de moitié.
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Ce mercredi 27, plusieurs personnalités de la classe politique ont réagi à cette éventualité. Pour les opposants, c'est un écran de fumée. L'arbre qui cache la forêt. Autrement dit les intentions réelles du gouvernement de diminuer le taux de chômage en supprimant des chômeurs de la liste.
C'est notamment ce qu'a dénoncé le député de la France insoumise de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière sur LCI: "Le gouvernement va mettre en place des mesures pour encore plus pénaliser les chômeurs. Le but, c'est d'afficher une pseudo baisse du chômage en supprimant des chômeurs, ce n'est que ça qu'ils veulent faire".
Scandale ! Le gouvernement veut précariser davantage les demandeurs d'emplois, les surveiller, baisser leurs indemnités, les rayer des listes. C'est inacceptable ! Lutter contre les chômeurs, ce n'est pas lutter contre le chômage ! #chômeurs
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) 27 décembre 2017
Même topo du côté de la CGT: "C'est toujours les plus pauvres qu'on contrôle", a ainsi déclaré Alain Florin, du bureau national du comité des chômeurs.
Choqué par cette mesure (éventuelle), Fabien Roussel, député communiste dans le Nord, a lui suggéré qu'on inverse la sanction, en pénalisant "Pôle Emploi si ce dernier est incapable de proposer (au chômeur) au deux moins deux offres (d'emploi) à temps plein".
Sanctions contre les #chomeurs. Je propose l’inverse : donner le pouvoir à chaque chômeur cherchant activement du travail de pouvoir sanctionner #poleEmploi si ce dernier est incapable de lui proposer au moins deux offres à temps plein! Inversons la pression !
— Fabien Roussel (@Fabien_Rssl) 27 décembre 2017
Côté LREM et patronat, on défend plutôt cette idée de durcissement du contrôle des chômeurs. Pour Thibault Lanxade, vice-président du Medef, "l'assurance-chômage c'est du conseil, c'est de l'accompagnement mais c'est aussi du contrôle": "Ce n'est pas du harcèlement, c'est tout simplement le fait que cette assurance corresponde bel et bien à une recherche d'emploi. On contrôle, on monitore on va dire cette recherche d'emploi, donc il n'y a rien de plus normal", a-t-il aussi déclaré sur LCI. Jugeant même cela comme "une mesure d'équité que les Français demandent".
Le député LREM Sylvain Maillard a rappelé sur RTL que les contrôles réguliers des chômeurs faisaient partie du programme électoral du président. "Pendant toute la campagne électorale d'Emmanuel Macron, et ensuite pendant la campagne des législatives, nous avons dit qu'être au chômage donnait des droits et des devoirs".
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