"Eloge de la Gestapo" : Jean-Marie le Pen débouté face à Arnaud Montebourg
La cour d'appel de Paris a débouté ce jeudi 19 Jean-Marie le Pen, qui poursuivait en diffamation Arnaud Montebourg pour avoir affirmé que le président d'honneur du Front national avait "fait l'éloge de la Gestapo". La cour a totalement confirmé le jugement de première instance, qui avait, fait rare, retenu "l'exception de vérité" soulevée par la défense, expliquant en clair qu'Arnaud Montebourg ne pouvait être poursuivi car il disait la vérité.
L'ancien dirigeant du parti d'extrême droite a aussi vu confirmée, compte tenu de sa "mauvaise foi", sa condamnation à verser 3.000 euros à l'ancien ministre du Redressement productif, pour procédure abusive.
Le 23 février 2014, en pleine campagne pour les municipales, le ministre socialiste avait débattu avec Marine Le Pen, fille et héritière politique du cofondateur du FN: "Moi je n'oublie pas que le président d'honneur du FN a fait il y a quelques années l'éloge de la Gestapo et de l'occupation allemande", avait-il alors déclaré.
Allusion, notamment, aux propos de Jean-Marie Le Pen sur l'occupation allemande, qui n'aurait pas été "particulièrement inhumaine". Propos qui lui ont valu, au terme d'une longue procédure, d'être définitivement condamné à trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende, pour contestation de crime contre l'humanité.
A l'audience, la défense de l'ancien ministre a produit plusieurs décisions de justice, desquelles il ressortait, selon le tribunal, que Jean-Marie Le Pen a bel et bien fait l'éloge de la Gestapo et de l'occupation allemande. La cour d'appel a confirmé jeudi que "l'offre de preuve remplissait les exigences" prévues par la loi. L'exception de vérité n'est que très rarement retenue par la justice, car la preuve doit être "parfaite, complète et corrélative aux diverses imputations formulées", selon une jurisprudence constante au moins depuis 1948.
Dans la quasi-totalité des cas, l'issue d'un procès en diffamation se joue non sur la véracité des propos litigieux, mais sur la "bonne foi" de celui qui les a tenus. Jean-Marie Le Pen, 88 ans, a déjà été plusieurs fois condamné pour des propos considérés comme négationnistes ou incitant à la haine. Il avait notamment été condamné en avril 2016 à 30.000 euros d'amende pour contestation de crime contre l'humanité pour avoir répété que les chambres à gaz n'étaient à ses yeux qu'un "détail" de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
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