Fécondité et immigration : peut-on vraiment parler de "grand remplacement" ?
Une étude de l'Institut national d'études démographiques (INED) publiée mardi 9 a fait grand bruit, notamment chez les adeptes de la théorie du "grand remplacement". Elle confirme en effet que les femmes immigrées ont un taux de fécondité supérieur aux "natives" françaises. Mais l'impact sur le taux de natalité général est finalement faible. Et surtout, utiliser ces chiffres pour déduire une surreprésentation d'une ethnie ou d'une autre n'a pas de sens.
L'étude de l'Institut national d'études démographiques (INED) publiée mardi a beaucoup fait réagir. Il faut dire que son intitulé était volontairement sans ambiguïté: "La France a la plus forte fécondité d’Europe. Est-ce dû aux immigrées?"
"Laissons de côté les aspects idéologiques pour nous limiter aux faits", écrivent les auteurs en préambule. Un conseil qui n'a pas été suivi par tous, notamment pas par les adeptes de la théorie du prétendu "grand remplacement". Celle-ci affirme que les traits et la culture "européenne" vont disparaître en raison de l'immigration africaine, d'un taux de natalité supérieure de ces populations, et même, dans sa version complotiste, que ce phénomène serait organisé par le "pouvoir" ou des lobbys.
Voir: Prénoms, immigration et intégration - quelle évolution?
Mais l'étude de l'INED ne valide en rien cette idée. Elle confirme bien que le taux de natalité des femmes immigrées est supérieur à celle des "natives" (2,75 contre 1,88). Mais eu égard à leur part de la population française, en 2017, "la présence des immigrées ajoutait un peu plus de 0,1 enfant au taux de fécondité national", finalement de 1,99. On serait donc bien loin d'un "grand remplacement".
Il faut également rappeler que l'étude ne se base pas sur des critères ethniques contrairement à la théorie pseudo-scientifique. Une immigrée y est définie comme une personne née étrangère à l’étranger et résidant habituellement en France, devenue française ou non. Et si les immigrées originaires d'Afrique sont en effet celles qui ont le plus important taux de fécondité (entre 2,9 et 3,7), le taux de fécondité des immigrées européennes, américaines, océaniennes ou asiatiques est également plus important que celui des "natives". Chiffres qui en plus devraient s'analyser au regard de la part de chaque origine dans l'immigration totale.
D'un autre côté, les femmes issues de l'immigration mais à la seconde ou troisième génération (ou plus) ne sont pas prises en compte dans l'étude. De même, elle ne se penche pas sur l'origine des pères de ces enfants. Ce qui montre bien qu'une analyse ethnique ne saurait découler de ces résultats.
Enfin, le cas de la France n'est pas représentatif de l'Europe. Dans nombre de pays, les taux de fécondité des femmes immigrées et natives sont proches, voire en faveur de ces dernières. C'est le cas en Islande, en Finlande, aux Pays-Bas, au Danemark, dans les pays baltes, en Tchéquie, en Bulgarie, en Hongrie, en Pologne…). De quoi largement remettre en cause l'idée que les immigrés feraient généralement plus d'enfant que les "natifs" européens.
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