Fichage des données personnelles des Français : le Conseil national du numérique est contre
Le Conseil national du numérique (CNNum), organe consultatif, a demandé ce lundi 7 la suspension de la constitution d'un mégafichier regroupant les données personnelles des Français pour les passeports et cartes d'identité.
Ce fichier baptisé "Titres électroniques sécurisés" (TES), qui a fait l'objet d'un décret du gouvernement publié fin octobre, pourrait à terme "conserver les données biométriques de près de 60 millions de Français dans une base centralisée", met en garde le CNNum dans un communiqué.
Cette instance, qui a pour mission de formuler des recommandations sur les questions liées à l'impact du numérique sur la société et sur l'économie, appelle ainsi le gouvernement à "suspendre la mise en oeuvre de ce fichier".
Déplorant "l'absence de toute concertation préalable à la publication de ce décret", elle l'invite aussi à ouvrir "une réflexion interministérielle" sur le sujet.
Selon le CNNum, ce fichier, qui suscite des inquiétudes, laisse "la porte ouverte à des dérives aussi probables qu'inacceptables" et est "propice aux détournements massifs de finalités".
Il réunit dans une seule base les données (identité, couleur des yeux, domicile, photo, empreintes digitales...) des détenteurs d'un passeport et d'une carte d'identité nationale.
De son côté, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a plaidé pour un débat parlementaire sur le nouveau fichier.
Celui-ci ne comporte aucune fonctionnalité d'identification à partir de ses seules données biométriques, mais la CNIL redoute également l'évolution possible de l'utilisation d'un tel fichier et les risques de détournement de ses données.
Plusieurs voix se sont déjà élevées pour déplorer la création d'un "mégafichier de 60 millions de Français". Le sénateur socialiste Gaëtan Gorce, membre de la Cnil, a déploré que le gouvernement ait décidé de créer "une sorte de monstre" et le président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme, Michel Tubiana, a redouté un possible "hackage du fichier" par des pirates informatiques.
Interpellé mercredi à l'Assemblée par le député Lionel Tardy (Les Républicains) qui regrettait l'absence de débat au Parlement, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a assuré que toutes les garanties avaient été prises et a défendu une simplification administrative.
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