François Hollande à mi-mandat : "Moi président..."

Auteur(s)
Victor Lefebvre
Publié le 05 novembre 2014 - 12:45
Mis à jour le 07 novembre 2014 - 10:27
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François Hollande sur France2.
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©France2/Reuters
A mi-mandat, François Hollande doit défendre son bilan.
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C'est le moment de la campagne présidentielle de 2012 qui est resté dans les mémoires. L'anaphore de François Hollande lors du débat télévisé du second tour face à Nicolas Sarkozy. A mi-mandat, voici le bilan de ces 15 "Moi président de la République". Un bilan plutôt favorable au président.
A l'heure du bilan de mi-mandat de François Hollande, que reste-t-il de ses 15 "Moi président"? Ils auront déjà eu le mérite de faire connaître de tous le sens du terme "anaphore", reprise d'un ou plusieurs mots au début de phrases successives. Malgré son impopularité record, François Hollande n'a pas à rougir de sa figure de style. Plusieurs promesses ne visaient qu'à stigmatiser et à se démarquer de Nicolas Sarkozy, beaucoup d'autres ont été tenues. Reste celles que François Hollande essaye de tenir, non sans mal.
 
"Je ne serai pas le chef de la majorité. Je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l'Elysée". Non tenu.
Si François Hollande n'a pas organisé de grand-messe comparable à celles de son prédécesseur, il reçoit régulièrement des parlementaires PS par petits groupes. 
 
"Je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur". Tenu.
François Hollande n'a pas commis cette erreur de syntaxe dont Nicolas Sarkozy s'était rendu coupable, ni pour Jean-Marc Ayrault et encore moins pour Manuel Valls.
 
"Je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti dans un hôtel parisien". Tenu.
Nicolas Sarkozy accueillait à l'hôtel Bristol les soutiens les plus généreux de l'UMP. François Hollande n'a pas participé à ce genre d'évènement sous sa présidence.
 
"Je ferai fonctionner la justice de manière indépendante, je ne nommerai pas les membres du parquet alors que l'avis du Conseil supérieur de la magistrature n'a pas été dans ce sens". Tenu dans l'ensemble.
François Hollande a toujours suivi l'avis du Conseil supérieur de la magistrature dans ses nominations. Sa réforme de ce conseil se fait attendre. L'affaire Cahuzac, celle des écoutes de Nicolas Sarkozy et de la mutation du juge Falletti ont tout de même fait planer le doute sur l'indépendance de la justice.
 
"Je n'aurai pas la prétention de nommer les directeurs des chaînes de télévision publiques. Je laisserai ça à des instances indépendantes". Tenu.
La loi sur l'audiovisuel public votée en juillet 2013 met fin à ces nominations "présidentielles", instaurées en 2009. Cette décision revient au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) dont le chef de l'Etat ne nomme plus que le président au lieu de trois membres auparavant. 
 
"Je ferais en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire". A voir.
Il appartient à chacun d'en juger. La vie privée du chef de l'Etat (Valérie Trierweiler, Julie Gayet) n'a pas vraiment aidé le président sur ce sujet.
 
"J'aurai à cœur de ne pas avoir un statut pénal du chef de l'Etat. Je le ferai réformer de façon à ce que, si des actes antérieurs à ma prise de fonction venaient à être contestés, je puisse dans certaines condition me rendre à la convocation de tel ou tel magistrat ou m'expliquer devant un certain nombre d'instances". Il essaye.
Le statut pénal du chef de l'Etat est inscrit dans le projet de révision de la Constitution qui a dû être reporté. Actuellement, François Hollande a peu de chances de réunir une majorité des trois-cinquièmes du Parlement, nécessaire à une réforme de la Constitution.

 
"Je constituerai un gouvernement paritaire, autant de femmes que d'hommes". Tenu.
Si l'on exclut le Premier ministre, les gouvernements de Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls comptaient autant de femmes que d'hommes. Lorsque le nombre de ministres était impair, il n'y avait pas plus d'un homme ou une femme de plus.
 
"Il y aura un code de déontologie pour les ministres qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d'intérêts". Tenu en théorie, raté dans les faits.
Cette "charte de déontologie" a été instaurée dès mai 2012. Cependant, les contradictions entre ministres ont mis à mal son "principe de solidarité", sans compter les ravages de l'affaire Cahuzac.
 
"Les ministres ne pourront pas cumuler leur fonction avec un mandat local, parce que je considère qu'il devrait se consacrer pleinement à leur tâche". A peu de chose près.
Les ministres peuvent être de simples élus locaux (conseillers municipaux par exemple) mains ne peuvent avoir de fonction exécutive (maire).
 
"Je ferai un acte de décentralisation car je pense que les collectivités locales ont besoin d'un nouveau souffle, de nouvelles compétences, de nouvelles libertés". En cours.
Création de métropoles aux pouvoirs élargis, redécoupage régional et suppression des départements: si le chemin de la suppression du "mille-feuille territorial" est long et semé d'embûches, François Hollande a bien fait de la décentralisation un de ses grands chantiers.
 
"Je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés (…) et que nous puissions avoir régulièrement une discussion pour savoir ce qui relève de la loi, ce qui relève de la négociation". Tenu.
Une "grande conférence sociale" est organisée chaque été depuis 2012. Elle réunit les représentants des syndicats, des employeurs et des collectivités territoriales. Les textes sur la réforme du marché du travail et la formation professionnelle en découlent.
 
"J'engagerai de grands débats, on a évoqué celui de l'énergie, et il est légitime qu'il puisse y avoir sur ces questions-là de grands débats citoyens". Tenu.
Plusieurs grands débats ouverts aux citoyens sur l'énergie, la dépendance et l'éducation ont bien été organisés.
 
"J'introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives (…) de 2017 parce que je pense qu'il est bon que l'ensemble des sensibilités politique soient représentées". En difficulté.
L'introduction d'une "dose" de proportionnelle à l'Assemblée nationale n'a pas été retenue pour le projet de réforme constitutionnelle de 2013, lui-même reporté faute de majorité au Congrès. Cette promesse a pourtant été réitérée par Manuel Valls.
 
"J'essaierai d'avoir de la hauteur de vue pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions, mais en même temps je ne m'occuperai pas de tout et j'aurai toujours le souci de la proximité avec les Français". Dans la tourmente.
François Hollande veut être un président "gaulliste", fixant le cap au-dessus de la mêlée politique en opposition à "l'hyper-présidence" de Nicolas Sarkozy. Mais cette posture en retrait est pour beaucoup assimilé à une forme de faiblesse.
 

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