Gestion de l’épidémie : les départements 13 et 92 (hôpital Poincaré) de bons élèves ?

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FranceSoir
Publié le 01 juin 2020 - 14:00
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Analyses FranceSoir, les bons élèves
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Arek Socha de Pixabay
Gestion de l’épidémie :les départements 92 et 13 de bons élèves ?
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ANALYSE (Suite) : La région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) et le département des Bouches-du-Rhône (13) se distinguent plus particulièrement dans la crise, mais l'analyse plus fine des données du département 92 permet d'amener d’autres explications

Ces derniers jours l’attention médiatique, s’est portée sur d’autres sujets que les chiffres et les comparaisons, avec un focus sur l’étude publiée dans The Lancet quii a entrainé une polémique planétaire sur les études "big data" versus les essais cliniques. Cela a aussi eu un impact non négligeable puisque l’Organisation Mondiale de la Santé a demandé la suspension temporaire des essais cliniques incluant l’hydroxychloroquine.

Il n’est pas moins que le débat sur les chiffres et la gestion de l'épidémie doit reprendre sa place. Alors que l'épidémie régresse et que le déconfinement se précise, nous revenons sur les analyses par région et département.  Dans une épidémie, il est intéressant de regarder l’évolution temporelle du ratio de décès hospitalier sur hospitalisés et guéris et de le comparer régions par région afin de voir si des différences existent.

Au 16 mai, le taux de décès varie de 12,9% en région PACA à 20,6% pour la région Grand Est.  La moyenne nationale s’établie à 17,8% et la région Ile-de-France est juste au-dessus à 18,1%

La région Aquitaine et Bretagne qui ont des taux de mortalité inférieur se retrouvent juste au-dessus de la région PACA à 14,6% et 15,3% respectivement. 

Sans vouloir lancer une polémique sur le calcul du taux de décès, la région PACA se retrouve bien en dessous de toutes les autres régions.

Certains diront que l’hospitalisation et le dépistage y a été supérieur ce qui fait naturellement baisser le taux de décès.  Il y aura surement beaucoup à apprendre de la stratégie employée en PACA avec un dépistage plus important, un traitement en amont qui même s’il n’est pas encore prouvé efficace aura endigué la prolifération du virus en réduisant le R0 (taux de viralité des personnes), par dépistage.  De plus la région PACA a eu une pression du virus importante et comparable à d’autres régions comme la région Auvergne-Rhône-Alpes ou Ile-de-France.

En dessous de 40 ans le taux de décès est non significatif et cela ne présente donc pas d’intérêt de regarder ces informations.  Le focus sera donc porté sur les populations plus âgées car plus sensibles au virus.

Pour la tranche d’âge des 40-69 ans, le taux de décès s’étale de 4,2% en PACA à 10,4% en Normandie.  La moyenne nationale est de 8,5% et l’Ile-de-France est à 10,2%.

La région PACA est donc à la moitié de la moyenne nationale.

Sur la tranche d’age la plus touchée, le taux de décès va de 22,3% en PACA à 29,6% dans le Grand Est et la moyenne nationale est à 26,6%.  L’écart entre la fourchette basse et haute se resserre cependant PACA est toujours en-dessous même des regions Aquitaine et Bretagne.  Les courbes ont des formes comparables.

 

Indice de gravité, indice synthétique

Le dernier exercice auquel nous nous sommes prêtés est celui de la création d’un indice afin de mesurer la « gravité » de la situation au cours du temps dans les divers départements. 

Cet indice est le ratio des décès et réanimations divisé par le nombre d’hospitalisés (net des réanimations) additioné au nombre de patients guéris.  La remontée des données n’ayant pas été homogène d’une région à l’autre et d’un jour à l’autre, nous avons corrigé les données en calculant une moyenne mobile sur 6 jours.  Par exemple nous avons noté que le weekend les données avait quelques incohérences surement liées au fait que le samedi ou le dimanche la collecte des données était légèrement décalée.  Cela permet donc d’avoir un indice plus lisible. Cependant les données sont disponibles pour faire la même analyse sans correction. 

Il faudra noter qu’en début d’épidémie, cet indice a moins de sens, car les chiffres étaient très faibles et certaines régions n’avaient pas été encore touchées par l’épidémie. Cette analyse a été faite au niveau départemental et pour éviter de rendre le graphique illisible nous n’avons mis que certains départements. Les données sont disponibles bien sûr pour tous les départements sans que cela n’amène de différences significatives.

Sur ce graphique, on confirme que le département des Bouches-du-Rhône a un indice de gravité inférieur à tous les autres départements et ce pour toute la durée de l’étude. La Moselle ayant l’indice le plus élevé.  Il est intéressant de noter que malgré le taux de mortalité inférieur en Gironde dans la gestion de la crise le département 13 s’est illustré ayant un indice de gravité bien inférieur, même si en fin d’épidémie les indices se rejoignent.

En se focalisant sur quelques départements clés ou l’épidémie a été intense, on peut s’apercevoir que le département 92 est passé en dessous de la moyenne nationale vers le 28 avril 2020. Le 75 étant bien au-dessus de la moyenne nationale. Nous nous sommes intéressés plus particulièrement à ce département.

Le département 92 nous a particulièrement intéressé, pour la raison suivante : le département 13 a fait l’objet de beaucoup d’attention dû à la bithérapie employée à l’IHU par le Professeur Raoult, cependant à l'hopital Raymond Poincaré de Garches (ville du 92), le professeur Perronne a fait usage de la même bithérapie. Une étude avait même été publiée avant d’être retirée pour être revue par des pairs. Un point d'intérêt de cette étude sur 132 patients, était le taux de guérison de 91% entre le mois de mars 2020 et avril 2020.  Cela s'est traduit par une guérison de 120 patients sur les 132 patients traités. 

En faisant l’hypothèse que l’hôpital de Garches n'ait pas fait usage de la bithérapie et que la létalité de cet hôpital soit similaire à celle du département, on peut donc estimer un taux de décès hospitalier rectifié.  Ceci permet de calculer l’indice de gravité rectifié pour le 92. En ce faisant, on s’aperçoit que la courbe rectifiée du 92 se rapproche de celle de Paris. Il n’y a que peu de raisons que le 75 et le 92 ait des comportements épidémiologiques différents de par leur proximité géographique En conséquence, ce qu’il y a de très intéressant à noter c’est que l’indice de gravité du 92 descend plus rapidement que la moyenne nationale.  Cette analyse est faite pour essayer d'illustrer la différence dans l'approche du traitement de la crise par département.

On peut y voir plus qu'un début d’explication entre les diverses stratégies employées (dépistage et traitement en amont), qui influencent’indice de gravité et la gestion de l’épidémie.

Cela devra être confirmé par l’analyse plus fine des données hospitalières qui ne sont malheureusement pas disponibles.

En conclusion, le département 13 (IHU) et l'hôpital Raymond Poincaré de Garches dans le 92 sont parmi les bons voire très bons élèves de l’épidémie.

 

Une anecdote non négligeable, l'hôpital Raymond Poincarré est amené à fermer dans les 3 ou 4 ans qui viennent au profit de l'hôpital Amboise Parré de Boulogne-Billancourt, un garchois nous disait :

"pour des raisons d'influence et de gros sous, ceux que l'on félicite aujourd'hui seront demain au chômage"

 

 

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