Graciée par François Hollande, Jacqueline Sauvage est sortie de prison dans la foulée

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 28 décembre 2016 - 21:31
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Des manifestants réclament la grâce présidentielle pour Jacqueline Sauvage.
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Jacqueline Sauvage, dont le cas avait suscité une intense mobilisation, est sortie de prison ce mercredi après avoir été graciée par François Hollande.
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Présentée comme un symbole des femmes victimes de violences conjugales, Jacqueline Sauvage, dont le cas avait suscité une intense mobilisation, est sortie de prison ce mercredi après avoir été graciée par François Hollande, malgré deux décisions de justice opposées à sa libération.

Jacqueline Sauvage, qui a fêté mardi 27 son 69e anniversaire en prison, n'y passera pas le Nouvel An: elle est sortie libre peu avant 18H30 de la prison de Réau, où elle était détenue pour le meurtre de son mari violent. Une voiture est sortie de ce centre pénitentiaire de Seine-et-Marne, au sud-est de Paris, sans s'arrêter devant les nombreux journalistes présents. Une source policière a confirmé à l'AFP que Jacqueline Sauvage se trouvait à son bord avec trois membres de sa famille.

La grâce totale avait été annoncée par l’Élysée deux heures plus tôt par communiqué: "Le président de la République a estimé que la place de Madame Sauvage n'était plus aujourd'hui en prison, mais auprès de sa famille." "J'en pleure, c'est merveilleux (...), on y croyait sans y croire. Un merci infini au président de la République", a réagi Carole Marot, l'une des filles de cette femme condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent, tué de trois coups de fusil dans le dos. François Hollande l'avait déjà graciée partiellement le 31 janvier, ce qui lui permettait de demander une libération conditionnelle. Mais cette demande avait été rejetée en première instance, puis en appel.

Après ces deux rejets, les filles de Jacqueline Sauvage avaient déposé début décembre une demande de grâce à l’Élysée. Le chef de l’État a finalement décidé, "après avis du ministre de la Justice", d'accorder à la condamnée "une remise gracieuse du reliquat de sa peine d’emprisonnement".

L'une des avocates de Jacqueline Sauvage, Me Nathalie Tomasini, s'est dite "terrassée par la joie et l'émotion" après avoir "porté ce dossier à bout de bras" pendant "un an de travail acharné". "C'est le fruit de l'union de toutes les associations féministes et, plus largement, de la mobilisation massive qui a eu lieu", s'est félicité Osez le Féminisme.

La demande de grâce avait été relayée par un comité de soutien, présidé par la comédienne Éva Darlan, mais aussi par le député PS des Yvelines et candidat à la primaire socialiste Benoît Hamon. "Jacqueline Sauvage, victime de son compagnon mais aussi de l'aveuglement de notre société, ne peut rester derrière les barreaux", avait-il souligné dans une lettre ouverte au chef de l’État.

Le candidat de la France insoumise à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon, qui avait appuyé cette demande, a salué "une décision juste, par-delà la loi écrite, par-delà le bien et le mal, en conscience".

La justice avait pourtant par deux fois refusé une libération conditionnelle. Après le tribunal d'application des peines de Melun, qui avait reproché à Jacqueline Sauvage "de ne pas assez s'interroger sur son acte", la cour d'appel de Paris avait estimé à son tour que sa réflexion demeurait "pauvre et limitée" puisqu'elle peinait à accéder à un "authentique sentiment de culpabilité".

Surtout, la cour d'appel avait estimé qu'elle continuait "à se poser en victime", confortée par la mobilisation en sa faveur. "En accordant une grâce partielle, François Hollande avait mis en avant le respect des décisions de justice et l'indépendance des magistrats. Et quelques mois plus tard, on piétine allègrement ce que l'on avait dit", a regretté Céline Parisot, secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats. Ce syndicat majoritaire a dénoncé un geste "très hypocrite" de la part d'un président, qui s'est aliéné les bonnes grâces des magistrats après ses propos sur leur "lâcheté" parus dans un livre en octobre.

Lors des procès, en octobre 2014 d'abord, puis en appel en décembre 2015, les trois filles de Jacqueline Sauvage avaient témoigné à charge contre leur père, expliquant avoir été violées et battues, comme l'avait été leur mère. Dans cette affaire, le président Hollande aura donc fait usage à deux reprises d'un droit de grâce qu'il proposait de supprimer dix ans plus tôt, lorsqu'il était premier secrétaire du PS, jugeant alors "pas normal, dans une démocratie, que l'un d'entre nous, fût-il élu au suffrage universel, puisse disposer de la possibilité de lever une condamnation".

 

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